Solidarité internationale : retour sur 2024

© Mike Khalaf / ICRC
© Mike Khalaf / ICRC
Aperçu des contributions du fonds de la solidarité internationale en 2024

1. Cadre général et chiffres marquants

En 2024, la contribution du canton de Genève en faveur de la solidarité internationale s’est inscrite dans un contexte mondial profondément marqué par la polycrise : multiplication des conflits armés, catastrophes naturelles de grande ampleur, régression des droits humains et contraction significative des financements internationaux. Alors que les besoins humanitaires n’ont cessé de croître, les contributions globales à la coopération au développement ont reculé d’environ 7 % selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), mettant sous pression les acteurs humanitaires et fragilisant l’ensemble de l’écosystème d’aide internationale.

Malgré cette situation, le canton de Genève a maintenu son engagement et a consacré 25 450 699 francs à la solidarité internationale en 2024, dont 16 450 699 francs prévus au budget et 9 millions de crédits supplémentaires pour des aides d’urgence. Le taux d’effort est équivalent à 0,2% (la loi prévoit 0.7%).

Ce montant s’est réparti comme suit :

  • 9 millions de francs d’aides d’urgence via des crédits extraordinaires, notamment :
    • 5 millions à Médecins Sans Frontières (MSF) Suisse pour répondre aux immenses besoins humanitaires liés au conflit au Soudan ;
    • 4 millions aux organisations actives au Liban et dans les pays limitrophes afin de soutenir les populations touchées par l’escalade de violence au Proche-Orient.
  • 3 millions de francs en faveur de la Fédération genevoise de coopération (FGC) pour soutenir les projets de développement, dans le cadre du contrat de prestations renouvelé pour la période 2025–2028.
  • 5,7 millions de francs dédiés aux conventions de partenariat avec le CICR et MSF Suisse, en soutien aux victimes de conflits oubliés et aux crises de santé publique.
  • 1,4 million de francs pour soutenir les loyers des missions permanentes des pays les moins avancés (PMA), dont deux nouvelles missions installées à Genève en 2024.
  • 6,35 millions de francs consacrés à des projets de défense des droits humains, de paix et médiation, de santé, d’éducation, de protection de l’environnement et de sensibilisation à Genève.
Au total, 76 projets ont été financés, dont 41 nouveaux, tout en permettant la poursuite de 35 projets pluriannuels engagés depuis 2022. L’Afrique subsaharienne demeure la région la plus soutenue (39 %), suivie du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (26 %), de l’Amérique latine (14 %) et de l’Asie (4 %). Les projets globaux et ceux liés à la Genève internationale représentent ensemble 17 % des allocations.

Le rapport 2024 rend également compte de l’accomplissement des tâches prévues dans le cadre des crédits extraordinaires octroyés pour les crises au Soudan, au Liban ainsi que pour les opérations humanitaires à Gaza. L’impact de ces contributions a été significatif : soutien médical, nutritionnel, psychologique, aide financière, accès à l’eau potable, protection des civils, renforcement des infrastructures et actions de médiation. Ces aides extraordinaires accordées par le canton ont permis d’apporter une assistance vitale à des centaines de milliers de personnes.

Enfin, 2024 a également été marquée par la finalisation de l’audit de la Cour des comptes sur le financement cantonal direct de projets d’aide au développement. Toutes les recommandations formulées ont été mises en œuvre, à l’exception de la révision du règlement d’application de la loi sur la solidarité internationale, en cours et prévue d’ici fin d’année.

2. Perspectives

En 2025, les défis liés à la solidarité internationale restent considérables. Les fortes réductions budgétaires des bailleurs traditionnels, les crises géopolitiques et les tensions économiques continuent de fragiliser les organisations actives dans la coopération internationale. Cette contraction globale des financements s’accompagne d’une compétition accrue entre acteurs de la Genève internationale pour l’obtention de ressources institutionnelles. Les premières répercussions de cette dynamique ont déjà été observées en 2024, tandis que 2025 est fortement marquée par la réorientation ou la disparition de certains instruments de coopération, tels que l’USAID.

Dans ce contexte, nous devons rester un partenaire fiable, prévisible et cohérent, en maintenant l’engagement du canton là où sa valeur ajoutée est la plus forte. Les projets que nous soutenons montrent qu’il est possible de proposer des solutions innovantes, inclusives et durables, même lorsque le contexte international se détériore.

La consolidation des partenariats cantonaux, communaux et fédéraux demeure un axe essentiel. En 2024, la coordination s’est renforcée grâce au groupe de travail conjoint avec plusieurs communes genevoises, ainsi qu’avec des collectivités d’autres cantons et villes engagées dans la coopération internationale en Suisse. Ce dialogue doit se poursuivre pour garantir une meilleure complémentarité, une meilleure cohérence et une plus grande résilience du système genevois de solidarité.

Par ailleurs, le développement de relations étroites avec le secteur philanthropique constitue un levier stratégique. Les échanges engagés dès 2024 avec les fondations genevoises, suisses et internationales visent à mobiliser des financements complémentaires afin de soutenir les organisations présentes à Genève.

Enfin, au moment où le monde fait face à des défis humanitaires, climatiques, sociaux et sécuritaires majeurs, Genève doit continuer à investir dans la prévention des crises, la promotion des normes internationales et le renforcement du multilatéralisme, piliers de son identité et de son rôle global.

Plus d'information sur les projets est disponible dans le rapport du Conseil d’Etat au Grand Conseil sur la politique de la solidarité internationale pour l'année 2024.