Ceinture Fazyste: chronique d'une ville en mouvement - Episode#26

Statuomanie

Entre 1850 et 1900, une quinzaine de monuments sont érigés dans la ceinture Fazyste. Bustes et statues ont leur lieu d’élection : place, carrefour ou jardin public. Commandés à des artistes, ils sont en bronze, matériau durable s’il en est, et rehaussés d’un socle, pour être bien en vue. Ils rendent compte d’une suprématie : hormis Helvétie et sa compagne Genève, les sujets sont des « grands hommes » suivant l’expression de l’époque. Des sur-visibilisés selon un point de vue plus actuel.

Il faut être mâle, mort et célèbre pour avoir son monument. Parmi les candidats, somme toute nombreux, qui fait le tri ? Quel casting obscur faut-il passer pour recevoir un tel hommage ? Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les autorités jouent un rôle secondaire, laissant l’initiative aux privés. Ainsi, la statue du général Dufour naît d’une souscription nationale, les bustes de Louis Favre et de Rodolphe Toepffer d’une collecte entre amis, celui de Carl Vogt de l’affection que lui portent ses anciens étudiants. Il n’est guère que James Fazy dont le buste soit, en 1882, financé par la Ville. Idem pour sa grille, commandée au motif que les « monuments de politique, et surtout de politique récente » sont particulièrement susceptibles d’être dégradés, voire déboulonnés.

Prochain épisode : Sur les toits

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