Dénommer une rue

3. Histoire des noms de rues

Plan historique de la place de la porte neuve

 
Historique de la dénomination des rues et des adresses du canton de Genève

Les enseignes qui désignaient établissements ou caractéristiques particulière d'immeubles furent les précurseurs de nos numéros de rues actuels.

L'enseigne, soit de l'hôtellerie, soit d'un autre négoce, servait de repère indicatif pour localiser une foule d'immeubles. Ainsi les ornements, les couleurs des maisons, certaines sculptures ornant les maisons, les inscriptions commémoratives ou le nom des propriétaires permettaient de se repérer dans la ville.

Les rues de la Croix-d'Or, du Soleil-Levant et la place des Trois-Perdrix tirent leur nom de ces anciennes enseignes. Cependant, ces anciennes désignations restaient approximatives et on trouva nécessaire l'inventorier chaque maison de manière particulière.

C'est en date du 17 septembre 1782 que les Registres mentionnent la première numérotation des immeubles de Genève à la demande de M. de Jaucourt, plénipotentiaire français envoyé par Paris avec des troupes pour calmer les troubles de la République.

"Le Magnifique Conseil, vu le désir de M.de Jaucourt, arrête de faire numéroter les maisons de la ville".

Cet arrêté fut immédiatement mis à exécution et la ville fut divisée en quatre quartiers qui eurent chacun une numérotation spéciale. Le quartier de la Maison-de-Ville donna 271 numéros, celui du Bourg-de Four 292, celui des Rues-Basses 187 et celui de Saint-Gervais 252. En tout 1002 numéros représentant autant d'immeubles distincts, ce qui fait de ce dénombrement un véritable cadastre et non simplement un inventaire fiscal.

Les habitants se sont opposés très rapidement à ce numérotage et ont effacé bien des numéros malgré différentes ordonnances de police avant que la population s'habitue à ce système.

Marco Cicchini, dans "La police de la République : l'ordre public à Genève au XVIIIe siècle" développe le thème du numérotage des maisons :

"le numérotage des maisons apparaît en Europe à partir du siècle des Lumières comme un outil administratif et inédit. [...] En rompant avec la connaissance intime du territoire urbain, avec les repères de voisinage et l'interconnaissance des habitants, le numérotage instaure de nouvelles catégories administratives de perception de l'espace dans les villes de l'Ancien Régime."

"La mesure [du numérotage des maisons] est exigée en septembre 1782 par Charles Léopold de Jaucourt, maréchal de camp qui commande les régiments français entrés en ville quelques semaines plus tôt [...]. Imposé par un officier français pour des raisons militaires, le numérotage des maisons complète des formes existantes de contrôle numérique, sans pourtant que la magistrature de police ne participe ni à la décision ni à l'application."

"L'ordre suivi correspond à la logique de la numérotation continue et par quartier [...]. Débutant à l'une des extrémités du quartier, les numéros sont alignés les uns après les autres, en épousant la topographie urbaine et en suivant les contours des rues, jusqu'à revenir au point de départ : le dernier numéro du quartier fait face au premier."

Presses universitaires de Rennes, 2012

En 1860 la numérotation des maisons a été entièrement modifiée en même temps que certains noms de rues, comme par exemple:

  • La rue des Chanoines 109 devient la rue Calvin 2
  • La rue des Belles-Filles 39 devient la rue Etienne-Dumont 16

Un document de concordance des rues a été établi et un plan de Genève comportant la double numérotation est publié en 1862.

Avec la collaboration de interroGE :

Sources BGE :

  • Victor Salamin dans son article "Les enseignes" publié sur le site de l'Ecomusée de Saint-Gervais.
  • "Les enseignes d’auberges" par Willy Aeschlimann paru en 1956 dans l'"Almanach du Vieux Genève".
  • Marco Cicchini a également publié l'article "Numéroter les maisons pour pouvoir localiser et identifier les personnes" dans le quotidien "Le Courrier" du 19 mai 2009.

 

Historique de la révision des noms de rue de Genève

1782
C'est en date du 17 septembre 1782 que les Registres mentionnent la première numérotation des immeubles de Genève à la demande de M. de Jaucourt, plénipotentiaire français envoyé par Paris avec des troupes pour calmer les troubles de la République.

1837
Le règlement général de Police du 1 Mars 1837, art 73, déclare: Les propriétaires sont tenus de faire inscrire les numéros d'ordre sur la façade de leur maison, en se conformant aux directions qui leur seront données par l'autorité compétente.

1860
Premier? règlement sur le numérotage municipal des maisons de la commune de Genève (23 octobre 1860).

En 1860 la numérotation des maisons a été modifiée en même temps que certains noms de rues, comme par exemple:

  • La rue des Chanoines 109 devient la rue Calvin 2
  • La rue des Belles-Filles 39 devient la rue Etienne-Dumont 16

Un document de concordance des rues a été établi et un plan de Genève comportant la double numérotation est publié en 1862.

1927
Conseil fédéral impose des arrêtés concernant les noms des lieux, des communes et des gares pour la rédaction des nouvelles cartes nationales.

