Tigré et doté d'un regard pénétrant, l'élégant chat sylvestre partage de nombreuses caractéristiques avec son cousin qui vit de longue date à nos côtés. Cette ressemblance avec le chat domestique explique d'ailleurs la difficulté à reconnaître la présence du petit félin sauvage dans la nature, même pour les spécialistes.
Un chaton photographié à Genève
Après analyse, les clichés récoltés à Genève par les gardes de l'environnement dans le cadre de leur travail de suivi de la faune semblent aujourd'hui écarter tout doute : le chat sylvestre a retrouvé sa place dans nos forêts et, pour la première fois ce siècle, une reproduction de ce magnifique animal est attestée dans notre canton.
"Chaque jour, nous travaillons pour offrir à la population genevoise une nature accessible et diversifiée. Le retour du chat sylvestre constitue l'une de ces petites victoires qui témoigne du succès de notre action: lentement mais sûrement, grâce à une campagne vivante, notre cadre de vie s'enrichit !", a commenté à ce sujet M. Luc Barthassat, conseiller d'état chargé du département de l'environnement, des transports et de l'agriculture.
Femelle avec un chaton – Genève 2017
Une espèce indigène aujourd'hui protégée
Disparu de nos mémoires, le chat sylvestre fait pourtant traditionnellement partie de notre faune indigène. Piégé par le passé pour sa fourrure et victime de l'évolution alors défavorable de son habitat, il a disparu de nombreuses régions d'Europe et notre canton n'a pas fait exception. En 1887, six derniers chats sont encore repérés à Dardagny et à Russin; depuis, la présence du petit félin est demeurée incertaine, se limitant à des observations sans suite. L'espèce a toutefois survécu dans les contreforts sauvages du massif jurassien et c'est sans aucun doute en essaimant à partir de cette région que cet animal, désormais protégé en Suisse, a pu recoloniser spontanément son territoire perdu, en tirant parti des corridors biologiques.
Chat sauvage dans une forêt genevoise
Actuellement, à Genève, le chat sylvestre a été repéré dans les grands massifs forestiers de la rive droite ainsi que dans les forêts riveraines du Rhône. L'étude des clichés démontre la présence simultanée de plusieurs animaux différents, identifiables grâce à leurs rayures individuelles, et d'au moins une famille. Compte tenu de la grande discrétion de cette espèce, il est difficile de connaître aujourd'hui précisément le sort du chaton né ce printemps. Toutefois, grâce à la présence d'espaces boisés et campagnards de qualité, le canton de Genève réunit désormais toutes les conditions pour accueillir durablement une population de chats sylvestres sur son territoire.
Le petit tigre de nos forêts
Le chat sylvestre, ou chat sauvage, apprécie une campagne diversifiée avec des étendues boisées, mais aussi des milieux ouverts où il peut chasser ses proies de prédilection, les mulots et les campagnols. Cet animal se nourrit en effet essentiellement de petits animaux – rongeurs, oiseaux – qu'il capture avec habileté. Discret et totalement inoffensif pour l'homme, le chat sylvestre peut vivre sans difficulté à proximité des lieux habités. Sa survie dépend essentiellement de sa capacité à échapper au trafic routier, aux chiens et… aux charmes du chat domestique. En effet, très proche génétiquement de son cousin de salon, le chat sylvestre peut se croiser avec ce dernier, au risque de faire disparaître la souche sauvage.
Reconnaissable à sa queue touffue
Bien que ce magnifique animal soit difficile distinguer des chats de gouttières au pelage similaire, on peut le reconnaître à sa fourrure touffue, fauve jaunâtre et faiblement tigrée, et surtout à sa queue cylindrique et épaisse, annelée et toujours terminée par une extrémité noire et arrondie. Pour accompagner au mieux le retour du chat sylvestre à Genève, toutes les données à son sujet sont utiles : les observations, confirmées avec photo ou incertaines, peuvent être annoncées par tout un chacun sur la plateforme http://www.faunegeneve.ch.