L'UAP - une unité méconnue du DIP qui doit travailler tout en finesse

Type de publication
Date de publication
9 novembre 2022

Alexandre Carillat est responsable de l'Unité d'assistance personnelle (UAP), soit d'une équipe de six éducatrices et éducateurs qui interviennent exclusivement sur mandat du tribunal des mineurs pour les jeunes de 10 à 18 ans. Entretien

Alexandre CarillatQuelle est votre mission ? 
Nous avons pour mission de prendre en charge, sur mandat du tribunal des mineurs, des jeunes ayant commis des délits allant d'un simple vol à la tentative de meurtre. L'équipe de l'unité fait un suivi social intensif en milieu ouvert pour favoriser un retour en formation, une stabilisation familiale et une prise de conscience du délit commis par le ou la jeune. Elle suit en permanence une cinquantaine de jeunes.

Constatez-vous une évolution des délits ?

L'une des problématiques très répandue aujourd'hui est celle qui concerne les jeunes garçons âgés de 14 à 16 ans qui commettent des vols, en particulier de Scooters. Ils conduisent sans permis et peuvent mettre la vie d'autrui et la leur en danger sur les routes en pratiquant des « rodéos » urbains. Ils ont visiblement moins peur de la police et commettent parfois des délits de fuite. 

Quelle influence ont les réseaux sociaux sur les jeunes ?

Sans avoir de preuves scientifiques de savoir qui passe ou non à l'acte, il est imaginable que certains jeunes se nourrissent d'images de certains délits sur les réseaux sociaux. Certains aiment encore se filmer et diffuser leur "exploits", et ensuite ils s'étonnent que la police les repère et les arrête. Paradoxe: parfois, ils se dénoncent eux-mêmes par ces mêmes réseaux sociaux qu'ils regardent. 

Y a-t-il des caractéristiques communes, un profil type ?

Ils viennent de tous les milieux sociaux, mais certains points communs se retrouvent. Le décrochage scolaire, la fin d'activités sportives et un conflit familial sont les trois ingrédients que l'on retrouve souvent et pour lesquels le juge du tribunal des mineurs nous mandate. Il y a aussi, parmi certains d'entre eux, un conflit de loyauté entre leur famille et la société dans laquelle il vivent. Au moment où un jeune est à la recherche de sa propre identité et doit construire son avenir, il est désemparé face à ces messages paradoxaux.

Qu'est-ce qui fait qu'un jeune parvient à s'en sortir ?

La première tâche pour les éducateurs de l'UAP est de créer un lien de confiance avec le jeune et si possible avec sa famille. Sans ce lien, il est impossible d'opérer un changement de représentation et de se projeter dans un avenir plus lointain que demain ! Le jeune doit être accompagné par la bonne personne, au bon moment et avec les bons mots, dans un environnement qui le permet. On est bien sûr toutes les bonnes personnes à l'UAP (rire)

Nous sommes sans arrêt à la recherche de solutions. Il arrive que nous modifions temporairement l'environnement d'un jeune par, par exemple, des séjours de remobilisation, pour lui permettre de se poser des questions existentielles. Nous restons malgré tout humbles car parfois cela ne fonctionne pas, mais il faut essayer, essayer et réessayer. Certains mots que nous prononçons ne font pas tout de suite effet, mais ils peuvent rester ancrés dans l'esprit du jeune, jusqu'à qu'ils raisonnent le moment venu.


 bandeau d'illustration Les échos du DIP

Lettre interne d'informations départementales -
article de l'édition du 14 novembre 2022

Type de publication
Date de publication
9 novembre 2022