Prix Pionnier Pionnière 2024

prix pionnier pionnière
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Trois questions à Christelle Bonny, CFC peintre et lauréate 2024.

Depuis plusieurs années, à l'occasion de la Fête de l'apprentissage organisée par l'OFPC, le BPEV décerne le Prix Pionnier Pionnière. Ce prix récompense chaque année un ou une jeune qui obtient une certification dans une filière dans laquelle son genre était sous-représenté, afin de souligner leur parcours, visibiliser des rôle-modèles et encourager filles et garçons à suivre leurs aspirations sans se laisser freiner par les stéréotypes encore très présents dans le choix des métiers. 

Parmi les lauréates et les lauréats des années précédentes, on compte une logisticienne en 2020, une dessinatrice-constructrice sur métal en 2021, une installatrice-électricienne en 2022, et un assistant dentaire en 2023.

En 2024, le BPEV remet ce prix à Mme Christelle Bonny pour sa remarquable réussite dans la formation de peintre.

Interview avec Christelle Bonny, lauréate du Prix pionnier pionnière 2024.

Comment s'est passé votre cursus de formation duale CFC peintre, en tant qu'élève féminine dans une filière fortement masculinisée (2 étudiantes sur un total de 41 élèves) ?

Je me suis bien intégrée dans l'entreprise dans laquelle j'ai fait mon apprentissage (Laurent Conconi Sàrl). Mes collègues étaient très respectueux dès le départ et je n'ai pas dû faire face à des commentaires discriminants. Sur les chantiers, où différents corps de métier se rencontrent, tout s'est bien passé aussi, même si c'est vrai que j'ai dû développer des stratégies que j'utilisais lorsque je sentais qu'une conversation pouvait potentiellement déraper. Mon parcours avant le CFC m'a aidé parce que c'est vrai qu'à 15 ans, j'ai abandonné mon projet de faire un apprentissage de mécanicienne ou carrossière parce que justement on m'a dit que ce serait dur pour une fille d'évoluer dans une filière fortement masculinisée, mais au final, à 26 ans, ça a été.

Est-ce que votre expérience était différente entre votre temps passé en entreprise et celui passé à l'école ?

J'étais 4 jours par semaine sur les chantiers et 1 jour par semaine au Centre de formation professionnelle Construction (CFPC). C'est au CFPC que c'était plus compliqué parce qu'il y avait plus de jeunes (16-19 ans), mais comme j'étais plus âgée (23-26 ans), cela ne me dérangeait pas plus que ça. Je savais bien ce pour quoi j'étais à l'école. Je répondais aux commentaires et leur expliquait ma position et cela ne m'atteignait pas trop, mais c'est vrai que si j'avais eu 15 ans, peut-être que je n'aurais pas tenu le coup. Et en classe, quand y avait des blagues un peu sexistes, on se regardait avec l'autre fille de ma classe et on rigolait, mais on laissait passer et c'était ok comme ça.

Comment est-ce que vous feriez pour encourager davantage de filles à suivre votre voie et entreprendre une formation professionnelle dans laquelle ils sont minoritaires ?

Je dirais que pour moi c'était différent parce qu'on m'a toujours encouragée à faire un apprentissage et je trouve que c'est ce qu'il y a de mieux pour savoir concrètement et précisément ce qu'on fera une fois qu'on sortira de notre formation. Un apprentissage permet aussi d'apprendre à communiquer avec d'autres corps de métier. Lorsque j'ai fait mon bachelor à la HEAD, entre étudiants, on était entre nous presque tout le temps et c'était compliqué lorsqu'on est arrivé sur le marché du travail. Pour moi, suivre cette filière en tant que fille, même si on était que 2, n'était pas un problème parce que je savais pourquoi j'étais là et ce que je voulais faire.

portrait Christelle Bonny