Amélie Christie, 20 ans, apprentie charpentière: « Le travail des mains demande de l’intelligence. »
Sortir des sentiers battus pour trouver du sens, c’est la philosophie appliquée d’Amélie Christie. Maturité gymnasiale en poche, elle se lance dans un apprentissage de charpentière dont elle vient d’achever avec brio la première année. Son parcours atypique est pourtant sciemment construit.
Un éveil précoce à l’écologie la conduit à s’intéresser aux chantiers participatifs d’une association spécialisée dans l’éco construction. «A l’issue du Collège, il m’a paru évident que je ne voulais pas aller à l’Université. J’ai ressenti le besoin de réaliser quelque chose et de voir à la fin un résultat matériel et physique. J’avais passé quatre ans dans l’apprentissage du cerveau. Il était temps que j’apprenne aussi à travailler de mes mains.»
Une formation pratique s’impose; ce sera la charpente. Et pour celle qui a besoin de faire pour comprendre, c’est une révélation. «La charpente permet de connaitre le bâtiment, la structure, les rapports de charge. Les théorèmes de Pythagore ou de Thalès sont appliqués au quotidien, explique l’apprentie. Quand je regarde ce que je réalise en charpente, j’ai la conviction que la formation professionnelle demande beaucoup d’intelligence.» Amélie s’intègre sans difficulté dans un univers encore essentiellement masculin. «Le métier a bien évolué. On a aujourd’hui des moyens de levage, des technologies de pointe. Moyennant une bonne forme physique, il est tout à fait accessible aux femmes.» Au-delà de l’apprentissage des techniques, Amélie travaille chaque jour au contact d’un matériau noble et vivant.