Les ambassadeurs de la biodiversité genevoise

Dans les bois, les zones humides ou même en ville, de nombreuses espèces illustrent l'extraordinaire valeur patrimoniale de la biodiversité genevoise. Impossible de les présenter toutes, mais quelques-unes d'entre elles sont de véritables ambassadrices.
Les trésors de la nature genevoise en images sur la chaîne YouTube GE-Environnement
Découvrir plus largement les ambassadeurs de la biodiversité genevoise sur la plateforme dansmaNature.ch

 


Le milan noir, messager des beaux jours jusqu'au milieu des immeubles

Le milan noir est un véritable symbole pour la nature genevoise : il connaît dans notre région ses densités les plus fortes en Europe - notre petit canton hébergeant à lui seul près d'un cinquième de la population helvétique.

Prospère aujourd'hui, il a pourtant frôlé ici aussi l'extinction au début du 19ème siècle, comme tous les rapaces victimes de nombreux préjugés.

Sa présence porte donc des messages importants dans notre relation à la nature.

  • Elle révèle que ménager un peu d'espace pour la biodiversité porte ses fruits, avec à la clé le spectacle de la nature jusqu'au milieu des immeubles.
  • Elle montre également que notre petit canton a une responsabilité dans le futur de certaines espèces qui bénéficient ici de conditions favorables.
  • Le milan noir nous relie aux enjeux plus globaux de la biodiversité au travers de ses migrations : menacés quelque part sur leur parcours, c'est partout qu'ils disparaîtront…
  • Enfin ce rapace pragmatique, qui emploie souvent des déchets pour construire son nid, nous renvoie aussi une image sans fioriture de la réalité de notre environnement.

Pour toutes ces raisons, le milan noir nous raconte à sa façon l'histoire de notre biodiversité…

Comment le reconnaître ?

Le milan noir est un rapace élancé au vol nonchalant et souvent plané. Sa silhouette sombre révèle une queue concave caractéristique. On le prend souvent pour une buse, mais celle-ci est plus trapue et bien moins fréquente en ville.
Où l'observer ?

Le milan noir apprécie tout particulièrement les bords des cours d'eau et du lac, mais il peut être observé dans toute la campagne et jusqu'au cœur de la ville.

Quel est son cycle de vie ?

C'est un migrateur au long cours qui quitte notre région au milieu de l'été. Il passe l'hiver en Afrique pour revenir au milieu du mois de mars.
Plutôt sociable, il aime chanter en émettant un long trille vibré, notamment lorsqu'il s'installe au printemps. Les couples se forment rapidement, occupant des anciens nids de corneilles. Les œufs, en général 2 ou 3,  sont pondus en avril et couvés durant 30 jours. Les jeunes sont nourris par les deux parents durant environ 6 semaines, avant de quitter le nid.

De quoi se nourrit-il ?

Ce n'est pas un grand chasseur : il préfère se nourrir de poissons morts et de déchets flottants. Il explore parfois les champs labourés et exceptionnellement capture de petites proies vivantes.

Quel est son statut à Genève ?

On estime que le canton de Genève héberge plus de 350 couples de milan noir. Cette espèce  n'est donc pas menacée.

Ce n'est pas facile car ils sont très semblables.

Comment distinguer les deux parents ?

Le mâle à une teinte plus sombre, brun-chocolat, et la peau sur son bec (qui se nomme la "cire") est plus large que chez la femelle. La couleur de la cire et celle des pattes est d'un jaune plus vif.

La femelle est plus beige et le dessus de ses ailes semble plus tacheté. C'est elle qui reste le plus souvent au nid et nourrit les poussins.

Un couple de milans noirs jour après jour

Couple de Milans noirs
Dans l'intimité du milan noir, suivez les journées de ce couple installé à Genève

Du lever au coucher du soleil, découvrez en image le quotidien d'une famille de milans noirs établie à Genève, dans un parc urbain au cœur d'un canton de 500'000 habitants !

Un suivi complet de cette famille avait été proposé en 2019 et les milans noirs ont été de retour à l'écran en 2020, pour célébrer l'adoption par Genève de son Plan Biodiversité.

Retrouvez cette aventure sur :

Le retour des parents au nid

  • Comme tous les milans noirs, ce couple de rapaces migrateurs est revenu d'Afrique durant le mois de mars.
  • Le 25 mars 2019, un premier oiseau a visité le nid, accompagné bientôt de son compagnon.
  • Pendant une semaine, les milans, mâle et femelle, ont surtout amené des branches pour consolider le nid.
  • A partir du 1er avril, ils ont commencé à amener des matériaux devant servir d'isolation : des feuilles mortes, des brindilles… et bien souvent des déchets. C'est plutôt la femelle qui assure la touche finale et déplace régulièrement cette garniture importante pour isoler la couvée.
Des animaux sauvages spectaculaires vivent juste à nos côtés.

 

Les milans noirs reviennent avec le printemps. Reconstruire le nid qui accueillera leurs œufs est leur première priorité.

 

Les milans noirs se sont établis au-dessus de la tête des promeneurs et aménagent le nid pour la ponte.

