Podologue, un grand pas vers l’humain

Jean Carlos Castro effectue sa troisième et dernière année de formation à l’école supérieure de podologie de Genève: «Chaque jour est unique, tout comme chaque patient».
Jean Carlos Castro effectue sa troisième et dernière année de formation à l’école supérieure de podologie de Genève: «Chaque jour est unique, tout comme chaque patient».
Unique en Suisse romande, l’École supérieure de podologues de Genève forme des spécialistes de la santé du membre inférieur.

Ce jour-là, la clinique de l’École supérieure de podologie ne désemplit pas. Partout, des étudiants en blouse blanche s’affairent. Sous l’oeil avisé de leurs formateurs, certains traitent minutieusement ongles incarnés, durillons et autres bobos. D’autres examinent la posture, la démarche et la mobilité articulaire d’un patient endolori avant de poser un diagnostic. À l’atelier, les podologues fabriquent des semelles orthopédiques au milieu des matières, des couleurs et des vrombissements des machines. C’est dire la diversité du métier.

Âgés respectivement de 23 et de 33 ans, Dehlia N’Dong Ekouaghe et Jean Carlos Castro Nunez effectuent leur troisième et dernière année de formation. L’ennui? Ils ne connaissent pas. Témoignage de deux étudiants bien dans leurs baskets.

Soigner l’humain

«Chaque jour est unique, tout comme chaque patient. Trouver le traitement adapté à la pathologie, à la physiologie et aux habitudes de chacun est une quête stimulante », se réjouit Jean Carlos Castro Nunez.

Ancien vendeur, il s’est réorienté vers la podologie à 30 ans. Un choix qui correspond mieux à ses ambitions et ses valeurs humaines. Qu’il s’agisse de prévenir les complications podologiques dues au diabète (ulcères et infections) ou aux traitements contre le cancer (syndrome main-pied), ou de prodiguer des soins aux personnes âgées, le relationnel est au coeur de sa pratique. «Il faut écouter et prendre le temps de créer un lien de confiance avec le patient pour bien le conseiller. Surtout que le pied, souvent caché et négligé, touche à l’intimité. » Malmené dans des chaussures mal ajustées, honteusement dissimulé, le socle de notre corps mérite pourtant notre attention. Sa santé impacte directement notre mobilité et notre qualité de vie.

Aussi dans le sport

Dehlia N’Dong Ekouaghe a été suivie par un podologue durant son enfance. Au moment de choisir sa future carrière, elle se dirige naturellement vers les soins. La podologie est une option, mais pas encore une évidence. «On peut être réticent à l’idée de voir des pieds toute la journée. Mais c’est une partie du corps comme une autre. Pouvoir soulager la douleur des gens, améliorer leur confort et leur éviter des problèmes de santé est une chance inouïe», assure-t-elle.

Joueuse de basket, elle aime aussi travailler sur la posture, notamment dans le sport. 

Dehlia N’Dong Ekouaghe, elle aussi, suit sa troisième et dernière année de formation à l’école supérieure de podologie de Genève: «On travaille beaucoup avec les athlètes, par exemple sur les marathons ou le ski.». LAURENT GUIRAUD

Dehlia N’Dong Ekouaghe, elle aussi, suit sa troisième et dernière année de formation à l’école supérieure de podologie de Genève
Photo : Laurent Guiraud

«On travaille beaucoup avec les athlètes, par exemple sur les marathons ou le ski. On agit sur les différentes positions du pied afin de corriger les déséquilibres à l’origine de troubles, d’améliorer le geste technique et de prévenir les blessures.» Parfois, des orthèses sont prescrites. C’est le podologue qui les réalise sur mesure, tel un artisan.

Vers l’indépendance

La podologie recèle de multiples facettes. Les professionnels en devenir y sont préparés durant leur formation de trois ans à plein temps. Unique en Suisse romande, le cursus genevois allie théorie et pratique (stages à la clinique de l’école et aux Hôpitaux universitaires de Genève). Il est accessible sur sélection
aux détenteurs d’un diplôme de niveau secondaire II (CFC, certificat de culture générale option santé, maturité). 

«Notre formation exige un investissement proportionnel à la richesse de notre métier. Les connaissances à assimiler sont denses et pointues», prévient Nicolas Schoenhenz, podologue et enseignant.

Après l’obtention de leur diplôme, Dehlia N’Dong Ekouaghe et Jean Carlos Castro Nunez aspirent à travailler à leur compte. Un autre atout de ce métier.


Zoom sur les écoles supérieures

La podologie fait partie des quinze formations de niveau ES (école supérieure) offertes dans le canton de Genève dans les domaines de la santé, de l’éducation de l’enfance, de l’horlogerie, de l’hôtellerie-restauration, de la construction, de la bande dessinée, de l’informatique, de l’électronique et de la circulation aérienne.

Les écoles supérieures ES délivrent des diplômes de niveau tertiaire qui attestent de compétences professionnelles approfondies. Elles forment des spécialistes recherchés sur le marché de l’emploi prêts à occuper des postes à responsabilités.

Plus d'infos www.orientation.ch


Toute l'information sur la formation professionnelle:  www.citedesmetiers.ch

Texte : Jennifer Weil, Office pour l’orientation, la formation professionnelle et continue, DIP / Photos en tête de page : Laurent Guiraud

Article également paru dans la Tribune de Genève du 7 Novembre 2024