Qu’est-ce que Genève, Boston, Tacna, Bordeaux, Québec, Lisbonne, Valparaiso ont en commun ? La même fontaine monumentale, commercialisée à l’échelle planétaire par la maison Barbezat et Cie (Paris). Commandée par la Municipalité en 1862, elle arrive à Genève en pièces détachées avant d’être assemblée au Jardin Anglais, une promenade que l’on vient de créer en empiétant sur le lac. La fonte, la figure, la nudité, l’eau qui jaillit et se déverse pour le seul plaisir des yeux : tout est nouveau pour les Genevois. Moyennant 17.000 frs, la ville s’est hissée au rang d’une petite métropole à travers un objet mondialement convoité.
Et les figures, qui sont-elles ? On a dit qu’elles représentaient les quatre saisons. Pas du tout, ce sont des divinités antiques : Galatée et son amant Acis, Amphitrite et son époux Poséidon. Soit, mais qui avait suffisamment de culture pour les reconnaître ? Quelques lettrés tout au plus. Pas grave : l’important est moins la référence savante que le spectacle du ruissellement perpétuel, à une époque où l’eau n’accède que laborieusement dans les cuisines des appartements.
Prochain épisode : Les invisibles
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