
Le Bureau de promotion de l’égalité et de prévention des violences (BPEV) a décerné cette année son prix Pionnier Pionnière à Kathleen Riccio pour son parcours et ses très bons résultats durant sa formation CFC de Conductrice de véhicules lourds. Ce prix, décerné à l'occasion de la Fête de l'apprentissage organisée par l'OFPC, vise à mettre en valeur et féliciter les apprenties et apprentis ayant terminé une formation dépassant les stéréotypes de genre.
Parmi les lauréates et les lauréats des années précédentes, on compte une logisticienne en 2020, une dessinatrice-constructrice sur métal en 2021, une installatrice-électricienne en 2022, un assistant dentaire en 2023 et en 2024 une peintre en bâtiment.
Interview avec Kathleen Riccio, lauréate du Prix pionnier pionnière 2025
Comment s'est passée votre formation CFC de Conductrice véhicules lourds, en tant qu'unique étudiante dans une filière fortement masculinisée (1 étudiante sur un total de 11 élèves) ?
J’ai fait une formation duale, entre le Centre de formation professionnelle Technique et mon apprentissage auprès de la Ville de Carouge, membre de l’Association suisse des transports routiers. C’est vrai que c’était un peu intimidant d’être la seule fille, mais il faut dire que cela n’a pas toujours été le cas. Au début, il y avait 18 élèves et d’autres filles, on était 5. Il y en a 2 qui ont rapidement arrêté parce qu’elles ont dit réaliser que ce n’était pas ce qu’elles voulaient faire. Puis, il y en a eu une qui a redoublé et l’autre qui a perdu sa place d’apprentissage, donc a dû abandonner.
Pour ma part, je dois dire que cela s’est plutôt bien passé parce que j’ai l’habitude d’être dans des groupes constitués principalement d’hommes, j’ai un caractère fort et cela m’aide à trouver ma place. Avec les autres élèves, au fur et à mesure, on a appris à se connaître. Comme on avait des cours inter-entreprises à Neuchâtel, on faisait du covoiturage. On a créé un groupe de révision et il y avait de la solidarité entre nous, même si on donnait tout pour avoir les meilleures notes. C’était de la compétition saine.
Est-ce que votre expérience était différente entre votre temps passé en entreprise et celui passé à l'école ?
L’expérience est forcément différente parce qu’on n’est pas dans les mêmes lieux. En tout cas, pour moi, l’expérience en entreprise était positive, mais c’est vrai que mon entreprise formatrice étant la Ville de Carouge, on a dû signer des chartes et j’ai entendu dire que dans d’autres entreprises ce n’était pas partout comme cela.
Comment est-ce que vous feriez pour encourager davantage de filles à suivre votre voie et entreprendre une formation professionnelle dans laquelle elles sont minoritaires ?
Ah, c’est difficile à dire ! Je pense qu’il faut surtout avoir une passion. Pour moi, c’était la conduite. Le matin, je suis contente d’aller travailler. Je pense vraiment qu’il faut suivre sa motivation, ne pas écouter ce qu’on nous dit parce que cela peut être décourageant. J’ai eu des amis, des gens externes aussi qui disaient que ce n’était pas un métier pour les filles, mais je ne les ai pas écoutés. Mes parents par contre m’ont toujours soutenue. Au début, ils m’ont mise en garde, en m’avertissant que cela pouvait être difficile d’évoluer dans un monde d’hommes, mais dès que je leur ai confirmé que c’était ce que je voulais faire, ils m’ont soutenu tout du long et encouragée.