Un drôle de gobelet
Ce récipient en verre, élégant autant qu'étrange (puisqu’il ne peut tenir en position verticale), a été découvert, brisé en une trentaine de fragments, dans les soubassements de l’église funéraire de Saint-Gervais, qui fut édifiée dans le courant du Ve siècle sur la rive droite du Rhône. Les verres de ce type sont appelés « gobelets campaniformes à bouton terminal » par les archéologues.
En usage entre la fin du Ve et la seconde moitié du VIe siècle, ils sont relativement courants dans l’est de la France, mais ne sont que rarement mis au jour dans notre région. Leur fonction n'est pas clairement établie. Étaient-ils faits pour être installés sur des supports ou posés à l’envers une fois vidés de leur contenu ? Il pourrait également s’agir de lampes à huile, si l’on restitue un cerclage ayant permis de les suspendre. Notre objet a peut-être servi d’offrande funéraire, comme c’est le cas dans la nécropole de Riaz/Tronche Bélon (Fribourg), mais il a aussi pu être utilisé comme récipient pour la liturgie, ou encore comme luminaire.
Dans l’église de Saint-Gervais, cette pièce remarquable atteste en tout cas une activité importante au VIe siècle, puisqu’elle a été retrouvée dans le même contexte qu’une cinquantaine d’autres fragments de verre contemporains.
Nous remercions Chantal Martin Pruvot, qui a étudié le mobilier en verre du temple de Saint-Gervais, pour ces précieuses informations. Photographie : Yves André, MCAH Lausanne.