Chatons sauvages recueillis par erreur: trois chats sylvestres rendus à la nature genevoise avec succès

C’est une des belles histoires de la nature genevoise de cette année: grâce à une opération de sauvetage inédite, trois jeunes chats sylvestres en pleine santé ont pu retrouver la vie sauvage qu’ils n’auraient jamais dû quitter. Les choses avaient pourtant mal commencé pour ces félins menacés. Pris pour des animaux domestiques, les chatons encore petits avaient été amenés par des particuliers à un centre de soins en début d’année. Rapidement reconnus comme des représentants de la faune sauvage, ils ont pu être efficacement pris en charge par le Centre de réadaptation des rapaces et de la faune sauvage (CRR). Après un lâcher sur les chapeaux de roues cet automne dans une forêt locale, tout indique que cette opération activement supervisée par les gardes de l’environnement est un succès: les trois chats sylvestres désormais presque adultes ont retrouvé la nature et pourront renforcer les effectifs d’une espèce sauvage locale très vulnérable.

Pensant bien faire, deux promeneurs s’étaient laissé attendrir en mai dernier par les trois boules de poils croisées dans les bois au-dessus du barrage de Verbois. Il est vrai, les jeunes chats sylvestres, une espèce sauvage indigène, ressemblent à s’y méprendre à des chatons domestiques. Les petits félins, deux femelles et un mâle, ont été apportés à la SPA genevoise, qui a eu immédiatement le bon réflexe, permettant leur signalement auprès des gardes de l’environnement. Ces derniers ont ainsi pu organiser une opération de sauvetage de longue haleine pour maximiser les chances de retour à la nature de ces animaux appartenant à la faune genevoise. 

Des soins sur mesure pour préserver un retour à la liberté

C’est le Centre de réadaptation des rapaces et de la faune sauvage (CRR) qui a efficacement assuré cette mission délicate, en veillant à maintenir une distance avec les humains ou les chats domestiques susceptible de transmettre des maladies. Déjà suffisamment grands pour ne pas dépendre d’une alimentation au biberon, les trois chatons ont été nourris avec des rongeurs pour conserver un régime proche de celui que leur aurait fourni leur mère. Ils ont ainsi pu grandir et apprendre à chasser dans de bonnes conditions, installés dans une volière végétalisée offrant des cachettes naturelles. Afin de limiter au maximum les perturbations, leur suivi a été assuré par des caméras détectrices de mouvement, qui ont aussi permis d’enregistrer des images d’intimité rares pour cette espèce.

Une première pour Genève

Grâce à ces précautions et au professionnalisme des soigneurs, les petits félins ont pu se développer en préservant leur comportement sauvage. A l’automne, toutes les conditions étaient réunies pour relâcher les trois jeunes chats sylvestres genevois, dont l’identité a aussi été confirmée par une analyse ADN. Un site naturel parfaitement adapté, déjà fréquenté par cette espèce et non loin de leur point de trouvaille, a été retenu sur la rive droite du canton. L’opération a eu lieu lorsqu’en temps normal les jeunes animaux s’émancipent de leur mère. Leur lâcher, en petit comité pour limiter autant que possible le stress des animaux demeurés très farouches, s’est parfaitement déroulé et constitue une première à Genève. Aujourd’hui, tout indique que cette opération activement supervisée par les gardes de l’environnement est un succès: les trois chats sylvestres désormais indépendants ont retrouvé une vie libre dans la nature et pourront ainsi durablement renforcer les effectifs d’une espèce sauvage locale très menacée.

Les trois chatons sauvages après un mois de soins.

Image: Centre de réadaptation des rapaces et de la faune sauvage (CRR)


Le chat sylvestre, protégé et pourtant menacé

Le chat sylvestre (Felis sylvestris) est un animal indigène dans notre région. C'est un cousin de nos matous domestiques issus d'une espèce africaine voisine. Autrefois persécuté et victime de la perte de son habitat, le chat sylvestre n'avait survécu localement que dans les reliefs du Jura. Depuis le début de ce siècle, il recolonise spontanément les massifs de plaine genevoise. Aussi inoffensif que discret, ce chasseur de mulots et de campagnols est un auxiliaire zélé de l’agriculture. Protégé et tirant parti de forêts gérées durablement, le chat sylvestre pourrait néanmoins disparaître par croisement avec des chats domestiques. Le futur à Genève de cet animal menacé dépend donc aussi de nos bons comportements:

  • autant que possible, stériliser son chat lorsque l'on vit à la campagne et, dans tous les cas, limiter ses sorties à proximité des forêts
  • ne jamais abandonner son chat, et encore moins dans la nature. Lorsqu'il n'y a pas d'autres solution, il peut être amené à la SPA
  • un chaton gris-beige et tigré trouvé en plein air peut être un tout jeune chat sylvestre. A moins qu'il ne soit blessé ou en danger immédiat, le laisser sur place et éviter de le toucher.

 

Pour tout complément d'information: M. Yves Bourguignon, chef du secteur des gardes de l’environnement, office cantonal de l’agriculture et de la nature (OCAN), DT,  yves.bourguignon@etat.ge.ch, T. 022 388 55 38.