En cette fin d'après-midi du mois de mai, on sent les élèves de cette classe de 1ère année de culture générale un peu désorientés. Leur enseignante leur a bien dit qu'ils allaient participer à un atelier de découverte de la culture sourde, mais le mystère reste entier. Maintenant, à la place de la "maîtresse", une femme vêtue de noir et arborant un large sourire leur fait face. Une autre femme est assise parmi les élèves, se fondant pour ainsi dire avec eux. Qui est qui ? Qui fait quoi? La femme vêtue de noir entame alors une série de gestes et d'expressions faciales qui s'adressent aux jeunes. Aussitôt, en direct, la seconde femme traduit ces signes en sons et en phrases audibles. Rapidement, le dialogue prend forme entre Olga, l'animatrice malentendante de l'atelier, et les élèves. La présence de l'interprète semble comme effacée, oubliée. Et pourtant, si Olga comprend les élèves en lisant sur leurs lèvres, les jeunes ont besoin de la parole de l'interprète pour comprendre les signes d'Olga.
Après une brève présentation, l'animatrice demande aux élèves si elles et ils ont déjà eu affaire à des personnes sourdes. "J'ai un cousin qui est malentendant et je me souviens lui crier dans l'oreille", indique un garçon. "Es-tu sûr qu'il était utile de crier, lui répond Olga, en précisant qu'il est souvent plus pertinent de se placer en face d'une personne sourde et de bien articuler, de sorte qu'elle puisse lire sur les lèvres. En réponse aux autres témoignages, l'animatrice insiste: "On arrive toujours à trouver un moyen de communiquer avec une personne sourde, il ne faut pas avoir peur."
Et comment peut-on attirer l'attention de quelqu'un qui n'entend pas? "En lui tapant sur l'épaule", "en frappant sur le sol avec les pieds", "en éteignant la lumière"… les répliques fusent et leur tri finit par former un ensemble cohérent de pratiques reconnues.
Devinettes et décryptage
Après les questions, c'est au tour des jeux. Les élèves sont appelés à venir au tableau à côté d'Olga pour mimer un mot. Plusieurs rires agrémentent l'exercice. Rappelons que tous les échanges entre elle et les jeunes sont rendus possibles grâce à la traduction simultanée des signes en paroles par l'interprète. Jeu suivant: il s'agit de se frotter à la lecture labiale. Par groupe de deux, les jeunes se coiffent tour à tour d'un casque "anti-bruit" qui les plongent dans le silence. Leur camarade doit alors prononcer des mots, puis des phrases, en retenant autant que possible les sons. Les élèves s'en tirent pas mal du tout dans ce test de décryptage.
Comme dernière activité, Olga projette des images d'objet sur le mur de la classe. Elle compose un signe et les élèves doivent trouver quel objet ce signe décrit. Elle ne manque pas préciser que les expressions du visage sont très importantes et qu'elles font partie de la langue des signes. Au passage, l'animatrice apprend aux jeunes que pratiquement chaque pays a sa propre langue des signes: "Il existe même des différences entre la France et la Suisse romande, mais on se comprend."
Au final, les élèves sont ravis par tant de découvertes et emportent avec eux un petit guide. Leur enseignante est également conquise. Grâce à cet atelier ludique, la culture sourde leur est devenue beaucoup moins mystérieuse.
Galerie photos
Olga signe et les élèves doivent deviner quel objet est désigné par ses gestes et ses expressions.
L'interprète traduit en paroles les signes d'Olga, permettant un dialogue simultané entre l'animatrice et les élèves.
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