Qui sont les jeunes placés en foyer ou en famille d’accueil ?

Type de publication
Date de publication
5 mai 2023
Une récente étude du SRED dresse pour la première fois une cartographie des placements à Genève et s’interroge sur la scolarité de plus de 2 000 jeunes ayant fait l’objet d’une ou plusieurs mesures de placements entre 2010 et 2019. Cette étude donne également la parole à une vingtaine de ces jeunes pour saisir de manière plus fine leur vécu du placement et de leur scolarité.

L’analyse des données scolaires montre que ces jeunes connaissent des parcours majoritairement non linéaires et émaillés de difficultés. Près de deux-tiers d’entre eux ont connu un ou plusieurs « accrocs », tels qu’un redoublement, le passage par le spécialisé ou par une structure pré-qualifiante au secondaire II. A titre de comparaison, sur la même période, seuls 24% de la population scolaire totale avaient été confrontés à de telles difficultés. 

illustration / shutterstockLes entretiens menés avec les jeunes suggèrent que leurs difficultés scolaires commencent la plupart du temps avant le placement et sont souvent liées à des problématiques familiales complexes (maltraitances, décès des parents, conflits familiaux, parents inaptes à s’occuper d’elles ou d'eux).

Les jeunes placés sont souvent issus de milieux sociaux défavorisés et de la migration. De par leurs caractéristiques, ces jeunes ont un profil qui se rapproche de celui des élèves à risque de décrochage.  

Du point de vue des placements, près de 8 jeunes sur 10 sont accueillis en foyer, notamment en raison du manque de places disponibles en famille d’accueil vers lesquelles seuls 20% d'entre eux sont orientés. 43% des jeunes sont placés pour la première fois entre 12 et 15 ans, une période charnière tant du point de vue du développement que du parcours scolaire. 

Au secondaire II, l’orientation des jeunes placés diffère du reste de la population scolaire. On les retrouve plus souvent dans les filières professionnelles - en particulier duales (45% vs. 25% dans la population totale) - que dans les filières généralistes. Ceci résulte probablement de plusieurs facteurs combinés, des résultats scolaires moins performants, mais aussi de la nécessité d’acquérir une autonomie financière rapidement avant la fin du placement à 18 ans. 

Les récits des jeunes donnent également à voir des expériences variées du placement, entre soulagement, colère ou résignation. L’importance de leur implication dans la procédure de décision de placement se révèle essentielle. Quelques jeunes déclarent souffrir du regard stigmatisant de la société et préfèrent taire cette partie de leur vie. La fin du placement constitue néanmoins une source d’inquiétude importante : aux préoccupations scolaires et professionnelles s’ajoutent entre autres souvent des questions de logement et d’autonomie financière. 

Les jeunes suggèrent plusieurs pistes d’améliorations, notamment en termes d’orientation scolaire, de prévention et de prise en charge du harcèlement, ainsi que dans l'accompagnement dans la transition à la majorité. Au final, leur souhait principal est que leur parole soit davantage écoutée et prise en compte. Cela vaut tant pour la sphère de la protection de l’enfance concernant leur placement que pour leur scolarité lorsqu’il s’agit de les accompagner et les soutenir dans leurs difficultés. 

Lire l'étude complète du SRED 



bandeau d'illustration des Echos du DIP

Lettre interne d'informations départementales -
article de l'édition du 9 mai 2023

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Date de publication
5 mai 2023