Ceinture Fazyste: chronique d'une ville en mouvement - Episode#14

Antiquomanie

Durant tout le XIXe siècle, l’Antiquité hante les esprits, et ceux des architectes en particulier. Dans les projets de bâtiments prestigieux, le modèle gréco-romain s’impose sans discussion ; et s’il est un élément dans lequel il s’incarne avec le plus d’insistance, c’est bien la colonne.

Au parc des Bastions, l’architecte Jean Franel calque les chapiteaux de l’Université sur ceux du Parthénon. A la place Neuve, c’est le temple de Vesta à Tivoli que Jacques Elisée Goss choisit comme modèle pour les colonnes du Grand Théâtre. Et pas question d’être approximatif : des artisans vont sur place mouler les chapiteaux corinthiens et mesurer les fûts, histoire de ne rien rater des subtilités du modèle antique. Comme celles des portiques de la cathédrale et du Musée Rath, les colonnes du théâtre et de l’Académie réactivent ainsi la charge hypnotique d’illustres précédents.

Au siècle suivant, les Modernes se moqueront de cette allégeance aux Anciens. Cessons d’imiter le passé et inventons l’architecture du présent ! Trop admiré, reproduit ad nauseam, le chapiteau corinthien fera les frais de cette mise à jour.

Prochain épisode : vices de construction

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