2020, l'année du PAV

Antonio Hodgers
Antonio Hodgers
2020 verra le début des travaux aux Vernets et d'autres avancées. Point de situation avec Antonio Hodgers, conseiller d'Etat chargé du département du territoire.

Alors que Pont-Rouge revêt déjà sa nouvelle identité de quartier et de gare du réseau Léman Express, 2020 verra le début des travaux aux Vernets et d'autres avancées de cette première phase de construction du PAV. Point de situation avec Antonio Hodgers, Conseiller d'Etat chargé du département du territoire.

Antonio Hodgers, quelles sont les grandes étapes de cette année PAV 2020?

Cette année sera en effet d'abord marquée par la démolition de la caserne et la délivrance des  autorisations de construire du quartier des Vernets qui accueillera par la suite 1'500 nouveaux logements. Ce sera aussi le début du travail de la Fondation Praille Acacias Vernets, l'opérateur qui lancera la dynamique foncière du projet et pourra répondre aux questions des entreprises, par exemple concernant le rachat de leurs droits de superficie et d'autres questions financières.

Nous concrétiserons en outre d'autres plans localisés de quartier, notamment aux Acacias, avec un soin particulier pour le patrimoine bâti existant. Et nous prendrons des options importantes pour le futur grand parc, le secteur logistique du PAV et la remise à ciel ouvert des rivières.

Le PAV est un tout, mais il sera en effet composé de plusieurs quartiers et projets bien différents. 

Les autorisations de construire pour le quartier des Vernets vont être délivrées prochainement: comment est-ce que ce que le projet a évolué depuis les concours d'architecture?

Depuis une année, nous avons mis en place une "task force qualité" avec le groupe Ensemble, investisseur du projet. Vu qu'il s'agit du premier projet du PAV, avec une densité et des gabarits importants, nous avons voulu affiner ensemble le projet initial avec un soin particulier pour les espaces publics – qui seront libres de voitures et de parkings en surface – pour les plantations d'arbres et espaces verts, ou encore en ce qui concerne l'occupation des rez-de-chaussée ou la qualité des façades.

Nous voulions aussi permettre aux habitants des îlots d'accéder au toit afin de bénéficier pleinement des vues incroyables dont disposera ce quartier sur la ville et le grand paysage entre Salève et Jura. Comme partout, la qualité urbaine n'est pas une question de forme et de densité, mais bien plus du soin apporté à tous ces éléments.

Ensuite, nous travaillerons avec la Ville de Genève pour libérer les quais de l'Arve du trafic et pour créer un nouvel espace public arborisé sur l'actuel parking devant la piscine et la patinoire des Vernets. 

On a souvent parlé du PAV comme opportunité pour le logement: quels autres engagements attendez-vous des nouveaux quartiers du PAV?

Un quartier ne se résume jamais simplement à du logement. A Zürich, un récent quartier de coopératives se nomme "mehr als wohnen" (plus qu'habiter), ça montre bien qu'aujourd'hui il faut faire plus que de la quantité, même si les besoins en logements restent importants à Genève.

Concrètement, les futurs quartiers du PAV combineront des espaces publics ou semi-publics autour des immeubles avec des lieux de rencontre, des espaces verts ainsi que des infrastructures et équipements publics qui feront ensemble la réussite de ces quartiers.

D'autres engagements concernent les qualités écologiques et énergétiques des quartiers et bâtiments: il faut que le PAV soit la ville de demain dans toutes ses dimensions! 

On parle beaucoup des arbres et des espaces verts en ville, comment est-ce que le PAV répondra à ces attentes des Genevoises et Genevois?

D'abord n'oublions pas que malgré la présence d'arbres à certains endroits, le PAV est actuellement surtout une zone industrielle largement bétonnée!

Nous avons donc une formidable opportunité d'améliorer cette situation en créant des quartiers qui intègrent dès le début nos engagements en termes de nature en ville, d'espaces verts ou de renaturation de cours d'eau.

Plusieurs projets sont déjà connus: par exemple le grand parc au centre du PAV près de l'Etoile, le parc linéaire qui remplacera le parking de la rue Boissonnas, l'ouverture et le réaménagement de la Pointe Nord en lien avec l'Arve, une série de plus petits parcs à l'intérieur des îlots d'immeubles ou encore la mise à ciel ouvert de tronçons de la Drize et de l'Aire qui traverseront tout le PAV.

Pour moi le PAV sera donc un mélange d'urbanité, parfois de verticalité assumée, mais aussi d'espaces naturels de délassement et de respiration en ville. C'est justement cette complémentarité qui fera le caractère et la qualité de vie du PAV! 

Le Conseil d'Etat vient de nommer le conseil de la Fondation Praille Acacias Vernets: quelles seront les priorités de la fondation?

Cela fait des années qu'on attend cette Fondation PAV, et je me réjouis donc tout particulièrement de la voir commencer son travail cette année sous la présidence de Robert Cramer! Dans un premier temps, elle va prendre possession des terrains du PAV appartenant à l'Etat, ce qui représente une valeur d'environ 450 millions de francs. Ce sera donc un acteur de poids.

La Fondation PAV, c'est le rouage qui manquait pour concrétiser le PAV. Trop longtemps, on travaillait uniquement sur de la planification, sans disposer de l'opérateur foncier capable de lancer de manière concrète la transformation du secteur en tenant compte des réalités des occupants actuels des terrains.

A partir de là, la Fondation va lancer les opérations foncières en lien avec les projets urbains. Pour ceci, elle travaillera main dans la main avec la Direction PAV, qui continuera le travail de planification et d'aménagement des quartiers, et avec la Fondation pour les terrains industriels de Genève qui accompagne les entreprises qui se relogent en dehors du PAV.

Le PAV n'est en effet pas une friche industrielle, mais un secteur vivant de l'industrie et de l'économie genevoises! Il s'agira de déplacer ces entreprises sans mettre en danger leurs activités. 

Cette année, le Festival Antigel s'est installé à la caserne des Vernets avec le soutien de l'Etat: est-ce un signal pour la culture dans le PAV?

C'est en effet un vieux rêve qui se réalise! Car en développant le PAV on crée des friches temporaires qui sont idéales pour accueillir des acteurs culturels entre le départ des anciens occupants et le début des nouveaux chantiers.

Je suis donc très heureux qu'Antigel ait installé le "Grand Central" à la caserne des Vernets, d'autant plus que ce n'est pas la première fois que ce festival réunit les gens "là où ça va se passer", dans le PAV et ailleurs…

Au-delà de ces créations temporaires, la vision de la culture dans le PAV futur est déjà bien tracée, que ce soit à la Pointe Nord ou à l'Etoile PAV, comme nous l'avons récemment présentée avec mon collègue Thierry Apothéloz, Conseiller d'Etat chargé du DCS, et les Villes de Genève, Carouge et Lancy.

C'est un autre exemple qui montre que le PAV est un projet passionnant pour tous les acteurs de la ville! 

Plusieurs projets urbains ont été rejetés lors de récentes votations: quelles conséquences pour le PAV?

Le PAV a toujours été pensé comme une chance majeure de construire la ville dans la ville, sans toucher aux zones agricoles ou de villas. Donc plus que jamais, le PAV se profile comme opportunité emblématique, notamment pour répondre à la pénurie de logements à Genève. C'est pourquoi le PAV a bénéficié d'un consensus politique unanime lorsqu'il a été adopté: il est important de s'en souvenir au moment où il se concrétise enfin!