3 questions à Anais Antreasyan

Photo d'Anais Antreasyan, responsable ad intérim de l’unité Actions pour l’information, la prévention, et l’intégration (AIPI) de l’Hospice général
Photo d'Anais Antreasyan, responsable ad intérim de l’unité Actions pour l’information, la prévention, et l’intégration (AIPI) de l’Hospice général
Responsable ad intérim de l’unité Actions pour l’information, la prévention, et l’intégration (AIPI) de l’Hospice général, Anais Antreasyan décrit le dispositif d’accueil et d’information des personnes nouvellement arrivées, la fonction innovante de « coach communautaire » et relève les défis actuels en matière de primo-information.
  • Quel est le rôle de l’HG dans la mission d’accueil et d’information des personnes qui s’installent dans le canton de Genève, et notamment les personnes réfugiées dans le cadre de l’Agenda Intégration Suisse (AIS) ?

La mission d'information, de prévention ou d'accompagnement de l’Hospice général est destinée à l'ensemble de la population du canton. Parmi celles-ci figurent les personnes réfugiées relevant de l’AIS à qui nous fournissons les informations nécessaires à leur installation. Peu après leur arrivée, elles sont invitées pour un premier atelier qui a lieu tous les mercredis après-midi. Notre unité porte une attention particulière à l’accueil de ces personnes en offrant un espace agréable pour prendre le thé ou le café avant de se rendre en atelier. C’est également là qu’a lieu leur première rencontre avec notre équipe et avec les pairs communautaires qui vont les accompagner tout au long de leur parcours d’atelier.

Après ce premier atelier, les personnes primo-arrivantes reviennent ensuite environ une fois par mois pour suivre six autres ateliers. L’objectif de ce parcours est de fournir des informations essentielles et de qualité sur leurs droits, leurs devoirs et afin de les guider dans leurs premiers pas à Genève. Comment ouvrir un compte bancaire ? Comment se rendre aux HUG ? Quel est le montant des prestations financières qui sont versées chaque mois par l’Hospice général ? Comment gérer un budget à Genève sans s’endetter ? Que faire d’une déclaration d’impôts ? Nous diffusons également des informations de prévention, notamment sur la santé mentale, sexuelle ainsi que les addictions.

Les deux derniers ateliers du parcours concernent la participation citoyenne et le vivre-ensemble. Nous y informons sur notre système politique suisse, ses traditions, et encourageons divers vecteurs de la participation à la vie collective. Nous informons également sur le cadre légal entourant les questions liées au respect de l’environnement, de la diversité culturelle, de genre, et de l’égalité entre les individus. Nous utilisons tout au long du parcours des outils pédagogiques et ludiques afin de favoriser la participation. Le but de l’information est de donner du pouvoir d’agir aux personnes qui la reçoivent.  

  • Dans ce dispositif, des innovations ont vu le jour, par exemple la fonction de « coach communautaire ». Pouvez-vous nous en dire plus ?

Cette fonction est née il y a deux ans et le rôle des coachs communautaires est multiple :

  1. accueillir les personnes de leurs communautés dans l’espace dédié aux ateliers de primo-information,
  2. transmettre les informations en langue d’origine,
  3. animer les ateliers et être un relai vers leurs communautés.

L’idée de recevoir accueil et accompagnement par une personne de sa communauté qui a également vécu un parcours de migration et d’intégration était très prégnante quand le dispositif s’est consolidé. Nous avons créé cette fonction de coach communautaire en partenariat avec la Croix-rouge genevoise (service interprétariat et médiation interculturelle), qui est l’employeur de ces coachs communautaires, et le bureau de l’intégration et de la citoyenneté (BIC). Tout un dispositif d’accompagnement et de formation a été mis en place pour renforcer les connaissances sur les informations à transmettre, le réseau socio-sanitaire genevois et la posture attendue en médiation interculturelle.

De plus, notre unité collabore avec des « ex-pairs » communautaires, qui sont des personnes aidées par l’Hospice général en mesure d’insertion professionnelle au sein de l’AIPI. Elles interviennent surtout dans les deux premiers ateliers pour transmettre les informations en langue d’origine. Cette expérience est un tremplin intéressant sur la voie de l’insertion professionnelle et beaucoup d’entre elles ont pu devenir coachs communautaires, s’engager dans une formation sociale à la HETS, s’orienter vers l’interprétariat communautaire ou prendre d’autres chemins.

Ces pairs communautaires nous permettent un dialogue avec les personnes qui suivent nos ateliers et une adaptation constante du dispositif en fonction de leurs retours et besoins. L’idée de ce projet est également d’étendre le mandat des coachs communautaires en dehors des ateliers de primo-information. Nous avons initié un projet de médiation à la réception du centre administratif du Service d’accompagnement individuel et d’intégration sociale de l’aide aux migrants où deux coachs sont présents deux demies-journées par semaine. Ils permettent une meilleure circulation de la communication entre les bénéficiaires de l’Aide aux migrants et les chargées et chargés d’accueil social.

Deux ans après le début du projet, ces coachs communautaires sont maintenant prêts et prêtes à évoluer dans d’autres cadres que l’AIS et l’AIPI, et peuvent être des relais d’information auprès des personnes de leurs communautés et des différentes institutions genevoises.

  • Quels sont les défis actuels en matière de primo-information?

L’Hospice général accueille tous les jours des personnes de diverses provenances et avec des parcours souvent difficiles. Nous devons nous adapter à leurs langues et à leurs besoins et nous devons également conjuguer avec le contexte politique suisse et européen qui est aussi en mouvement continuel. Nous ne savons jamais à l’avance combien de personnes nous recevrons chaque mercredi aux ateliers.

Dans notre société actuelle, l’information est un défi de taille étant donné son abondance. Un challenge majeur est par conséquent la veille de l’information et sa transmission. Nous devons en effet être bien au courant de notre contexte et des activités du réseau institutionnel et associatif afin de transmettre les informations justes et pertinentes. De plus, de « mauvaises » informations circulent partout et l’enjeu est de diffuser « la bonne » et de la répéter par différents vecteurs à différents endroits. Le rôle des coachs communautaires est d’ailleurs un très bon vecteur de diffusion.