"3 questions à..." Irina A. Ionita, secrétaire générale de la PLATEFORME des associations d'aînés de Genève

Plateforme des associations d'aînés de Genève
Plateforme des associations d'aînés de Genève
Irina A. Ionita est l'invitée de la rubrique "Trois questions à…". Secrétaire générale de la PLATEFORME des associations d'aînés de Genève, qui rassemble près de 80 associations et institutions qui œuvrent avec et pour les personnes âgées sur tout le territoire cantonal, Irina A. Ionita nous parle du fonctionnement de la PLATEFORME et des défis auxquels elle doit faire face. Nous vous invitons à découvrir son interview et à vous inscrire pour la première édition des Rencontres de la longue vie qui aura lieu le17 mars prochain.

La PLATEFORME des associations d'aînés de Genève est une actrice majeure des enjeux liés à la cohésion entre les générations dans le canton de Genève. Pourriez-vous nous expliquer votre fonctionnement et vos objectifs ?

La PLATEFORME, créée en 2005 par une douzaine d’associations, regroupe aujourd’hui un réseau de près de 80 entités genevoises qui œuvrent avec et pour les seniors dans divers domaines : loisirs, accompagnement social, soins, participation sociale, habitat, lutte contre l’isolement, lutte contre l’exclusion, etc.

La mission principale de la PLATEFORME est de sensibiliser à la fois aux défis du vieillissement et aux potentialités de la vieillesse, dans une perspective de parcours de vie qui englobe de fait toutes les étapes et les transitions de la vie. Pour mener à bien sa mission, la PLATEFORME fait émerger l’intelligence collective des actrices et acteurs du terrain (seniors compris.e.s !), en mettant en lien et en dialogue les mondes associatif, institutionnel et politique. Elle joue un important rôle de veille auprès des autorités communales et cantonales en lien avec les politiques publiques et les actions qui concernent les seniors, dans une société solidaire de tous les âges.

Concrètement, la PLATEFORME organise des séances plénières trimestrielles lors desquelles l’ensemble du réseau se rencontre et débat des enjeux communs. De ces plénières et dans une démarche résolument « bottom up », des commissions thématiques sont mandatées pour élaborer des états des lieux. Elles émettent ainsi des recommandations d’actions et de coordination autour d’une problématique identifiée par le terrain. Actuellement, les trois commissions actives s’articulent autour de l’isolement social, de l’habitat et des enjeux politiques.

 

Quels sont pour vous les grandes tendances actuelles que vous observez en lien avec cette société dite de quatre générations ?

Ma réponse aurait probablement été différente en février 2020…Aujourd’hui, je vous dirai que nous sommes toutes et tous pleinement - parfois douloureusement - conscient.e.s (1) de l’importance de nos lieux de vie et (2) du besoin vital de solidarité.

Les typologies d’habitat existantes ne répondent plus aux réalités, surtout dans un canton qui mise fortement sur le maintien à domicile. L’habitat doit évoluer vers des formes plus innovantes, plus accessibles, adaptables en fonction des différentes étapes d’une vie et dans une logique de cohabitation à plusieurs générations avec des besoins différents. Mais il ne suffit pas d’adapter ou réinventer le logement, il faut aussi l’ancrer dans une proximité adéquate : celle d’un quartier, d’une commune, d’un canton qui se développe et réfléchit constamment à son aménagement, en tenant compte aussi des limites imposées par le territoire ou par le changement climatique.

Contrairement aux idées reçues, les bouleversements des deux dernières années ont plutôt mis en lumière sur le terrain la solidarité intra- et inter-générationnelle et la capacité de résilience des jeunes, comme des seniors. Nous constatons une plus grande prise de conscience de l’Autre et une sincère préoccupation pour les besoins d’autrui : d’un autre âge, d’une autre origine, d’une autre classe sociale. La crise a révélé ce que nous avons en commun, mais aussi ce que chaque génération peut apporter comme plus-value. Mais ne nous leurrons pas ! La solidarité est à refaire tous les matins, elle n’est ni donnée ni immuable. Les défis sociétaux qui nous attendent risquent de la mettre à l’épreuve et les collectivités publiques ont un rôle fondamental à jouer.

 

Les défis en lien avec la thématique "âge et migration" sont de plus en plus présents dans le domaine de l'intégration. Quels sont vos constats et éventuellement vos recommandations aux institutions et associations actives dans ce domaine?

Le premier constat, est que la PLATEFORME accueille de plus en plus d’associations concernées par le vieillissement des populations issues de la migration. Que ce soit la Croix-Rouge genevoise, l’EPER, l’Université des Cultures de Genève, le CCSI ou bien des associations d’anciens fonctionnaires internationaux. Mais quels sont concrètement les enjeux qui occupent le terrain genevois : L’information ? L’accompagnement ? L’intégration ? La lutte contre l’isolement ? La coordination des acteurs ? Qu’y a-t-il comme points communs entre une femme âgée sans papiers et un haut fonctionnaire de l’ONU à la retraite ? A ce stade, nous avons plutôt des questions, mais assez de masse critique pour commencer à chercher des réponses éclairées. Dans l’esprit de la PLATEFORME, les recommandations émanent d’un travail commun, au sein d’une commission mandatée par nos membres. C’est une musique d’avenir, mais cet avenir est tout proche. Nous vous donnons donc rendez-vous dans une année pour faire le point, car le BIE sera partenaire de cette réflexion !