Ceinture Fazyste: chronique d'une ville en mouvement - Episode#25

Le don de parcelle

Le don de parcelle est l’équivalent du don d’organe : un acte de générosité sur lequel on fonde de grandes espérances. À partir de 1850, l’État, propriétaire du terrain occupé par les anciennes fortifications, s’octroie le droit du don. Il commence en fanfare : deux parcelles en front de lac (quais du Mont-Blanc et du Général-Guisan) sont accordées gratuitement à James Fazy au titre de « don national ». Drôle d’époque que celle où le chef du gouvernement reçoit des terrains qui valent une fortune (et mandate son inspecteur des travaux publics pour bâtir sur l’un d’eux un immeuble luxueux).

Bien plus philanthropiques sont les dons ultérieurs. Entre 1850 et 1863, l’État cède des parcelles à des fondations d’utilité publique, comme celle pour le Conservatoire de musique et d’autres pour des édifices de culte. Mélomanes, catholiques, anglicans, juifs, francs-maçons et orthodoxes, tous en bénéficient. Même le donateur y gagne, car en favorisant l’éclosion d’édifices monumentaux, les pouvoirs publics sont assurés que les terrains avoisinants se vendront plus cher. Un calcul, d’ailleurs, qui ne cessera de se vérifier avec le temps. Aujourd’hui, les appartements avec vue sur l’un ou l’autre de ces édifices s’arrachent en effet à plusieurs millions.

Prochain épisode : Statuomanie

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