La loutre de retour en Suisse par Genève !

La loutre de retour à Genève / Image Contact-Castor
La loutre de retour à Genève / Image Contact-Castor
Communiqué du département de l'environnement, des transports et de l'agriculture 23 mai 2014.
La loutre est de retour en Suisse. Annoncée à l'occasion de la Fête de la nature, la présence de l'espèce a été récemment confirmée dans le canton de Genève. Ce petit carnivore indigène avait disparu du territoire helvétique à la fin du 20e siècle, victime des atteintes aux milieux aquatiques. La réapparition naturelle de la loutre, véritable mascotte des rivières poissonneuses, témoigne des progrès accomplis en matière de protection de la nature depuis plusieurs décennies. Elle récompense notamment les efforts entrepris par le canton de Genève et ses partenaires en faveur de la préservation des rivières et de l'assainissement de la qualité de l'eau.

Depuis le début du printemps, une loutre a été repérée à plusieurs reprises au bord d'une rivière du canton de Genève. Sa présence a été découverte par hasard, dans le cadre des mesures de suivi du castor conduites par les spécialistes de ce rongeur, en collaboration avec les gardes de l'environnement genevois. Contre toute attente, une loutre au moins a été surprise par les pièges-photographiques placés sur les berges.
Les analyses génétiques des prélèvements effectués sur place par les gardes de l'environnement viennent de confirmer formellement l'identité de l'animal, permettant d'annoncer - à l'occasion de la Fête de la nature - le retour en Suisse de cette espèce indigène après 25 ans d'absence.

La formidable vitalité d'une espèce indigène

La loutre a connu en Europe centrale une histoire en dents de scie. Traquée pour sa fourrure ou accusée de faire du tort aux poissons, elle a fortement souffert des campagnes de destruction du passé. Ses effectifs ont ainsi fortement diminué en Suisse au cours de la première moitié du 20e siècle. C'est à grand peine que Robert Hainard, le célèbre naturaliste genevois, l'observait parfois au bord du Rhône genevois, avant la construction du barrage de Verbois. Protégée en 1952 mais dépendant directement des milieux aquatiques, la loutre a encore décliné suite à la destruction de son habitat. On estime aujourd'hui que l'assèchement des zones humides et la pollution des cours d'eau ont porté un coup fatal à cette espèce : depuis les années 1990, la loutre était considérée comme éteinte en Suisse.
C'était sans compter sur la vitalité de cette espèce : au cours des dernières décennies, la tendance semble s'être inversée dans les pays où la loutre a subsisté ! Ainsi, en France, cette espèce très discrète recolonise progressivement les rivières, à l'instar de l'Arve savoyarde, tirant parti de la protection dont elle bénéficie. Bien que l'origine de la loutre revenue spontanément à Genève soit encore incertaine, elle s'inscrit selon toute vraisemblance dans le cadre de cette reconquête régionale.

Le retour du chaînon manquant des cours d'eau

Située au bout de la chaîne alimentaire, la loutre a besoin d'une eau de bonne qualité et de rivières poissonneuses. L'expansion récente de cette espèce témoigne des progrès accomplis en matière de gestion piscicole et de protection de l'environnement. Ainsi, à Genève comme dans de nombreuses régions, d'importants efforts ont été consentis par la collectivité durant les dernières décennies en matière d'assainissement des eaux usées. La qualité de l'eau rejetée dans les rivières du canton s'est ainsi considérablement améliorée durant cette période. De plus, le programme de renaturation des cours d'eau du canton de Genève permet depuis plus de 10 ans de valoriser ces résultats en rétablissant des berges plus naturelles et plus favorables à la biodiversité, tout en réduisant les risques d'inondation pour les riverains. Grâce à ces mesures, plus de 20 km de rives ont ainsi pu être revitalisés.

Une mascotte pour les rivières poissonneuses

Il est difficile de savoir si la loutre demeurera à Genève. Cette espèce mobile et sensible peut néanmoins trouver dans notre canton de nombreux sites poissonneux, favorables à son établissement. De plus, les menaces de destruction ont disparu, car cet animal au tempérament joueur suscite aujourd'hui largement la sympathie. "La présence de la loutre dans une rivière où les poissons ne sont pas menacés ne pose pas de problème aux pêcheurs. Au contraire, cet animal à fort caractère symbolique attire l'attention sur l'importance de la protection des cours d'eau et des poissons" résume en quelques mots Christophe Ebener, président de la commission genevoise de la pêche.
"Symbole vivant d'une rivière en bonne santé et mascotte de la pêche, la loutre a aujourd'hui toute sa place à Genève… si elle le veut" s'est réjoui M. Luc Barthassat, conseiller d'Etat chargé du département de l'environnement, des transports et de l'agriculture (DETA) lors de sa visite des activités organisées par le Canton à Onex à l'occasion de la Fête de la nature.

La loutre : un animal aussi sympathique que discret

La loutre est un petit carnivore apparenté à la fouine ou à la belette. L'espèce européenne mesure jusqu'à 1 m 50 de long, dont 45 cm pour la queue. Dotée de pattes palmées, d'une fourrure imperméable et d'un corps effilé, elle est parfaitement adaptée à la nage, y compris sous l'eau. La loutre se nourrit de poissons, en privilégiant les espèces les plus abondantes localement, mais aussi de  batraciens, de crustacés et de rongeurs. Elle fréquente aussi bien les marais, les cours d'eau que les bords de mer. Les loutres élèvent leurs jeunes en famille durant plusieurs mois, jusqu'à ce qu'ils soient aptes à pêcher seuls. Vif et joueur, ce petit pêcheur longtemps persécuté sait se faire très discret. Il est en effet surtout actif la nuit et peut parcourir de longues distances en passant inaperçu.
Il peut être tentant d'apercevoir cet animal sympathique et totalement inoffensif pour l'homme. Il faut cependant dans un premier temps renoncer à chercher à voir la loutre à Genève pour éviter à cette espèce sensible des dérangements qui pourraient menacer son récent retour.
Les observations fortuites peuvent être communiquées à la direction générale de la nature et du paysage au 022 388 55 00.

Pour tout complément d'information :
M. Gottlieb Dandliker, inspecteur de la faune (DETA) Tél. 022 388 55 32 / 079 240 83 49