Dans les débats engagés au XIXe siècle sur la démolition des fortifications, la crainte des flux migratoires est manifeste. Qu’est-ce qu’une ville ouverte sinon la perspective d’une invasion débridée ? Face aux discours anxiogènes, James Fazy se veut rassurant : « c'est tout au plus trois à quatre mille habitants qui pourront se loger dans les maisons qui seront construites, et encore ce nombre ne sera-t-il pas, en entier, composé d'intrus » affirme-t-il en 1849. En réalité, la population va presque doubler en 50 ans, passant de 31238 à 59437 habitants (sur le seul territoire de Genève-Cité).
Mais qu’en est-il de la xénophobie une fois les murs abattus ? Elle rampe. En 1872, l’illustre Carl Vogt proclame dans l’enceinte du Grand Conseil : « Je prouverai qu’un tiers de Genevois se marient avec des Savoisiennes illettrées. Pensez-vous, Messieurs, qu’une immigration de femmes ignorantes, qui doivent soigner l’enfance, n’influe pas sur la population et que cela ne crée pas un état menaçant dans le pays ? ». Pour le savant toutefois, le salut n’est pas dans le rejet mais dans l’instruction ; c’est par elle que « se purifient les eaux troubles ». Nous voilà rassurés.
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