
- Quelles compétences spécifiques sont nécessaires pour la prise en charge d’enfants et d’adolescents migrants ?
Au-delà des connaissances en pédopsychiatrie, psychologie et psychothérapie, il est essentiel de pouvoir se décentrer de ses propres représentations de la santé et de la souffrance psychique. Cela implique d’aller à la rencontre de celles des enfants, des adolescents et de leurs parents, avec une posture curieuse et bienveillante, et une attention à l’altérité parfois radicale, sans hiérarchie des cultures.
Il est aussi important d’expliquer son rôle et la place de la santé mentale dans le pays d’accueil. Face à des situations marquées par l’altérité et les traumatismes, la ou le professionnel doit pouvoir s’appuyer sur un travail d’équipe et de supervision pour maintenir une posture empathique. Le travail avec les interprètes est également une compétence indispensable.
- Ces enfants viennent-ils principalement consulter pour des symptômes qui découlent de leur parcours migratoire ?
Notre unité reçoit des femmes enceintes, des bébés, de jeunes parents, des enfants et des adolescents, accompagnés de leurs parents ou arrivés seuls, dans le cadre d’un parcours d’asile. La grande majorité ont été exposés à des traumatismes au pays d’origine et/ou durant la migration.
À l’arrivée, ils présentent souvent des troubles psychiques réactionnels à ces événements, aggravés par l’incertitude, les conditions de vie précaires et l’incompréhension du contexte d’accueil. Il s’agit principalement de troubles de l’humeur (comme la dépression), de troubles anxieux, de stress post-traumatique, voire de stress post-traumatique complexe en cas d’expositions répétées à la violence. Une détection et une intervention précoces sont bénéfiques et recommandées, car elles favorisent un meilleur pronostic.
- Travaillez-vous en réseau avec les autres institutions qui entourent ces jeunes, comme l’école, l’Hospice général ou les associations telles que le CSP et Caritas ?
Chaque membre de l’équipe pluridisciplinaire (psychologues, infirmiers en santé mentale, pédopsychiatres et assistante sociale) travaille quotidiennement avec des professionnels de la santé, du social, de l’éducatif, du juridique et du milieu associatif. Pour les requérantes et requérants d’asile mineurs non accompagnés (RMNA), une collaboration étroite existe entre les équipes de l’Hospice général, des HUG, de la FASE, du SPMi et d’ACCESS II.
La création ou restauration d’un réseau stable autour des jeunes et de leurs familles est essentielle : elle leur offre un soutien structurant, favorise leur équilibre psychique et facilite leur intégration. En l’absence de réseau primaire ou de leur soutien social et familial habituel, ce sont les professionnels qui assurent ce rôle dans un premier temps, afin de leur permettre ensuite, au mieux, de recréer un réseau de liens et de soutiens.