Christian Georges, la Semaine des médias à l'école existe depuis presque 20 ans. D’où est-elle née et quels sont ses buts ?
A la suppression des émissions de radio-TV éducative (Magellan), au tournant des années 2000, la CIIP souhaitait mettre sur pied un événement fédérateur en matière d'éducation aux médias. Nous avons repris le modèle français de la Semaine de la presse et des médias dans l'école, avec des buts identiques : familiariser les élèves avec le travail des journalistes et le paysage médiatique environnant, via des rencontres et des visites ; décoder et comparer le traitement de l'information selon les médias ; produire en classe des contenus médiatiques.
Combien d’écoles participent à cette semaine thématique ?
Une minorité d'écoles, hélas ! Encore que le décompte soit ardu : comme nos ressources sont en téléchargement libre, chacune et chacun peut venir puiser des idées d'activités incognito. Nos pointages montrent que la moitié des enseignantes et enseignants qui sollicitent des prestations spécifiques partagent le matériel pédagogique. Plusieurs centaines de demandes nous parviennent chaque année, mais une demande peut parfois concerner tout un établissement scolaire.
Les médias jouent-ils le jeu ?
Oui, ils jouent remarquablement le jeu, malgré un contexte difficile, qui réduit la disponibilité des professionnels.
Précisément ! Lors de son lancement, Internet n’était pas ce qu’il est maintenant. Qu’est-ce que cela a changé dans l’approche de l’événement ?
Depuis 2004 en effet, nous avons connu une révolution! Les réseaux sociaux et les smartphones n'existaient pas ! Les médias traditionnels ont vu leurs recettes publicitaires fondre et leur audience s'éroder, tout en restant des marques qui comptent. Ce que la Semaine des médias à l'école contribue à démontrer, c'est que la gratuité de l'information n'est qu'un mirage. Produire une info de qualité demande du temps et des compétences. Aujourd'hui, chacune et chacun devient son propre média et peut «vendre» du contenu. Mais vendre quoi et avec quelles intentions ?
Malgré cela, y a-t-il des constantes ?
Les canaux et les formats changent, mais les fondamentaux en matière de communication médiatique restent les mêmes. Qui parle? Pour dire quoi? S'agit-il d'une information ou d'une opinion? Est-on dans le registre de l'enfumage publicitaire ou du greenwashing ? Les classes les plus enthousiastes sont celles qui ont été mises au travail, avec une collaboration inédite entre camarades, des talents qui se révèlent, un regard renouvelé sur la machine à fabriquer de l'info…
Enseignantes et enseignants, piochez dans le programme !
Des dizaines d’activités pour tous les degrés
Deux concours, de possibles rencontres (sur inscription) avec des professionnels des médias, des ateliers, des fiches pédagogiques calibrées pour une, deux ou de plus longues périodes : les activités proposées pour la Semaine des médias sont aussi nombreuses que diversifiées. Et il y en a pour tous les degrés, avec des liens (spécifiés) sur la plupart des disciplines des plans d’études. Vous voulez travailler en classe sur le poids de l’image ? Vous préférez vous intéresser à l’écriture journalistique ? Ou comprendre les mécanismes de la publicité et le rôle joué par les influenceurs sur les réseaux sociaux ? Vos élèves rêvent de faire de la radio ? Vous souhaitez leur montrer comment se réalise la «Une» d’un journal ? Tout est possible ! L’objectif consiste principalement à consacrer une fraction de l'horaire aux médias, aux images, aux usages numériques. Voyez le programme complet.
La Rumeur de Venise se répand
Pour l’édition 2022 de la Semaine des médias, une équipe de formatrices et formateurs du SEM, avec le soutien de la médiathèque du service ont conçu plusieurs activités autour du très bel album d’Albertine et Germano Zullo, La Rumeur de Venise. Tout débute avec un pêcheur qui ramène un beau poisson. Un attroupement de gens du quartier vient admirer sa prise. Une femme s’empresse de transmettre la nouvelle à sa voisine qui la transmet à son tour à d’autres voisins. Au fil du récit, le poisson va prendre la forme de différentes créatures pour devenir sirène. Sans paroles, cette histoire illustre avec humour la difficulté de communiquer un message sans le déformer. Idéal donc à décortiquer à travers la réalisation de la Une d’un journal (et son pendant numérique), un reportage radio et un conte imaginaire La sirène de Venise, soit les trois fiches pédagogiques proposées par le SEM.