Noëlla Rouget, résistante et rescapée du camp nazi de Ravensbrück, est décédée le week-end dernier. Les hommages à cette femme extraordinaire – et au destin extraordinaire – se multiplient. Et pour cause. Après s'être établie à Genève pendant l'après-guerre, silencieuse sur son passé pendant longtemps, Noëlla Rouget a ensuite durant de nombreuses années parlé devant des classes et accompagné des élèves visiter les camps de concentration. Elle déclarait alors: «Je suis une des dernières survivantes de l’enfer, j’ai pu tenir cette promesse faite à nos mortes de témoigner autant qu’il m’a été possible de le faire.» Et d'ajouter: «Dans les camps, j'ai vu le plus abject de l'être humain chez nos bourreaux, mais aussi le plus sublime parmi certaines déportées.»
Noëlla Rouget s'est illustrée par un autre acte qu'elle a longtemps tenu secret. Dans les années 60, alors que le collaborateur qui l'a déportée à Ravensbrück est condamné à mort en France pour de multiples sévices et décisions fatales, elle écrit à Charles de Gaulles afin de lui demander la grâce présidentielle. «S’il faut combattre l’erreur, nous n’en avons pas pour autant le droit de disposer de la vie de celui qui a erré.» Sa requête aboutira, la peine de son bourreau sera commuée en prison à perpétuité.
En 2005 et 2012, la réalisatrice Véronika Janjic, du service écoles-médias (SEM), a réalisé une série de reportages avec et autour de Noëlla Rouget. Notamment à propos de son séjour à La Gumfluh à Château-d'Oex, un des chalets suisses où les déportées survivantes ont pu passer leur convalescence et récupérer de leur terrible expérience. Ces films sont utilisés pour l’enseignement de l’histoire et de l’éducation citoyenne dans les établissements du DIP. Ils sont également accessibles au public sur le site Archiprod. N'hésitez pas à les visionner: