Mobiliser les parties prenantes

Le Sismographe
Le Sismographe
Il ne fallait pas être superstitieux pour venir échanger avec Nicolas Croquet sur ce sujet passionnant ! Le 13ème Genève Lab Meetup s’est en effet tenu le vendredi 13 mai à l’Espace de concertation 3DD.

Répondre à la difficulté des organisations à travailler ensemble, à associer les populations et la société civile est un enjeu primordial aujourd’hui. Nicolas Croquet s’y attelle depuis de nombreuses années en s’appuyant sur ses méthodes et expertises en processus de participation. L'intention est soit de partager une vision ou un projet d’une réalité à l’autre ou de mobiliser les parties prenantes dans l’engagement de nouvelles collaborations pour le bien commun,

Nicolas est venu partager avec la quinzaine de personnes présentes à ce Meetup les leçons apprises tout au long des nombreuses actions menées par l’association FBI Prod au service de la cohésion culturelle dans la région transfrontalière.

L’idée de base est de promouvoir des démarches collaboratives impliquant une diversité d’acteurs : population, associations, politiques, institutions publiques et monde académique en particulier.

Dans le cadre du dispositif le Sismographe et avec sa structure La Courroie de Transmission, Nicolas engage aujourd’hui ses interlocuteur·rice·s dans une démarche collective avec la conviction que, pour s'inscrire dans la durée, il faut développer l'autonomisation des parties prenantes.

Le Sismographe, comme son nom le laisse deviner, a pour vocation de capturer les vibrations culturelles du territoire. Il permet de saisir des instantanés des projets et initiatives d’organisations et d’habitants et de mettre en exergue l’énergie créative du Grand Genève.

En les articulant autour de 3 axes (l’art, les citoyens et le monde académique), le Sismographe permet de poser un socle stable aux initiatives sociales et culturelles menées. Pour Nicolas, l’implication du monde académique a son importance car elle permet tout à la fois d’enrichir les démarches, de mieux les comprendre et de les formaliser, ce qui est le gage d’une nécessaire légitimité.

« On va vers les gens. L’idée est de les mobiliser dans une démarche collective »

La démarche proposée repose sur un questionnement autour :

  1. des histoires et des anecdotes,
  2. des usages,
  3. des envies et des idées des parties prenantes.

Le postulat de base est de savoir écouter et, en s’appuyant sur des artistes, de retranscrire et tangibiliser ces différents rendus sur des artefacts fédérateurs avec d'autres artistes (à l’image de la création présentée ci-dessous). En les exposant et en les partageant, Nicolas constate que ces artefacts constituent des outils sur lesquels les gens s’appuient souvent pour agir. Il note l’importance de varier les formats et les modèles proposés afin d’être aussi inclusif que possible en embarquant une diversité de gens. La peinture, la musique, le théâtre, l'art de rue ou l'écriture pour ne citer que celles-ci font ainsi partie de la panoplie de celles déjà utilisées.

Nicolas insiste sur le fait que les démarches proposées ne se réduisent pas à de l’animation. L’intention est en effet systématiquement d’amener du sens, de se placer dans la durée et de déboucher sur des projets citoyens dans lesquels ceux-ci peuvent devenir autonomes. Ce type de démarche, par essence (et par design) permet de nombreux rebonds et collaborations potentielles en favorisant l’émergence.

Comme nous l’observons également lors des actions que nous menons dans le cadre du Genève Lab, Nicolas note que c’est le processus qui est important, avant même l’atteinte d’objectifs plus ciblés ou la restitution de livrables.

Création de l'artiste Thomas Perrodin pour une intervention de cartographie sensible réalisée à Plan-les-Ouates sur le quartier de La Chapelle et des Sciers dans le cadre du dispositif Le Sismographe

Création de l'artiste Thomas Perrodin pour une intervention de cartographie sensible réalisée à Plan-les-Ouates sur le quartier de La Chapelle et des Sciers dans le cadre du dispositif Le Sismographe.

La présentation de Nicolas a suscité de très nombreuses questions de l’auditoire. Nicolas la termine en partageant les bonnes pratiques qui contribuent au succès de ses interventions :

  • Bien clarifier les intentions et la démarche dès le départ et garder ensuite la ligne.
  • Revenir régulièrement au « Pourquoi on le fait ? ». Le maître mot étant « Faire avec et pour les gens ! » C’est ce qui suscite la dynamique qui est si riche.
  • Produire avec les parties prenantes un Glossaire SENSible comme il l'appelle, qui permet d'acquérir rapidement un langage commun qui facilite bien des choses par la suite.
  • S’assurer que tout le monde est au même niveau d’information et a donc une compréhension commune tout au long de l’intervention.
  • Proposer une posture identique pour toutes les parties prenantes.
  • Monter des dispositifs aussi discrets que possible (tel qu'une simple table posée sur un trottoir) afin d’éviter l’effet « Ce n’est pas pour moi ! »
  • Ne pas se positionner en tant qu’expert; ce sont les différents interlocuteurs qui le sont.
  • Avoir une réflexion préalable sur le lieu dans lequel intervenir. Cela participe à la volonté de créer les conditions favorables à la rencontre et à l’action en sortant les gens de leur posture, en les forçant à faire un pas de côté, là où ils n'ont pas l'habitude d'aller.

Nicolas conclut en mentionnant le projet 1/3 Lieu_2 Culture (prononcer : Un tiers-lieu de culture) qui a consisté à inviter les habitant·e·s du Grand Genève à participer au développement d’une politique culturelle transfrontalière inclusive, en leur donnant la possibilité d’être concrètement force de proposition. Ce projet a notamment pu illustrer comment la plateforme de participation citoyenne https://participer.ge.ch a permis de mobiliser la population. 

Un grand merci à Nicolas pour avoir animé ce Genève Lab Meetup avec sa passion habituelle et pour avoir su nous captiver durant près d'une heure et demie.