
Du 17 au 21 septembre prochain, les meilleures apprenties et apprentis suisses s’affronteront dans près de 90 compétitions lors des SwissSkills 2025. Plus de 120’000 visiteurs sont attendus à Berne pour y découvrir quelque 150 métiers.
Deux apprenties genevoises assistantes en soins et santé communautaire (ASSC) s’y profileront pour valoriser le domaine de la santé, solidement soutenues par l’OrTra santé-social Genève et leurs employeurs. Portrait.
Degré de responsabilité
À 16 ans, certains peinent à se projeter dans une carrière. Pas Sabrina Samir. Déterminée, elle décroche sa place d’apprentissage d’assistante en soins et santé communautaire (ASSC) à l’établissement médico-social (EMS) Maison de Vessy, franchit avec succès les trois ans de formation, et se qualifie pour les SwissSkills 2025.
Pendant son apprentissage, malgré son jeune âge, Sabrina Samir s’applique, au fur et à mesure de l’acquisition de ses compétences: «Intégrer une équipe de soins, ça veut dire apprendre à s’imposer, à déléguer, tout en gagnant la confiance des collègues plus expérimentés.»
Comment s’entraîne-t-elle à la compétition suisse, outre les journées de préparation spécifique (prise de parole, media training, etc.)? «C’est surtout sur le terrain, au contact des résidents d’un EMS, que j’affine mes compétences. Et cette aventure, sans stress inutile, me fera rencontrer d’autres apprentis et jeunes professionnels motivés, tout en mettant en valeur ce métier que j’aime!»
La tension monte
Pour Selvete Osmani, apprentie ASSC de dernière année à l’Institution genevoise de maintien à domicile (IMAD), la proposition de participer aux SwissSkills a d’abord suscité de la réserve: «L’exposition médiatique, le public, les réseaux sociaux… ce n’est pas naturel pour moi.»
Et pourtant, lors du Championnat romand, à Martigny (VS), elle relève le défi. Face à un patient-comédien qui cherche à la mettre en difficulté, elle doit gérer, dans une salle de soins reconstituée et en un temps record, une longue liste de paramètres médicaux (pathologies, traitements, allergies, évaluation de douleur, etc.). Une performance saluée par les experts, qui la propulse vers la compétition nationale.
En parallèle, elle prépare sa maturité professionnelle, avant d’intégrer la HES-soins infirmiers. «Au-delà de dépasser mes limites, je trouve l’expérience unique et ludique. Le simple fait de participer me donne de l’énergie!»
Il faut y aller!
Autre visage genevois remarqué à Martigny, aujourd’hui hors concours: Amaury de Sandol-Roy. «Je m’implique dans la société pour aider la population. Me trouver confronté, à moins de 16 ans lors de mon apprentissage d’ASSC à l’EMS Les Marronniers, à la vieillesse, à la démence, à la mort… ce n’est pas anodin», admet le professionnel qu’il est devenu.
Pendant sa formation, il se distingue par son engagement hors norme: sapeurs-pompiers de sa commune, puis premier répondant «Save a Life» (réanimation en cas d’arrêt cardiaque). En outre, sur le bateau des sauveteurs sur le lac, il aide les personnes en difficultés sur le Léman. Après son service civil, le jeune professionnel souhaiterait rejoindre l’École supérieure des soins ambulanciers.
Former des soignants dès 16 ans
Trois questions à Kristell Rousset, infirmière responsable d’unité à l’EMS Les Marronniers, à Genève.
Peut-on commencer un apprentissage d’ASSC dès la sortie du Cycle d’orientation?
Oui, même si cela reste peu fréquent. Les jeunes qui choisissent cette voie font parfois preuve d’une maturité étonnante. Ce métier exige une proximité humaine et une capacité à gérer des situations lourdes émotionnellement. Petit à petit, ils acquièrent des responsabilités, toujours en fonction de leur progression. Mais ils doivent être pleinement conscients que, dans une équipe de soins, on doit pouvoir compter sur eux.
Le programme est-il adapté lorsque l’apprenti est mineur?
Non, le contenu de formation est identique pour tous. En 1re année, les apprentis accompagnent les résidents dans les soins du quotidien. En 2e, ils peuvent progressivement donner des traitements, sous supervision. En 3e année, selon leur maturité, ils prennent en charge le patient de manière globale, en lien avec l’équipe. Mais lorsqu’ils sont très jeunes, nous redoublons de vigilance: leur encadrement est renforcé.
Le suivi est personnalisé en fonction de l’âge?
Absolument. Nous réévaluons régulièrement la posture de chaque apprenti. Il est essentiel qu’il trouve la bonne distance professionnelle, sans tomber dans la familiarité, notamment avec les personnes qu’il accompagne. Et à 16 ans, on peut encore hésiter sur son avenir. Si l’on se rend compte qu’un jeune n’a pas (ou plus) la fibre, on le soutient ou on l’aide à envisager une réorientation. L’objectif, c’est qu’il fasse un vrai choix.
Toute l'information sur la formation professionnelle: www.citedesmetiers.ch
Texte : Eliane Schneider, Office pour l’orientation, la formation professionnelle et continue, DIP
Photo de couverture: Frank Mentha
Article également paru dans la Tribune de Genève du 19 juin 2025