"3 questions à..." Yann Medeiro de l'Unité actions, information, prévention et intégration (AIPI) de l'Aide aux migrants de l'Hospice général,

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Date de publication
24 janvier 2023
Photo Yann Medeiro
Photo Yann Medeiro
Aujourd'hui, Yann Medeiro est l'invité de la rubrique "Trois questions à…". Coordinateur de l'Unité Actions Information, Prévention, Intégration (AIPI) de l'Aide aux migrants de l'Hospice général, Yann Medeiro nous parle de son travail au quotidien et des défis auxquels il doit faire face. Nous vous invitons à découvrir son interview.

1) L'Hospice Général a notamment la responsabilité de la primo-information dans le cadre de l'Agenda Intégration Suisse (AIS). Vous êtes donc la porte d'entrée des personnes relevant de l'asile arrivant à Genève. Pourriez-vous nous expliquer le travail de l'unité dans laquelle vous travaillez et quels projets y sont développés ?

Notre mission première est de proposer une information de qualité, spécifique, accessible et adaptée aux besoins des bénéficiaires et promouvant le pouvoir d’agir, favorisant l’autonomie et l’intégration durable. En tant que case manager de la thématique, l’équipe de l’AIPI est garante de l’ensemble du programme de primo-information. Nous sommes responsables de la totalité du dispositif, à savoir un parcours de sept ateliers thématiques dispensés en langue d’origine. A cela s’ajoute le travail administratif, conséquent, de gestion des participants et organisation globale des sessions.

Lors des ateliers, l’accent est mis sur l’échange au travers de modalités pédagogiques participatives et ludiques, tout en tenant compte du public présent. Il est essentiel de favoriser le dialogue et l’écoute pour créer un espace sécure et propice aux interactions.

L’ensemble du programme a été construit avec le BIE, dans une démarche collaborative avec les différents acteurs du domaine de la migration, bénéficiaires inclus.

Nous avons souhaité, dès l’arrivée, favoriser un lien avec les différentes communautés d’origine. Dans ce sens, deux projets ont été développés. Le premier est celui « d’ex-pair » communautaire. Il s’agit d’une mesure interne, permettant aux bénéficiaires d’intervenir, au cours des ateliers, dans un rôle proche de l’interprétariat, l’animation des séances se faisant toujours en tandem avec un collaborateur de l’AIPI.

Pour le 2ème, il s’agit d’un projet pilote de coach communautaire en collaboration avec le BIE et la Croix-Rouge genevoise dans lequel la posture attendue se rapproche de celle de la médiation interculturelle. Les coachs communautaires sont des facilitateurs permettant aux personnes primo-arrivantes de mieux appréhender leur nouvel environnement. Dans les deux cas, l’objectif est que forts de leur expertise de la migration, les « ex-pairs » et les coachs sont des repères pour leur communauté et créent des ponts culturels avec la société d’accueil. Ces intervenants sont des ressources essentielles nous offrant des feedbacks continuels sur les besoins et l’adéquation des ateliers.

En complément à ces mesures, de nouvelles brochures et vidéos d’information viennent d’être éditées. Elles sont destinées aux personnes requérantes d’asile et réfugiées primo-arrivantes attribuées au canton de Genève et se trouve sur notre plateforme dédiée : https://bonjourgeneve.ch/medias/.

Au mandat de primo-information s’ajoute celui de l’information continue. A savoir, un programme d’ateliers, dispensés en français, et visant plus largement le public de l’Action sociale (ASOC) et de l’Aide aux migrants (AMIG).

L’AIPI développe du matériel d’information sociale visant un public large, au travers de la documentation, des listes d’informations sociales et des publications telles que « adresses futées pour budget serré », « Où aller en ces fêtes de fin d’année », etc., que vous trouverez sur le site https://infodoc.hospicegeneral.ch/.

L’AIPI est également garante du déploiement du bénévolat auprès des bénéficiaires de l’Aide aux migrants. Nous encourageons toute personne intéressée à nous contacter via le site : www.aideauxmigrantsbenevolat.ch.

 

2) Quels sont les principaux défis auxquels vous faites face au quotidien et comment parvenez-vous à y répondre ?

Nos défis sont multiples, mais je dirais que le principal est probablement le même que pour tous les partenaires du canton, intervenant auprès des personnes migrantes, à savoir, l’adaptation continuelle de notre dispositif. Cela tant en termes de langues, de besoins globaux mais également en fonction du flux des personnes arrivant sur le canton. Nous garantissons un dispositif agile, fournissant un même niveau de prestations, quelque soit la configuration de la population accueillie. Pour exemple, nous allons prochainement quitter nos actuels locaux sur le site de Louis-Casaï pour emménager au 49, route de Meyrin, dès le 06.02.2023, afin de disposer d’espaces répondant davantage aux enjeux actuels.

Le deuxième défi auquel l’AIPI fait face est d’assurer une veille d’information afin de garantir en temps réel, à tous les bénéficiaires, la meilleure orientation. Pour ce faire, la collaboration et l’implication du réseau est essentielle et nous saisissons ici l’occasion de remercier tous nos partenaires.

Enfin, l’un des derniers défis majeurs pour notre équipe est de s’assurer que l’information transmise puisse être entendue et comprise malgré les frustrations et les colères inhérentes aux conditions d’accueil et de vie. En effet, les ateliers sont aussi des espaces de parole et d’écoute, et donc des lieux où les bénéficiaires partagent leurs difficultés, à nous de leur permettre de les dépasser pour appréhender au mieux les outils qui leur sont transmis.

 

3) Quels sont les principaux besoins en matière de primo-information qui sont exprimés par les personnes nouvellement arrivées à Genève ?

Au départ, ce sont des demandes concrètes liées à la découverte du nouvel environnement et à l’accompagnement aux premières démarches, comme l’ouverture d’un compte bancaires ou le retrait de permis auprès de l’OCPM. Puis, émerge un besoin de stabilité et de sécurité psychique au travers de questions autour de l’accompagnement administratif et social, du logement et de la santé. Les personnes souhaitent être rassurées rapidement et rencontrer leurs divers référents (assistant sociaux, médecins, enseignants des enfants etc.). Viennent ensuite les questions autour de l’apprentissage du français, la formation et le travail.

Souvent, la demande est de disposer de plus d’accompagnement individualisé en lien avec les diverses et nombreuses démarches. Les personnes relèvent aussi que les délais de prise en charge semblent trop longs, générant découragement et angoisse.

Enfin, le besoin essentiel des personnes nouvellement arrivées à Genève est de comprendre et d’être compris ! D’où la nécessité de recruter suffisamment d’ex-pairs et de coachs dans les langues parlées et de disposer de documentation en langue d’origine.  

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Date de publication
24 janvier 2023