La ponte et l'éclosion

  • Le 17 avril, le premier œuf a été pondu, suivi du second le 21 avril. Dès ce moment, l'incubation a été permanente, assurée avant tout par la femelle, relayée durant ses courtes absences par le mâle. Durant ces semaines, malgré la pluie et la bise, les œufs n'ont jamais été laissés sans surveillance.
  • Le 22 mai – Journée internationale de la biodiversité – le premier poussin a quitté sa coquille !
  • C'est avant tout la mère qui donne la béquée, régulièrement approvisionnée par le mâle.
  • Le 27 mai, le second oeuf est éliminé - il n'était sans doute pas fécondé...
Le 22 mai toute la planète célèbre la biodiversité... et la biodiversité à Genève c'est aussi ça : des milans noirs ont pondu leurs deux œufs juste à côté des maisons. 

 

Chez les milans noirs, de jour comme de nuit et par tous les temps, les deux parents ont veillé sans interruption sur les oeufs. Bientôt les poussins !

 

Un poussin milan noir est né, qu'adviendra-t-il du second œuf ? Hissez-vous aux sommets des arbres et suivez les images exclusives de cette famille de rapaces emblématiques pour notre canton.

Le poussin grandit... jusqu'à son envol...

  • 31 mai : le poussin a une dizaine de jours. Il commence à être laissé seul pendant quelques temps par ses parents. C'est la période de tous les dangers car il est à la merci du passage d'un prédateur...
  • 2 juin, donnée d'un observateur : le poussin ne fait plus "tchip-tchip", mais essaye de siffler. Il a acquis la petite stridulation finale et fait comme les grands, en plus aigu.
  • Le 18 juin, le petit milan est nommé "Lux" par le public qui le suit sur GE-Environnement : de quoi mettre en lumière les enjeux de la biodiversité ! Malgré la canicule et les intempéries qui mettent à mal le matériel, le petit poussin grandit grâce à l'assiduité de ses parents.
  • Le 3 juillet : Lux commence à se nourrir seul sans les béquées de ses parents, qui continuent à le ravitailler régulièrement.
  • Le 6 juillet, Les plumes ont bien poussé et Lux passe ses nuits seul au nid.
  • Le 12 juillet : Le petit milan escalade les branches aux abords du nid. Il s'y rend de plus en plus pendant les 10 jours suivants, en déployant ses ailes pour s'entraîner avant le grand saut, en restant toujours proche du nid.
  • Le 21 juillet - donnée d'un observateur : Lux effectue un premier vol loin du nid.
  • Le 2 août : dernière observation de Lux aux alentours du nid : âgé de 72 jours, notre petit ambassadeur de la biodiversité a quitté son lieu de naissance genevois et a entamé son grand voyage qui le mènera, si tout se passe bien, au-delà du Sahara !

Lux parviendra-t-il à rejoindre l'Afrique et à revenir nicher dans nos contrées ? C'est la nature - mais aussi la place que nous voulons bien accorder à notre biodiversité - qui décidera de la suite de cette belle histoire qui a débuté devant vos yeux !

Le petit poussin de milans noirs est l'objet de toutes les attentions de ses parents.

 

Le petit milan est nommé "Lux" par le public qui le suit sur GE-Environnement, de quoi mettre en lumière les enjeux que porte notre petit ambassadeur !

 

Lux, le petit poussin des milans noirs fête son 50ème jour aujourd'hui ! Il a maintenant de vraies plumes et grandit vite.

 

Lux, le jeune milan noir, prépare son envol. Le grand départ est pour bientôt !

Un grand merci à la commune de Lancy pour son précieux appui logistique qui a permis la production de ces séquences.
Images : Etat de Genève / Réalisation : Lorraine Hauenstein / Moyens techniques : Noctilio productions.

 


Le chat sylvestre, élégant ambassadeur des corridors biologiques 

Autrefois persécuté et victime de la perte de son habitat, le chat sylvestre n'avait survécu que dans les montagnes du Jura et du Vuache. Aujourd'hui protégé, il dispose à nouveau d'espaces forestiers gérés durablement et propices à son retour.
Chat sylvestre dans une forêt genevoise – Piège photo, automne 2021
Chat sylvestre dans une forêt genevoise – Piège photo, automne 2021

Depuis le début de ce siècle, il recolonise spontanément son territoire et il est maintenant noté dans les grandes forêts de plaine du bassin genevois où des naissances de chatons sont maintenant observées. Ce magnifique succès témoigne de l'importance des corridors biologiques, ces connexions reliant les sites naturels, vitales pour la biodiversité.

Aussi inoffensif pour l'homme que discret, le chat sylvestre semblait sauvé… mais il pourrait néanmoins disparaitre par croisement avec des chats domestiques.

Attention :  trouver un chaton dans les bois ne signifie pas qu'il doive être recueilli. S'il est gris-beige et discrètement tigré, il peut s'agir d'un tout jeune Chat sylvestre et sa mère n'est probablement pas loin. A moins qu'il ne soit blessé ou en danger, laissez-le sur place et évitez de le toucher.

Fiche d'information sur le Chat sylvestre

 


Les surprises de la nature genevoise

Cistude de dos
Cistude de dos