Cette rencontre a permis de revenir sur la situation générale dans le pays et plus particulièrement sur celle des femmes et des jeunes filles, et de mieux comprendre les réalités vécues par les habitants des régions rurales et reculées du pays. L'approche de l'organisation, créée en 2007, vise à renforcer la dignité, la confiance en soi et le sens de l’initiative de la population et des femmes notamment.
Depuis 2017, le canton de Genève a soutenu divers projets d'éducation communautaire dans plusieurs régions du centre du pays, notamment au travers de la construction d'écoles. Le projet actuellement financé par le canton comprends différentes activités, comme l'ouverture de classes communautaires et la fourniture de matériel. Le projet intègre aussi un volet de formation des enseignant-es venant des communautés locales, ainsi que des ateliers de prévention de la violence envers les enfants et au sein des familles.
Taïba Rahim, une vie pour l'éducation.
Taïba est originaire d'une région rurale et précaire d'Afghanistan. Née dans une famille de 8 enfants, c'est son père qui insiste pour que tous ses enfants, y inclus ses filles, puissent aller à l'école. Cet homme humble et de condition modeste avait une vision très claire: donner un futur différent à ses neufs enfants, surtout à ses filles, et les sortir de la pauvreté. Pour réaliser sa mission, un seul mot d'ordre: étudier. Puisqu'il n'existait pas d'école dans la région où ils vivaient, son père décida de quitter leur village, son emploi et son statut pour s'installer en ville, où ses enfants pourraient être scolarisés. La vie y est très difficile, mais les enfants peuvent enfin aller à l'école.
Taïba poursuit alors ses études, jusqu'à devenir enseignante dans une école secondaire. La vie l'amènera ensuite à travailler pour le Comité international de la Croix-Rouge en Afghanistan, puis en Bosnie et à Genève, où elle restera de nombreuses années.
En 2007, alors qu'elle a l'impression de s'éloigner de la mission de son père et de l'Afghanistan, elle décide de créer une association pour promouvoir l'éducation dans son pays d'origine. C'est ainsi que Nai Qala voit le jour. L'association porte le nom du village natal de son père, et veut aussi dire le "château de la calligraphie". Au travers de son projet d'éducation, Taïba partage un message d'espoir pour l'Afghanistan. Elle veut montrer au monde que l'Afghanistan est le pays de la calligraphie, et non celui de la guerre et de la pauvreté. Elle regrette que le monde ait une vision brutale de son pays. Taïba est profondément reconnaissante envers son père, car c'est grâce à lui qu'elle a pu réaliser et concrétiser ses aspirations professionnelles.
Aujourd'hui, Nai Qala fait partie des quelques rares organisations dirigées par des femmes en Afghanistan. Au travers de ses projets éducatifs, elle a un impact significatif pour des centaines de femmes et de jeunes filles, et offre de l'espoir face aux défis actuels que rencontre le pays. Taïba croit fermement que Nai Qala est un acteur clé de la communauté afghane, dirigée par des Afghans pour des Afghans, avec pour principe directeur de toujours « s'impliquer dans les moments difficiles ». Selon elle, les divers soutiens qu'elle obtient en faveur du projet Nai Qala illustrent la véritable essence de l'humanité et inspirent l'espoir que l'Afghanistan, en ces temps difficiles, se dirigera vers un avenir plus radieux.