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Vous avez l'habitude de manier l'humour entre collègues. Or, cette fois-ci, votre collègue vous a fait comprendre que votre blague était déplacée. De votre côté, vous mettez ça sur le ton de la plaisanterie.
L'humour est un élément important dans une organisation, car il a le potentiel de réduire le stress et améliorer la cohésion du groupe, la communication, la créativité et la culture organisationnelle. Or, selon le type d'humour, il peut également avoir des conséquences négatives tant pour la personne ou le groupe ciblé que pour le climat de travail en général. Derrière certaines formes d'humour peuvent se cacher des stéréotypes et des préjugés, qui, répétés à de nombreuses reprises, créent une norme dominante de tolérance vis-à-vis de la discrimination. Des recherches ont par exemple montré que les blagues sexistes augmentent la tolérance à l'égard des comportements sexistes sur le lieu de travail.
D'un point de vue législatif, même dans un contexte où les blagues graveleuses étaient tolérées, "la Cour a écarté l'argument de l'atmosphère sur le lieu de travail, dont la prise en considération signifierait que plus un contexte est discriminatoire, moins il sera possible d'y faire valoir ses droits. Le fait qu'il s'agisse d'une unique "plaisanterie un peu lourde, sans qu'une volonté de rabaisser ne soit établie" n'est pas davantage jugé pertinent (ATF 126 III 395).
L'humour participe à prendre du recul sur des situations parfois dramatiques. Il peut également renforcer la confiance, faciliter le changement et encourager la pluralité des visions. Afin de trouver le juste équilibre entre l'humour, la tolérance et la lutte contre le harcèlement, il convient que chacun et chacune soit conscient et sensibilisé à ses propres préjugés afin de ne pas basculer dans des comportements discriminants.
N'hésitez pas à discuter entre vous de ce que vous pensez être acceptable… ou pas !
L'art. 4 LEg définit le harcèlement sexuel comme un « comportement importun de caractère sexuel ou tout autre comportement fondé sur l'appartenance sexuelle, qui porte atteinte à la dignité de la personne sur son lieu de travail, en particulier le fait de proférer des menaces, de promettre des avantages, d'imposer des contraintes ou d'exercer des pressions de toute nature sur une personne en vue d'obtenir d'elle des faveurs de nature sexuelle. »
Dans un arrêt du 10 août 2021, la Chambre administrative de la Cour de justice a relevé que "le potentiel de nuisance de ce type de harcèlement est également susceptible d'être accru lorsque plusieurs personnes y prennent part. Si une intention de nuire pourrait peser comme facteur de gravité du harcèlement sexuel (…), l'absence d'une telle intention ne saurait en atténuer le caractère inadmissible". En effet, le harcèlement sexuel se caractérise avant tout par le fait qu'il n'est pas souhaité par la personne qui le subit (Arrêt de la Chambre administrative de la Cour de Justice ATA/809/2021 du 10 août 2021).