Depuis plusieurs années, Julien Conti est notre expert en accessibilité numérique, spécialisé dans les audits d'accessibilité visuels. Il a été invité le 3 novembre passé à la Haute école de travail social et de la santé (HETSL) à Lausanne pour participer à un Workshop sur la thématique. Ce dernier était organisé par le eGov Innovation Center. Retrouvez en ligne la vidéo de mon intervention (durée : 23' 32'').
Mon intervention
Durant cette rencontre, j’ai présenté ma manière de naviguer sur deux sites différents. Avec d'un côté un site entièrement accessible, de l'autre un site ne répondant pas au niveau d’accessibilité minimum requis par les instances officielles. Ce comparatif m'a permis de présenter les bonnes pratiques en matière d’accessibilité numérique et de revenir sur quatres questions essentielles autour de l'accessibilité:
Quelle définition?
La définition officielle de l’accessibilité numérique selon Timothy John Berners-Lee, Fondateur du World Wide Web Consortium (W3C), c'est:
« Mettre le Web et ses services à la disposition de tous les individus, quel que soit leur matériel ou logiciel, leur infrastructure réseau, leur langue maternelle, leur culture, leur localisation géographique ou leurs aptitudes physiques ou mentales ».
Son objectif clairement affiché est de faire en sorte que chacun puisse exercer pleinement sa citoyenneté numérique.
Quels publics?
En Suisse et selon la Confédération pour 20% de la population, l’utilisation d’Internet est limitée. Comme moi, 4% d'entre eux sont non-voyants ou malvoyants. Les formats PDF, images ou vidéos sont plus difficiles d'accès. Leurs contenus doivent donc être adaptés avec notamment des descriptions textuelles ou auditives permettant leur bonne compréhension.
Pour les personnes sourdes ou malentendantes, les sous-titres vidéos sont utiles, voire indispensables.
Enfin, pour toutes et tous, l'utilisation d'un langage Facile à Lire et à Comprendre (FALC) est également plus accessible, particulièrement pour les personnes en situation de handicap mental.
Quelle norme?
Celle-ci est définie par le W3C qui décrit les Règles pour l'accessibilité des contenus web (WCAG 2.1). Le respect des normes d’accessibilité numérique se décline selon trois niveaux de conformité avec respectivement, A niveau obligatoire, AA niveau minimum, AAA niveau optionnel. Chacun de ces trois niveaux est couvert par un grand nombre de critères d'évaluation regroupés par thématique.
Quelles méthodes ?
Pour appliquer les bonnes pratiques de l'accessibilité numérique, l'évaluation des sites et applications web s'appuie sur une démarche structurée, basée sur quatre grands principes:
- La perception, celui-ci vise à vérifier notamment la présence d'alternative textuelle, de médias avec description temporels et de formats adaptable et distinguable.
- L'utilisation, ce principe vise à vérifier l'accessibilité au clavier, le temps suffisant pour exécuter une action, la qualité de l'interface, la navigabilité ou les modalités de saisie.
- La compréhension, ceci vise à vérifier la lisibilité, la prévisibilité ou l'assistance à la saisie saisie proposée
- La robustesse, ou plus spécifiquement la compatibilité avec tout type d'appareils, navigateurs ou moyens auxiliaires.
Ces 4 principes s'évaluent selon 78 critères de succès « neutre technologiquement » auxquels peuvent s'appliquer plus de 600 techniques possibles pour valider leurs résultats.
Mon bilan
Au cours de la présentation et de mes démonstrations très interactives, j’ai pu échanger en direct avec une autre personne non-voyante pratiquant le même métier que moi, dans une entreprise fribourgeoise. Nos interventions ont engendré un grand nombre de questions de la part de l’auditoire.
Globalement, j’ai ressenti un grand enthousiasme de la part de l’ensemble des intervenants présents. Cela m’a évidemment conforté dans ma volonté de poursuivre ce travail de sensibilisation à l’accessibilité numérique, et d'en partager l'expérience au travers de cet article.
Cet article a été rédigé par Julien Conti expert accessibilité et ergonomie à l'OCSIN.
