Interventions 1. Rénovation d'un immeuble ancien | 2. Refreshing unit, ou comment utiliser la pluie pour rafraîchir la ville
L'eau potable et le bâtiment à Genève - introduction
Selon une étude du bureau CSD Ingénieurs mandatée par SIG éco 21 et l'office cantonal de l'eau, basée sur l'analyse de plus de 55 000 compteurs d'eau (année 2022),
51% | Habitat collectif |
18% | Bureaux |
15% | Habitat individuel |
4% | Commerce |
12% | Artisanat (8%), agriculture (3%), usages diverses (1%) |
Tous usages confondus, la consommation moyenne d'eau potable par habitant est de 305 litres par jour.
Dans l'habitat collectif par exemple, la consommation moyenne est de:
- 149 litres par habitant et par jour (l/hab/j)
l'essentiel étant consommé dans:
- les WC (40 litres),
- les éviers et lavabos (38 litres)
- les douches et bains (28 litres).
Les cibles raisonnables moyennes de consommation en eau potable dans l'habitat collectif sont estimées à Genève:
- entre 90 et 110 l/hab/j pour l'habitat existant
- entre 60 et 75 l/hab/j pour l'habitat neuf (au lieu de 149 l/hab/j).
Des économies d'utilisation de l'eau se font sans perte de confort ou presque.
A l'échelle cantonale, le potentiel d'économie d'eau potable, tous usages confondus, est estimé à 15 millions de m3 par année à l'horizon 2040, sur un total distribué de 60 millions de m3.
Ce potentiel d'économies est considérable et passe par différentes solutions.
Des améliorations techniques possibles
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Le stockage et la réutilisation d'eau de pluie pour les WC, l'arrosage des espaces verts ou le nettoyage des locaux. |
La valorisation des eaux grises (éviers, lavabos, douche, bain) pour les WC. |
Présentation introductive de Frédéric Bachmann, responsable de l'unité territoire et stratégie et pilote de la démarche Eau en ville à l'office cantonal de l'eau.
Partage d'expérience
1. Rénovation d'un immeuble ancien
La régie Pilet & Renaud a récemment rénové un immeuble datant de 1910, situé au 87 rue de Carouge, avec de grandes ambitions du point de vue du recyclage des matériaux, de leur circularité et de la diminution des émissions de CO2.
En cours de réflexion s'est ajoutée la question de l'économie de la ressource en eau et de la valorisation des eaux pluviales.
Valorisation des eaux pluviales
L'ancienne citerne à mazout, d'une contenance de 7 000 litres, a été transformée en cuve de récupération des eaux pluviales (schéma ci-dessous), récoltant les pluies tombant sur l'un des deux pans de la toiture, soit une surface de collecte d'environ 140 m2. Compte tenu de la pluviométrie annuelle moyenne genevoise de 900 mm, soit 900 litres par m2 et par année, et tenant compte d'une perte estimée à 10%,
Avant la rénovation, les pluies finissaient dans un collecteur unitaire, c'est à dire qu'elles étaient mélangées avec des eaux usées et acheminées à la station d'épuration d'Aïre.
Schéma de principe du système de récupération des eaux pluviales
Economie de la ressource en eau
Pour réduire la consommation, des mesures extrêmement simples, mais efficaces, ont été mises en place au niveau des salles d'eau grâce:
- au remplacement de 26 baignoires par 26 douches, soit une division d'eau utilisée pour cet usage de 3 à 5.
- au réglage des réservoirs de chasse des WC de 6 litres d'eau par chasse à 3 litres, soit une économie d'environ 20 litres d'eau par personne et par jour, c'est à dire plus de 7000 litres par personne et par année.
Présentation de Arnaud Pasche, architecte à la régie Pilet & Renaud SA.
2. Refreshing unit, ou comment utiliser la pluie pour rafraîchir la ville
L'eau a des propriétés extraordinaires, dont celle de nécessiter une grande quantité d'énergie pour s'évaporer, c'est à dire de passer de l'état liquide à l'état gazeux.
Cela correspond à l'énergie consommée par un ordinateur portable pendant 14 heures, ou 50 minutes de fonctionnement d'un four à micro-ondes de 800 W!
Technique utilisée: l'évapo-transpiration
Cette énergie est aussi appelé chaleur latente. Dans ce processus, l'eau prend donc cette chaleur latente à l'environnement où elle se trouve, pour s'évaporer. Par conséquent, l'environnement perd une part de son énergie ou chaleur latente et se rafraîchit. C'est cette formidable capacité qui est mise à profit pour abaisser notre température corporelle par le biais de la transpiration ou celle de la surface d'une feuille par le biais de l'évapo-transpiration.
Le projet
Le projet refreshing unit utilise cette même capacité pour rafraîchir une surface de brique ou un matériau aux propriétés similaires lorsque de l'eau s'en évapore.
Cette solution a dans un premier temps été développée pour des bancs urbains, installés dans l'espace public, qui ont bénéficié d'un soutien de l'office cantonal de l'eau deux années de suite. Le principe est très simple. L'eau de pluie est stockée dans un petit réservoir situé sous le banc, lui-même alimenté par la pluie tombant sur la toile de protection.
En période de fortes chaleurs, l'eau est pompée, à l'énergie solaire, et ruisselée, goutte à goutte, sur une surface de briques qui se rafraîchit lorsque l'eau s'en évapore, diminuant localement la température pour les usagères et usagers du banc.
Explication de Malcolm Onifade dans l'émission Forum de la RTS du 8 mars 2024.
Présentation de Malcolm Onifade, architecte au laboratoire ALICE de l'Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne et fondateur de refreshing unit.
Documentations
L'équipe Eau en ville tient à adresser un grand merci:
- aux intervenants pour la qualité de leurs présentations
- à toutes et tous les participantes et participants pour leur écoute attentive et leur implication
À tout bientôt !