Recycleur, un métier au cœur de la transition écologique

Avec la raréfaction des ressources naturelles comme le cuivre, les recycleurs pour raient devenir incontournables.
Avec la raréfaction des ressources naturelles comme le cuivre, les recycleurs pour raient devenir incontournables.
La profession est méconnue. Elle est pourtant essentielle face aux défis de la pollution et du réchauffement climatique. Zoom sur le métier et son apprentissage.

Malgré une consommation supérieure à la moyenne mondiale, la Suisse est un des champions européens du recyclage. Cette position enviable, elle la doit à sa gestion des filières de collecte, de tri et de valorisation des déchets. Une infrastructure nationale de haut niveau où le rôle des recycleurs est central. Smartphone, bouteille en PET ou carton de chaussures, nos objets du quotidien ont en effet de fortes chances de passer entre leurs mains durant leur cycle de vie.

À Genève, par exemple, Serbeco fait partie de ce réseau d’entreprises publiques et privées actives dans ce domaine. Avec ses trois centres de tri, cette institution fondée en 1977 forme depuis de nombreuses années des apprentis recycleurs. Du tri au conditionnement de la marchandise, en passant par son stockage et son expédition, cette profession contribue à l’optimisation de l’utilisation de nos ressources. La diversité des mission qu’elle propose constitue l’un de ses principaux atouts.

Un apprentissage d’une grande variété

Comme en atteste Matthieu Villaschi, responsable de production chargé des apprentis recycleurs chez Serbeco, c’est également le cas du cursus menant au diplôme: «Ce certificat fédéral de capacité (CFC) se déroule sur trois ans avec un jour de formation théorique à Fribourg et quatre de pratique en entreprise. Notre but est de former des spécialistes capables de comprendre l’ensemble des processus de recyclage. C’est pour cette raison qu’il propose des disciplines très variées comme l’entretien des installations, le pilotage de machines comme les pelles sur pneus ou la reconnaissance des matières concernées par le tri (plastiques, métaux, objets électroniques, etc.).» Comme chaque acteur de l’industrie traite de matières spécifiques à son domaine, des stages interentreprises sont organisés par la branche genevoise du recyclage. Ils sont proposés en plus de la formation et ont pour objectif de compléter les connaissances nécessaires à l’obtention du CFC. Un excellent moyen de développer sa mobilité et d’élargir ses compétences au-delà d’un seul type d’activité.

De nombreux débouchés

Le profil idéal des aspirants recycleurs recouvre une large palette d’aptitudes: «Il faut être en bonne forme physique, pouvoir travailler par tous les temps et avoir une bonne capacité de raisonnement», précise Matthieu Villaschi. Avoir un intérêt pour les questions environnementales fait aussi partie des qualités requises. Autre paramètre important: la maturité des apprentis. Il est assez rare que les jeunes commencent cette formation au sortir du cycle d’orientation. «Nous sommes toujours ouverts à engager des apprentis plus jeunes, mais nous préférons qu’ils aient déjà eu une première expérience professionnelle. Il faut qu’ils sachent pourquoi ils sont là. De plus, nous ne pouvons pas les former sur les machines avant l’âge de 18 ans», explique le responsable d’équipe. Que faire après l’obtention de ce CFC? Les options sont légion. Il est bien sûr possible de travailler au sein d’une des entreprises de la branche. Une autre voie consiste à exercer ses activités dans une commune genevoise en tant qu’agent d’exploitation. Donner à sa carrière de recycleur une autre dimension peut se faire en une à deux années par le biais de brevets fédéraux comme celui de spécialiste pour installations de traitement des déchets, de logisticien ou de spécialiste de la nature et de l’environnement. Enfin, complété par une maturité professionnelle, ce CFC ouvre la porte des Hautes Écoles spécialisées (HES),notamment dans des filières comme l’énergie et les techniques environnementales ou la technique des bâtiments (Haute École du paysage, d’ingénierie et d’architecture de Genève).

Un véritable métier d’avenir

Ce métier a un avenir prometteur. Ici, pas question de se reposer sur ses lauriers. «Les progrès de l’intelligence artificielle vont avoir un impact sur notre industrie. L’identification des matières lors du tri pourrait être grandement facilitée. L’être humain ne pourra jamais être remplacé: il se consacrera plutôt à d’autres tâches tout aussi importantes dans le processus de recyclage», s’enthousiasme Matthieu Villaschi. Qui plus est, avec la raréfaction des ressources naturelles comme le cuivre, les recycleurs pourraient devenir incontournables. Sans leur contribution essentielle, il sera difficile de répondre à la demande croissante pour des produits exigeant ce matériau stratégique, à l’instar des voitures électriques. Serbeco souhaite engager deux apprentis dans la branche pour la rentrée 2025-2026. La preuve que l’entreprise reconnaît le caractère stratégique de ce rôle dans les années à venir. «Le recyclage se trouve désormais au cœur d’enjeux économiques, écologiques et sociétaux. Avec l’accélération de la transition verte, investir dans cette filière, sur le plan humain comme technologique, est essentiel pour relever les défis environnementaux actuels et futurs. Cela fait de la profession de recycleur un véritable métier d’avenir», conclut Matthieu Villaschi


Retrouvez toutes les opportunités d’apprentissage sur orientation.ch


Découvrez les métiers de demain en réalité virtuelle

Ce nouvel atelier de la Cité des Métiers (Plainpalais) à Genève invite les jeunes à une expérience immersive dans de nombreux domaines professionnels. Équipés d’un casque VR, ils pourront se projeter dans divers métiers d’avenir en regardant des experts en action. Prochain rendez-vous: mercredi 19 mars 2025, de 14 h à 16 h (sur inscription).


Toute l'information sur la formation professionnelle:  www.citedesmetiers.ch et www.bds-fcs.ch

Texte et photo : Christophe Tournier, Office pour l’orientation, la formation professionnelle et continue, DIP 

Article également paru dans la Tribune de Genève du 7 février 2025