1850. Un chantier de démolition, aux abords de la porte de Rive. Ça discute au premier plan. A gauche, l’homme au chapeau qui lève un doigt, c’est James Fazy, le chef du gouvernement. Légèrement en contrebas, deux autres groupes dialoguent : une paire d’ouvriers, l’un assis, l’autre debout ; à droite, une famille (le peuple). Assurément, tous parlent de la même chose : la démolition des fortifications, les difficultés qu’elle représente, les bienfaits qu’on en attend. Au second plan, ça s’active. Pelletant, piochant, des manœuvres forment une masse indistincte. Ceux-ci n’ont plus besoin de discours ; ils sont convaincus de l’utilité publique de la tâche, aussi nécessaire à Genève qu’à la Suisse (le drapeau fédéral est là pour en témoigner). Le dire et le faire, le local et le national, l'individu et la masse : tout conspire en une scène qui, on s’en doute, n’a jamais existé.
Mais qu’est-ce qui sort de la poche de Fazy ? Un bâton de commandement ? Une cravache ? Un sabre laser ? Rien de tout cela : c’est une toise, empruntée au kit de l’arpenteur. Façon de dire que Fazy était un homme de terrain, en plus d’être un homme de tribune.
Prochain épisode : Qu’est-ce qu’un palais électoral ?