L'univers intime de la comtesse

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Constituée durant l’entre-deux-guerres, la collection de la comtesse Zoubov à l'Hôtel Sellon à Genève est dominée par le goût pour le XVIIIe siècle, où transparaît une certaine nostalgie pour la cour de Catherine II de Russie.

1850-1950: l’art du XVIIIe siècle en vogue à Genève

L’essentiel des pièces de la collection Zoubov date du XVIIIe siècle: cet intérêt de la comtesse pour le Siècle des Lumières n’est pas incongru. A partir de 1850, des amateurs manifestent un goût nouveau pour les styles Louis XV et Louis XVI. Des collections prestigieuses, comme celles de Cognac-Jay, Moïse de Camondo ou Jacques Doucet se constituent à la fin du XIXe et dans les premières décennies du XXe siècle.

Les pièces du Siècle des Lumières atteignent à cette époque des records en ventes aux enchères, tandis que les travaux des historiens d’art et d'écrivains, comme les Goncourt, se multiplient. A travers cette vogue pour l’art du XVIIIe siècle, on peut lire une certaine nostalgie des fastes de l’Ancien Régime, des fêtes et des coutumes des cours princières d’Europe.

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La nostalgie de la Russie impériale de Catherine II de Russie

La comtesse Zoubov s’inscrit dans ce mouvement. Si les différentes facettes de l’art du XVIIIe siècle l’intéressent (on note notamment la présence d’oeuvres anglaises ou chinoises dans sa collection), elle semble manifester un attachement tout particulier à la cour de Catherine la Grande, qui règne en Russie de 1762 à 1796.  

Cet intérêt pour l’impératrice n’est sans doute pas étranger au second mariage de Rosario Julia Schiffner de Larrechea avec le comte Sergeï Platonovitch Zoubov, en 1922: son époux, né à Moscou en 1881, est un descendant direct de Platon Alexandrovitch Zoubov, l'un des favoris de Catherine II de Russie.

Cette liaison prestigieuse, associée à la réputation de collectionneuse de Catherine la Grande, a probablement contribué à en faire un modèle pour la comtesse Zoubov. En témoignent les trois portraits de la souveraine inventoriés dans la collection, parmi ceux d’autres aristocrates russes. 

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Un goût pour l’exotisme et les chinoiseries

L'intérêt de la comtesse va également aux objets d’origine asiatique, un goût pour l’exotisme en vogue dans les grandes cours princières du Siècle des Lumières. Si les amateurs de cette période recherchent tout particulièrement les porcelaines chinoises, la comtesse Zoubov collectionne plus volontiers les émaux de Canton, alors un peu moins onéreux.

S’inspirant probablement de la collection de chinoiseries rassemblée sous le Second Empire par l’impératrice Eugénie pour son musée chinois du palais de Fontainebleau, la comtesse dispose ses émaux dans un salon chinois.

La collection compte 525 pièces. Il semble que la comtesse les ait acquises au gré de ses voyages: elle fréquente les galeries d’art et les maisons de ventes prestigieuses des grandes capitales telles que Paris, Londres ou New York.

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