Avec l'urgence climatique décrétée par le Conseil d’État en 2019, l’État met en place des stratégies permettant de réduire les émissions de gaz à effet de serre et d'adapter le territoire aux changements climatiques. Dans une perspective de transition écologique, il se doit aussi d’avoir une attitude anticipatrice et proactive, afin de préserver le bien-être de la population, notamment lors des épisodes caniculaires dont l’occurrence augmentera ces prochaines années.
L’étude et les cartes climatiques, réalisées par le Service cantonal du développement durable et la société GEO-NET, s’inscrivent dans une démarche globale, avec le Plan climat cantonal en clef de voûte. La démarche « GEO-NET » vise à améliorer le niveau de connaissance et de compréhension des questions climatiques à l’échelle du canton, notamment l’effet d’îlot de chaleur, et plus précisément dans les secteurs habités. Les résultats font l’objet d’une réflexion poussée pour préciser les axes d’intervention et d’amélioration, tant dans les tissus bâtis existants que dans les nouveaux projets. Les cartes facilitent l’identification des zones problématiques ou à préserver, en regard de leur situation ou de leur importance bioclimatique et permettent de réaliser une projection du climat jusqu'en 2100. Leur analyse permet de tirer de précieux enseignements sur le climat genevois actuel et futur, de différencier les portions du territoire en fonction de leur charge thermique et de leur importance bioclimatique, mais aussi d’estimer l’impact des développements urbains futurs prévus sur le territoire cantonal.
Une visualisation facilitée
Les cartes disponibles sur le SITG donnent une image de la situation climatique diurne et nocturne du territoire et ce, à différents horizons temporels. Elles mettent ainsi en évidence certains effets attendus du changement climatique, dont l’augmentation moyenne de la température de l’air en été par rapport à la période de référence 1981-2010 (+1,5°C entre 2020 et 2049, + 2,6°C entre 2045 et 2075 et + 4,6°C entre 2070 et 2090).
L’intensité du réchauffement, en degrés ou en température ressentie (PET) est exprimée grâce à une échelle de couleurs allant du bleu au brun. La différence de nuance entre les différentes portions du territoire s’explique par de multiples facteurs, tels que l’occupation des sols, la présence et la taille des espaces verts, ou encore des processus météorologiques à plus large échelle. La nuit par exemple, dans les espaces largement imperméabilisés ou avec une densité bâtie importante (de couleur foncée), l’air peine à circuler et l’effet d’îlot de chaleur urbain s’accentue, incommodant plus fortement le sommeil et la santé des habitants. A contrario, les périmètres largement végétalisés (de couleur claire) en milieu urbain bénéficient d’une situation bioclimatique diurne agréable grâce à l’ombrage et la fraîcheur procurées par les arbres et, la nuit, se rafraichissent plus facilement grâce aux dynamiques d’échange d’air créés par la présence de végétation. Leur influence sur les secteurs alentours est par contre relativement faible. La couronne agricole genevoise bénéficie d’une température réelle variable. De nuit, elle se rafraichit et participe activement à la limitation de l’effet d’îlot de chaleur, de jour la température est moins agréable car elle ne bénéficie que de peu d’ombrage.
Comment améliorer la situation dans la ville déjà construite ?
Dans la ville déjà construite, il existe deux familles de mesures.
La 1ère famille agit sur le bâtiment pour garantir une situation bioclimatique agréable dans les espaces intérieurs, avec des mesures telles que la végétalisation des toitures ou des façades, l'utilisation de matériaux clairs (avec une capacité de réflexion pour limiter le stockage de l'énergie solaire), l'amélioration du concept énergétique du bâtiment (refroidissement naturel, isolation, etc.). Elles intègrent également les aménagements de proximité (végétalisation des pieds d’immeubles par exemple) et favorisent la présence d’arbres notamment, afin de réduire la charge thermique du milieu bâti. Ce corpus de mesures est à appliquer principalement lors de travaux de densification urbaine, de rénovation ou de surélévation de bâtiments.
La 2e famille de mesures concerne les espaces ouverts publics et privés : les trottoirs, les rues, les places et les cours intérieures mais aussi les nombreux espaces résiduels, avec pour objectif d’améliorer la situation bioclimatique dans les espaces extérieurs. La réduction des surfaces asphaltées et imperméables au profit de terre végétale, l'usage de matériaux clairs pour les revêtements de sol, la création d’ombre grâce à l’arborisation ou à la création d’aménagements comme des couverts ou pergolas, la présence de l'eau par la création de fontaines, de jeux d'eau ou de surfaces destinées à l'infiltration des eaux de pluies sont autant de bonnes pratiques pour améliorer le confort climatique des usagers dans les espaces extérieurs.
Et la ville de demain ?
Les mesures mentionnées concernent la ville construite mais également le développement de nouveaux quartiers. L’intégration de la problématique climatique doit se faire en amont de la planification, avec une réflexion à mener sur l'orientation des bâtiments en fonction de l'ensoleillement, des mouvements d'air (couloirs d'air frais) et des ombres portées. De préférence, un nouveau quartier doit avoir à proximité, un réseau d'espaces de verdure et de loisirs en suffisance et dont l’accès est garanti par des cheminements de mobilité douce intégrant des aménagements perméables, végétalisés et ombragés.
La méthodologie adaptée
Les données d'entrée nécessaires à la modélisation des cartes sont le relief, l'occupation des sols, la hauteur des structures et le degré d'imperméabilisation. A ces éléments de base, s'ajoutent les données météorologiques (nuages, vent, températures de l’air et de l’eau), les scénarios climatiques d'études antérieures et les prévisions de développement urbain du canton.
Des données en libre accès
Leur accès en ligne, libre et gratuit, permet à tout ingénieur, architecte, aménagiste et planificateur exerçant dans une collectivité publique ou dans le milieu privé d’utiliser les cartes issues de l’analyse climatique du canton de Genève. De plus, ces représentations cartographiques ont l’avantage de pouvoir être un support adéquat pour faciliter le dialogue entre les porteurs de projet, autour de la prise en compte de la question climatique. Elles participent ainsi à nourrir la réflexion pour garantir la qualité des projets au regard du besoin de préservation du confort climatique urbain et à faire évoluer la manière de planifier le développement urbain du canton de Genève de manière compatible avec les enjeux de transition écologique portés par le Plan Climat.
Les données, disponibles en open data, sont accessibles :
- en consultation sur le site cartographique du SITG
- les données climat du catalogue du SITG
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