1930
Création de la première commission cantonale de nomenclature.
Composition: un ingénieur géomètre adjudicataire, le directeur du cadastre, l’archiviste d’Etat, un archéologue et deux professeurs linguistiques

1931
Nouveau règlement sur la désignation des artères et la numérotation des bâtiments (9 octobre 1931)

1931-1953
Détermination des noms locaux et des lieux-dits dans le but de réaliser le plan d’ensemble au 1:2’500 de Genève.

  • Références: cadastre français, cartes Dufour, cartes Siegfried et propositions des communes.
  • Création d’un registre des noms locaux
  • Création de plans calque décrivant l’étendue des noms locaux 

1968
Nouveau règlement sur la désignation des artères et la numérotation des bâtiments du 2 avril 1968

1970
Arrêté du Conseil fédéral du 30 décembre 1970, art 3, définissant les obligations des cantons en matière de détermination et d’orthographe des noms des lieux.

1972-1973
Les travaux pour la réalisation d’un « FOG », fichier d’organisation géographique, mettent en évidence un défaut d’organisation de l’activité de désignation des artères et la numérotation des bâtiments.

  • La commission cantonale de nomenclature est réactivée pour réviser les dénominations des artères du canton, pour proposer ou faire officialiser de nouvelles dénominations et pour établir les règles orthographiques.

1975
Le 19 février 1975, le nouveau règlement sur la désignation des artères et la numérotation des bâtiments introduit les règles orthographiques pour les noms d'artères.

  • En référence aux documents suivants:
    • Guide du typographe romand
    • Dictionnaire des difficultés de la langue française (Larousse 1968)
    • Guide pour l'élaboration des textes émanant du Conseil d'Etat et du Grand Conseil (1973-Chancellerie d'Etat).

Ainsi, dans l'article 3 alinéa 4, introduction des règles orthographiques:

La composition des noms d'artères doit respecter les règles suivantes:

  • Les mots d'un nom composé sont obligatoirement liés par un trait d'union, 
    • Ex. chemin de la Vieille-Bâtie, 
    • rue de I'Hôtel-de-Ville;
  • La première lettre de chaque mot, à l'exception des articles, s'écrit en majuscules; les autres s'écrivent en minuscules.
    • Ex. route du Pont-de-la-Fin, 
  • Toutefois, les noms de familles s'écrivent entièrement en majuscules ainsi que la première lettre d'une particule nobiliaire.
    • Ex. Pierre-GAUTIER, De-GALLATIN
  • Les abréviations suivantes sont autorisées:
    • Avenue        = Av.
    • Boulevard    = Bd
    • Chemin        = Ch.
    • Place        = Pl.
    • Impasse    = Imp.

1977 à 1982
Révision des noms de voies des 44 communes du canton (ville mise à part)

  • Production d'un plan schématique des voies par commune.
  • Production d'un ACE de révision pour chaque commune.

1982 à 1986
Début de la révision des dénominations des artères de la Ville de Genève

  • Découpe de la ville en 16 secteurs qui feront l'objet d'un rapport séparé et, après accord de la ville, d'un arrêté.
  • M. Steimer (service cantonal de la statistique) est en charge de ce dossier pour le Canton et M. Choffat pour la Ville de Genève.
  • Mai 1984, révision terminée, documents remis à la Ville.
  • 1986, décès de M. Steimer
  • M. Frédéric Lutz, retraités du cadastre, reprend ce travail.
  • Il produira 6 rapports d’activités
  • Document de M. Lutz évoquant les principes et méthodes du travail à effectuer.
  • Commentaires de M. Lutz relatifs à la révision
    • Il mentionne au paragraphe emploi des prépositions:  « place de Neuve (cf. « Porte de Neuve ») »

1988
Approbation du Conseil administratif de la Ville (avril-mai 1988)

  • 6 juillet 1988, Arrêté du Conseil d'Etat validant la révision.
  • Avis d’explication dans la FAO produit par la Ville de Genève

1994
Contrôle systématique des adresses et de la présence des plaques de numérotations sur le terrain et mise à jour du plan des adresses.

2008
Introduction de l'Ordonnance sur les noms géographiques (ONGéo)

  • Art. 1 But - Les noms géographiques doivent être utilisés uniformément dans les relations officielles, ainsi que dans tous les supports d'information officiels.
  • Art. 2 Objet - La présente ordonnance fixe la compétence, la procédure et la prise en charge des frais en matière de relevé, de détermination, de mise à jour et de gestion des noms géographiques.

2009
Nouveau règlement cantonal sur les noms géographiques et la numérotation des bâtiments

2020
Dernière révision du règlement L 1 10.06 sur les noms géographiques et l'adressage des bâtiments et création des directives genevoises sur les noms géographiques et des directives genevoises sur l'adressage des bâtiments.
 

Pour toute information complémentaire
Vincent  Galley
ingénieur en géomatique
Tél: +41 22 546 72 11
E-mail: vincent.galley@etat.ge.ch
Dernière mise à jour
18 avril 2024

Cette page vous a-t-elle aidé ?