Bienvenue aux architectes !
Même si nous étions moins en ligne que lors de notre dernier webinaire sur les fosses de Stockholm, avec 100 personnes connectées sur les 160 inscrites, nous avons eu le plaisir d'accueillir pour la première fois une majorité d'architectes (30 % des inscrit.e.s), devant les ingénieur.e.s civils (25%) et les architectes paysagistes (20 %).
Comme l'écrit si joliment Jean-Philippe Pierron dans La poétique de l'eau - Pour une nouvelle écologie, "Mais l'eau, objet des chimistes et des ingénieurs, est aussi celle des poètes. L'eau mise en nombre n'est qu'une ombre d'eau. Si elle s'analyse, se canalise, se protège ou se prie, l'eau se poétise, aussi."
Nous pourrions ajouter que l'eau est aussi l'objet des architectes et des architectes paysagistes et qu'elle se poétise au travers de leurs projets.
Objectif zéro rejet ?
Présentation introductive de Gaëtan Seguin, co-pilote de la démarche Eau en Ville à l'office cantonal de l'eau.
Si aucune mesure n'est prise, le cycle de l'eau est fortement perturbé par les projets urbains : le ruissellement augmente, l'infiltration superficielle et profonde diminue, avec des conséquences importantes sur les cours d'eau (érosion, débits d'étiages), sur la ressource en eau (baisse du niveau des nappes), sur la végétation (manque d'eau) et sur la population (inondations, ruissellement).
Vouloir construire tout en se rapprochant d'un cycle de l'eau aussi naturel que possible implique d'une part de réaliser au maximum des mesures basées sur la nature, d'autre part de faire en sorte que ces mesures permettent :
- De diminuer les volumes d'eau de pluie ruisselés : désimperméabiliser, réduire les surfaces contributives au ruissellement.
- De sortir tout ou partie des pluies du réseau de canalisations : déconnecter, infiltrer, réutiliser.
- De diminuer les débits d'eau de pluie ruisselés : stocker, allonger le parcours de l'eau, ralentir les écoulement.
Rares sont les projets qui peuvent, comme c'est le cas des deux projets du présent webinaire, remplir l'objectif ambitieux de ne plus avoir aucun rejet direct d'eaux pluviales au réseau de canalisations.
En revanche, tous les projets peuvent contribuer, de manière simple et peu coûteuse, à une diminution importante des rejets.
Cela implique une anticipation, la fixation d'objectifs clairs et une excellente coordination tout le long de la vie du projet.
Immeuble de 77 logements et son parc à Thônex
Présentation de Marine Girault, architecte au sein du bureau Urbanité(s)
Les ambitions de ce projet en matière de gestion des eaux pluviales sont en partie nées de l'absence de collecteur à proximité, ainsi qu'aux objectifs paysagers du grand parc dont bénéficie cet immeuble.
Les capacités d'infiltration étant localement très bonnes, l'intégralité des eaux pluviales sont infiltrées sur site, dans de grandes noues paysagères, sans surverse au réseau de canalisations.
Cet immeuble étant déjà réalisé, il permet un intéressant retour d'expériences, notamment au sujet de la nécessaire adaptation, en cours de chantier, liée aux contraintes du projet (dans ce cas l'emprise des sous-sol), de l'importance de la coordination entre les différents acteurs et du besoin d'anticiper l'impact des ouvrages d'infiltration sur le projet paysager.
Quartier intergénérationnel d'habitations et aménagements extérieurs à Avusy
Présentation de Raphaël Niogret, architecte au sein du bureau apaar
Les objectifs de ce projet en matière de gestion des eaux pluviales sont extrêmement ambitieux et affichés dès le début des études : l'eau de pluie doit être valorisée comme ressource, ramenée à la terre et améliorer le paysage et la biodiversité.
De plus, un minimum de tuyau doit être construit et les rejets au réseau d'eaux pluviales doivent uniquement avoir lieu par surverse (idée et défi du zéro rejet).
Pour y parvenir, une importante réflexion a eu lieu sur les chemins de l'eau, sur la mise en scène de l'eau, sur la notion de micro-bassin versant hydrologique, sur les besoins en eau et sur la pleine terre.
Dans ce projet, qui n'est pas encore réalisé, nous retrouvons quasiment tous les éléments constitutifs d'un bon projet Eau en Ville.
Eléments de réflexion
Présentation de Gaëtan Seguin, co-pilote de la démarche Eau en Ville à l'office cantonal de l'eau.
Lorsque l'on conçoit un projet, il est important de garder à l'esprit un certain nombre d'idées simples et d'ordres de grandeur au sujet des eaux pluviales :
- La plupart du temps, il ne pleut pas. Sur une année, seules 34% des journées sont pluvieuses.
- Les cumuls de pluie journaliers sont majoritairement faibles à très faibles, inférieurs à 8 ou 10 millimètres.
- Même si les capacités d'infiltration du sol sont jugées mauvaises elle permettent, si on lui laisse un peu de temps, et un minimum d'espace, à la pluie de s'infiltrer.
- En déconnectant du réseau les petites pluies, on fait déjà énormément de bien au cycle de l'eau. Par exemple, en déconnectant les 8 premiers millimètres de chaque pluie, c'est 70% de la pluie annuelle qui retourne à la terre.
Chaque mètre carré déconnecté compte !
Documentation
Prochains rendez-vous de partage d'expériences Eau en Ville
- Jeudi 30 mars 2023 de 8h15 à 10h15 : visite de l'écoquartier des Vergers à Meyrin.
- Jeudi 11 mai 2023 de 14h à 16h : webinaire n° 4.
- Des activités durant l'été 2023.
- Une journée Eau en Ville au mois de septembre 2023.
L'équipe Eau en Ville tient à adresser un grand merci :
- Aux intervenant.e.s pour la qualité de leurs présentations
- A toutes et tous les participant.e.s pour leur écoute attentive et leur participation active
A tout bientôt !