Pourquoi est-il prévu de réguler le cerf à Genève ?
Des tirs sélectifs de cerfs dans les bois de Versoix s'avèrent nécessaires pour compléter les mesures préventives et limiter les dégâts aux cultures locales et aux forêts des territoires voisins provoqués par cet animal, dont la population est particulièrement nombreuse dans cette région.
Combien de cerfs vivent à Genève ?
Le chiffre varie fortement selon la saison. En hiver, des regroupements importants sont régulièrement observés dans les bois de Versoix: les comptages les plus récents font état d'une d'une stabilisation, notamment suite à une première année de régulation avec des densités qui restent très élevées. L'été la population résidente est plus faible, avec environ 30 à 40 animaux. Ailleurs dans le canton, les observations sont plus sporadiques, mais une petite population semble s'installer dans les bois de Jussy.
Indices kilométrique d'abondance (IKA) des cerfs à Versoix: chaque hiver, un même parcours est effectué 4-5 fois la nuit pour compter les cerfs à l'aide de phares. Cette méthode donne une indication des minimums présents et, par comparaison, permet d'évaluer l'évolution de la population.
Combien de cerfs est-il prévu de réguler ?
Le plan de tir de l'hiver 2023-2024 était de 25 cerfs. Pour l'hiver 2024, sur la base des comptages du printemps, ce chiffre a été établi avec les membres de la Sous-commission de la faune à 40 cerfs pour atteindre une baisse des effectifs avec aussi une vision régionale.
Que se passerait-il sans régulation ?
Les exploitations agricoles localisées en périphérie des Bois de Versoix verraient certaines de leur productions anéanties (colza, tournesol, maïs, petit pois, lentille et soja), ce qui pourrait mettre en péril à terme cette activité locale.
Le peuplement forestier des Bois de Versoix, encore relativement jeune et résilient, ne nécessite pour les prochaines décennies que des actions de régénération limitées qui peuvent être protégées à moindre frais. Il n'en va pas de même dans les parties française et vaudoise des massifs de la Dôle et du Pays de Gex, du fait de leur échelle, de leur âge et de leurs caractéristiques (nombreux résineux). Le rajeunissement de ces derniers est nécessaire pour les adapter aux changements climatiques et serait menacé sans une perspective régionale dans la gestion des cerfs.
Ces tirs sont-ils réalisés surtout pour les agriculteurs et les propriétaires de forêts ?
Non. Ce sont effectivement les partenaires les plus touchés par l'expansion du cerf mais nous sommes tous concernés: d'une part, pour développer une économie agricole locale, il faut éviter les atteintes à la production afin de ne pas devoir aller chercher des matières premières lointaines qui pourraient être produites localement et, d'autre part, pour assurer la conservation des forêts des flancs du Jura vaudois et français, et notamment leur adaptation aux changements climatiques.
Cette mesure est-elle temporaire ?
Elle est décidée en fonction des besoins. Après une première année de régulation, les comptages et la situation de terrain impliquent de reconduire ces interventions. La période prévue pour cette action s'étend entre le 1er novembre 2024 et le 31 janvier 2025, sous réserve du recours actuellement traité par la justice.
C'est le Conseil d'Etat qui décide d'autoriser la régulation des cerfs. En 2023, la commission consultative de la diversité biologique s'est déclarée favorable à cette mesure. En revanche, les deux membres de la commission consultative de la régulation de la faune ont exprimés des avis divergents.
Est-il vrai que cette mesure a fait l'objet d'un recours?
Oui, un recours a été déposé le 30 septembre 2024. Ce recours demande aussi que la mesure de régulation soit suspendue jusqu'à ce que la justice ait tranché le fond du litige. Cet effet suspensif n'a pas été retenu le 29 octobre 2024 par la Chambre administrative de la Cour de Justice mais a été rétabli le 31 octobre par le Tribunal fédéral, mettant en suspens la régulation selon le calendrier initialement prévu.
Au-delà de Genève, quelle est la situation du cerf à l'échelle régionale ?
Les cerfs présents dans la région de Versoix appartiennent à des groupes d'animaux occupant la région allant de la Dôle à Gex, jusqu'à Versoix. Certains cerfs ont des habitudes migratoires locales et d'autres sont très sédentaires. Les mesures de régulation prises par le canton de Genève s'inscrivent dans l'effort conjoint menés par les autorités de gestion de la faune française et vaudoise afin d'assurer une gestion durable de cette espèce au niveau transfrontalier.
Oui, des études indiquent que les cerfs parviennent à se déplacer entre le Jura et les Bois de Versoix, mais préserver la mobilité locale et régionale de la faune est un enjeu important qui reste d'actualité.
Est-ce que le loup pourrait aujourd'hui réguler les cerfs et éviter les tirs ?
Non, à court terme, il est peu probable d'envisager une présence de cette espèce régulatrice assez importante dans la région pour réduire ou disperser suffisamment les effectifs de cerfs locaux.
Cette restriction des prises de vue en dehors des sentiers est appliquée dans les bois de Versoix du 1er septembre au 30 novembre pour limiter les atteintes à la tranquillité des cerfs pendant leur saison de reproduction. L'objectif est de ne pas priver cette espèce sensible de conditions respectant son cycle biologique.
S'agit-il d'un retour de la chasse à Genève ?
Non, il s'agit d'une mesure de régulation réalisée exclusivement par les gardes de l'environnement qui suivent une approche professionnelle, optimisée et rationnalisée. Ces actions sont conformes à la constitution genevoise qui interdit la chasse mais prévoit la possibilité de mesures officielles de régulation de la faune.
Est-ce que le tir des cerfs impliquera de limiter l'accès des promeneurs dans la région concernée ?
Non, les gardes de l'environnement assurent leur mission de régulation en général de nuit, dans des conditions sécurisées: aucune restriction d'accès pour le public ne s'avère nécessaire.
Est-ce que la viande des animaux régulés sera valorisée ?
Oui, des boucheries locales, sélectionnées par appel d'offre, s'occuperont de transformer et mettre en vente la viande auprès de la population locale.
Est-ce que les trophées de cerfs seront également mis en vente ?
Lors de la dernière saison aucun mâle n'a été tiré. Il est possible que des mâles soient cette fois concernés, notamment certains individus qui occasionneraient des dégâts spécifiques. Leur nombre restera toutefois restreint, avec pour unique objectif de résoudre des problèmes précis. Le cas échéant, leurs bois ne seront pas mis en vente, mais détruits.
Pourquoi tirer des animaux alors que la biodiversité va mal ?
Renforcer la biodiversité est effectivement un des grands défis à relever à l'échelle globale et locale. Il y néanmoins des contextes différenciés: les grands mammifères avaient presque tous disparu à la fin du siècle précédent en Suisse; ces espèces sont aujourd'hui revenues et ne sont plus menacées. Elles peuvent donc parfois occasionner des dégâts localisés importants. Il s'agit de mettre en place des mesures visant à favoriser un équilibre entre la promotion de la biodiversité et la protection de la production locale de matière première.
Utiliser une méthode contraceptive peut-elle être une alternative à la régulation par le tir ?
Non, cette solution ne paraît en l'état pas adaptée pour contenir les effectifs de cerfs des Bois de Versoix (ou même d'autres grands ongulés) pour une série de raisons ayant trait à la fois à des questions pratiques et éthiques, d'impacts pour les animaux concernés, de coordination régionale et d'efficacité, sur la base des expériences réalisées dans d'autres pays.
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