"3 questions à..." Jérôme Berthoud, président et co-fondateur de Flag21

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Date de publication
7 février 2022
Image Jérôme Berthoud - Flag21
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Flag21 est une association à but non lucratif qui vise à favoriser l'intégration des personnes migrantes dans le canton de Genève à travers le sport, son président nous parle des activités de l'association, de ses projets et de pistes pour aider à l'intégration.

1) Votre association FLAG21 est devenue en quelques années une référence sur les enjeux de l'intégration par le sport à Genève. Pourriez-vous nous expliquer la genèse de cette aventure et quels sont les enseignements que vous tirez à ce stade?   

L’association FLAG21 est née en 2017 lors d’un événement mis en place par l’Hospice général – le social up – visant à réunir des personnes intéressées à développer un projet à visée sociale. Une équipe de dix personnes s’est réunie autour d’une idée précise : permettre à des requérants d’asile de participer à des courses à pied populaires à Genève. Le contexte y était favorable. Genève accueillait à ce moment-là un nombre important de migrants originaires d’Érythrée ou du Moyen Orient, fuyant des conditions de vie difficile. Nous avions tous envie d’apporter notre pierre à l’édifice. Et le sport était alors relativement absent des politiques publiques en matière d’intégration. Cinq année plus tard, l’association possède quatre projets bien spécifiques : le yoga et la marche sont venus s’ajouter à la course à pied. Ces activités sont organisées tous les samedis matin dans le parc des Eaux-Vives et encadrés par huit coaches issus de l’asile. Enfin, nous avons mis en place un programme de bénévolat sportif en partenariat avec plusieurs associations qui organisent des courses à pied dans le Canton. Pour y parvenir, le comité s’est entouré d’une coordinatrice et d’un chargé de projet à temps partiel dès 2020. L’association compte en outre une dizaine de coaches, principalement issus de l’asile, et une trentaine de membres bénévoles.

 

2)      Sur le site internet de l'Office fédéral du sport, on peut lire: "Le sport offre de nombreuses possibilités d’intégration et favorise la compréhension entre des personnes issues de cultures et dotées de capacités différentes." Que pensez-vous de cette affirmation au regard de vos expériences développées dans le cadre de FLAG21?

Depuis quelques années, les projets d’intégration par le sport se multiplient en Suisse comme ailleurs. Par contre, le sport n’est pas un outil d’intégration « par nature ». Cela dépend beaucoup de ce qu’on en fait. Dopage, tricherie, violences en tout genre font aussi partie du sport. Au sein de la littérature scientifique, on observe un certain consensus autour de deux dimensions qui peuvent être encouragées par la pratique sportive : une amélioration de l’état de santé, tant sur le plan physique que psychique, et la construction de lien social. Ce constat explique en partie pourquoi la participation à des compétitions n’est plus une priorité pour nous. A l’inverse, nous avons multiplié les activités favorisant la création et l’entretien de lien social et développé des partenariats avec des organisations qui œuvrent dans le domaine de la santé.

 

3)      Quels sont selon vous les pistes de développement possibles et souhaitables pour favoriser l'intégration par le sport ?

Le seuil d’accès à la pratique sportive devrait encore davantage s’abaisser. Cela serait bénéfique pour tout le monde. D’un côté, les statistiques montrent que les personnes migrantes sont moins présentes dans les clubs sportifs. Ce constat est valable à Genève comme dans les autres cantons. Et de l’autre, les clubs sportifs manquent cruellement de membres et de bénévoles, d’autant plus en ce moment. Une piste intéressante à creuser serait de mettre en place une plateforme ou une permanence, qui aurait l’ambition d’être un trait-d’union entre clubs qui désirent intégrer d’avantages de monde et population migrante.

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Date de publication
7 février 2022