Les trois dernières éditions du Prix pionnier pionnière décerné par le Bureau de promotion de l'égalité et de prévention des violences (BPEV) lors de la fête de l'apprentissage de l'OFPC ont félicité des diplômées ayant obtenu une certification dans des filières fortement masculinisées. Elles ont terminé leur formation de logisticienne (2020), dessinatrice-constructrice sur métal (2021) et d'installatrice-électricienne (2022). Cette année, le prix valorise un étudiant ayant finalisé une formation dans une filière à majorité féminine.
Interview avec Tiago Miguel Roque Queluz, lauréat du Prix pionnier-pionnière 2023.
Comment s'est passé votre cursus de formation duale CFC d'assistant-dentaire, en tant qu'élève masculin dans une filière fortement féminisée (2 étudiants sur un total de 52 élèves) ?
Ma formation s'est déroulée facilement, sans difficulté par rapport au fait d'être minorisé au sein de ma classe, même s'il est vrai qu'on parlait souvent d'"assistante-dentaire", mais c'était compréhensible vu qu'il y avait beaucoup plus de filles. C'était moins le cas en entreprise où les médecins dentistes étaient principalement des hommes. D'ailleurs, une fois, on m'a confondu pour un dentiste, mais moi j'ai dit "non, je suis assistant-dentaire". Peut-être que c'est mon caractère qui a rendu cette situation plus facile, en tout cas, cela ne me dérangeait pas du tout d'être presque le seul garçon.
Est-ce que votre expérience était différente entre votre temps passé en entreprise et celui passé à l'école ?
Je dirais que la principale différence est l'âge des personnes avec qui je partageais mon temps. En entreprise, mes collègues étaient plus âgés et je pense que cela m'a aidé parce que leur maturité me permettait de me sentir moins différent. A l'école, comme je faisais ma maturité professionnelle en même temps, j'avais beaucoup de travail.
Comment est-ce que vous feriez pour encourager davantage de garçons à suivre votre voie et entreprendre une formation professionnelle dans laquelle ils sont minoritaires ?
Je pense que c'est important de visibiliser les garçons dans les formations des soins. Par exemple, à la Cité des métiers, ce serait bien qu'il y ait plus de garçons, que cela soit une fille et un garçon qui présentent la formation d'assistant et assistante-dentaire. C'est aussi important que les offres d'emploi soient au masculin. Moi, quand je vois une offre qui dit "assistante-dentaire", je ne postule pas. Même si je sais que je peux tout à fait postuler, cela ne me donne pas envie parce que je me dis que les gens qui ont posté cette offre n'ont même pas pensé au fait que cela pourrait aussi être un garçon. Après, je pense que le plus important c'est dans la famille, parce que le système d'éducation est vraiment bien, mais si dans la famille, le jeune entend des choses négatives, et bien il ne va pas vouloir se lancer s'il n'est pas sûr que c'est pour lui.