



Sur le podium des histoires tombées dans l’oubli, celle du sol occupe la première place. Terre à terre ? Ce serait mal la juger. Comme la maison des trois petits cochons, les voies de la ceinture Fazyste ont connu des mues décisives. Premier matériau en lice : le macadam, une invention écossaise, mélange de terre, de sable et de cailloux cassés. Les chevaux l’affectionnent, mais le public se plaint de la poussière et de la boue, d’où les passerelles pavées favorisant les traversées piétonnes. Au tournant du XXe siècle, on s’entiche d’un pavé en bois d’eucalyptus, que l’on fait venir d’Australie (peut-on imaginer circuit plus long ?). La pluie le rend glissant ; on lui préfère très vite le goudron. Quant au trottoir, il est revêtu dans un premier temps par des pavés ou du bitume, que l’on extrait des mines de Seyssel. Dès 1880, le ciment se répand en nappes, composant l’inimitable trottoir genevois. Artificiel, lisse, imperméable et inodore : le sol foulé au XXe siècle reflète l’idéal d’une modernité conquérante. Celle qui, au passage, asphyxie la terre et étouffe l’histoire.
Prochain épisode : Chalets de nécessité
Pour aller plus loin
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