Les façades peuvent mentir, sciemment ou malgré elles. Construit en 1860, le no 3 de la rue Lévrier ressemble à un immeuble d’habitation. Il ne l’est qu’en partie, puisqu’aux premiers niveaux se trouve un grand local de réunion, appelé au XIXe siècle « salle de la Rive droite » et destiné au rayonnement de l'Église évangélique libre. Edifié deux ans plus tard, son voisin (nos 5 et 7) est à l'origine un « Théâtre de variétés ». Réalisé à l’instigation de James Fazy, peu doué en affaires, il ne fait pas long feu. Sept ans après son inauguration, la salle est transformée en immeuble locatif et surélevée de deux étages. De sa première destination publique, l'édifice garde aujourd'hui un trait distinctif : un léger avant-corps soulignant les travées centrales. Mais bien malin qui, à partir de ce seul indice, devinerait sa fonction d’origine.
Derrière deux façades contiguës, égalisées avec le temps, ont ainsi coexisté les hauts lieux du puritanisme et de la frivolité. Difficile d’imaginer des publics plus contrastés, l'un intéressé par la marche des missions et les réunions de prières, l'autre amateur d'opérettes et de numéros de saltimbanques. Il y a ainsi, tout au long de la ceinture Fazyste, des voisinages convenus et d’autres insoupçonnés.
Prochain épisode : L’ère des bijoux