En 1853, l’ingénieur Léopold Blotnitzki dessine des plans pour un « Palais électoral ». Que désigne donc cette drôle d’appellation, évoquant l’aristocratie et son pire cauchemar, le suffrage universel ? Bref rappel : après la Révolution de 1846 les Genevois vont voter à Saint-Pierre. C’est grand mais pas assez ; à chaque élection son lot de casse, de cris, de bousculades, ce qui fait sortir le Consistoire de ses gonds. La profanation ne peut plus durer, il faut construire un bâtiment ad hoc. Le lieu ? A l’emplacement d’UNI Dufour actuel, avec un double accès pour ceux – pas celles – qui viennent de la ville d’un côté, des faubourgs et de la campagne de l’autre. L’allure ? Palatiale, parce que le peuple le vaut bien. L’intérieur ? Nu comme une halle d’exposition, permettant à 3000 personnes de voter en toute tranquillité. En réalité, pas vraiment : le berceau de la démocratie à Genève connaît des débuts difficiles, qui lui valent le surnom de « boîte à gifles ». Au fil du temps, la boîte en question a aussi été lieu de répit (internés de guerre en 1871) et d’hyperventilation collective (1er salon de l’automobile en 1905).
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