Trois questions à...

3 questions à...
3 questions à...
La parole est donnée aux différents membres des axes du projet

Cécile DELNIEPPE
Cheffe de la section PAJ (SPMi)
Membre des "Mesures ambulatoires" (axe 3) et de l'"Evaluation du danger encouru par l'enfant" (axe 2)

Comment voyez-vous votre rôle dans le projet Harpej ?
Après plus de 28 ans dans le domaine de la protection de l'enfance, dont onze ans au SPMi, j'ai rejoint le projet Harpej dès 2020 avec l'ambition de faire profiter le projet de mon expérience et de mes idées pour développer le dispositif. Mon choix s'est porté sur l'axe 3 : mesures ambulatoires et l'axe 2 : évaluation du danger encouru par l'enfant. Au sein de l'axe 3, plusieurs professionnels ont pu exprimer, entre autre, le manque d'une prise en charge de type AEMO "sous contrainte", judiciaire, mandatée par le TPAE. L'objectif étant de pouvoir maintenir au mieux le mineur au sein de sa famille et éviter un placement alors même que la situation est complexe.

Quels sont les messages que vous souhaiteriez transmettre ?
En équipe pluridisciplinaire, nous avons pu échanger sur les missions que nous imaginions pour cette AEMO "judiciaire", ses objectifs, mais également les modalités de sa mise en place. Tous ces échanges ont été riches, toujours dans l'objectif d'une aide supplémentaire et complémentaire au bénéfice des mineurs et de leurs familles. Le groupe était constitué de professionnels de différentes structures mais également de différentes fonctions, ce qui a enrichi le débat et le projet.
Suite à ces multiples rencontres, ce projet a été validé par le conseil d'Etat. La mise en place a suivi immédiatement.

Que verriez-vous émerger comme innovations suite à un tel projet ?
Dès le mois de juin 2022, ma candidature a été retenue et j'ai été nommée cheffe de groupe de cette nouvelle équipe. Mes premières missions sont les suivantes : opérationnaliser le projet, constituer l'équipe et promouvoir la mission auprès des différents partenaires. En tout, 6,4 ETP d'intervenant en protection de l'enfance, 0.4 ETP de secrétaire et 1 ETP pour la cheffe de groupe nous ont été alloués. Le recrutement de l'équipe s'est effectué durant l'été. 3 collaborateurs arriveront en octobre et prendront en charge 24 situations, puis 3 nouveaux collaborateurs en novembre qui pourront également prendre en charge 24 nouvelles situations, puis 2 nouveaux collaborateurs en décembre qui pourront prendre en charge 16 nouvelles situations; pour aboutir à un total de 64 situations en fin d'année.
Les objectifs convenus avec le TPAE pour un mandat d'AEMO "judiciaire" sont les suivants :

  • Enfant en danger dans son développement et exercice défaillant de l'autorité parentale avec un défaut de collaboration passif ou actif des parents,
  • Remobiliser les compétences parentales et utiliser l'autorité parentale dans l'intérêt de l'enfant,
  • Suivi rapproché pour des familles dont la situation est très inquiétante et qui nécessite une observation et une présence régulière,
  • Accompagnement d'une famille pour laquelle le maintien à domicile est encore envisageable mais sur la ligne de crête du placement, et pour laquelle il faut mettre en place des supports (OMP, crèche, etc.).

Les suivis durent six mois, renouvelable éventuellement une fois. Les bilans sont fréquents et la mesure est constamment réévaluée de concert avec le TPAE.
Il ne manquait plus qu'à baptiser l'équipe. L'imagination de chacun a été très productive, ce qui a permis au bureau Harpej de rendre sa décision : la section d'AEMO judiciaire du SPMi s'appellera PAJ (Protection et Accompagnement Judiciaire). Une nouvelle PAJ se tourne !
Je suis convaincue que cette nouvelle prestation aura toute sa place au sein du SPMI et plus largement dans le cadre du dispositif de protection de l'enfant au sein du canton de Genève. 

Véronique HILTPOLD
Présidente du Tribunal civil
Membre du sous-groupe "Prévention" de l'Axe 1 et du sous-groupe "Parents avec problèmes de santé spécifiques" de l'Axe 3

Qu'apporte le travail en cours dans l'axe 1 d'Harpej au Pouvoir judiciaire ?
Il permet de mieux comprendre le travail des différents intervenants du réseau et de fluidifier les échanges avec eux. A terme, j'espère également qu'à l'inverse, le fait de pouvoir expliquer le rôle du juge dans une procédure aux autres intervenants leur permettra de mieux comprendre le travail du Pouvoir judiciaire et le contexte dans lequel le juge est amené à intervenir, afin que nous puissions tous ensemble mieux répondre aux situations familiales complexes. Dans le cadre de la prévention, un travail en amont de la saisine des autorités judiciaires par rapport à une situation de séparation ou de danger pour un mineur est primordial. Cette prise en charge en amont sur laquelle nous travaillons n'aura pas d'impact direct et actuel sur l'activité du Pouvoir judiciaire mais devrait à terme pouvoir apporter des dossiers mieux construits.

Est-ce qu'Harpej a contribué à modifier votre regard sur la protection ?
Encore une fois, les échanges ont été très riches et m'ont permis de mieux connaître les différents intervenants.

Quels seraient, selon vous, les enjeux et défis communs entre le Pouvoir judiciaire et l'OEJ ?
Des moyens supplémentaires pour protéger les familles et les mineurs en danger.

Pierre-Alain CHATELAN
Président du Tribunal de protection de l'adulte et de l'enfant
Membre du groupe projet de l'Axe 1, de l'Axe 2 et de l'Axe 3 et membre du sous-groupe "Equipes mobiles" de l'Axe 3

Qu'apporte le travail en cours dans l'axe 1 d'Harpej au Pouvoir judiciaire ?
Le travail de cet axe révèle la complexité des réalités que peuvent recouvrir les problèmes de relations personnelles parents-enfants, leur surveillance et leur organisation. Il offre une vision globale de la problématique des curatelles SRP, la possibilité de mieux connaître les pratiques des uns et des autres et de réfléchir aux attentes du Pouvoir judiciaire face à ces curatelles. Il souligne enfin la nécessité pour les divers intervenants des situations concernées d'être en lien et de mieux se comprendre.

Est-ce qu'Harpej a contribué à modifier votre regard sur la protection ?
Harpej confirme le besoin d'échanges entre les intervenants, pour une protection plus efficiente, et donc d'y consacrer temps et moyens.

Quels seraient, selon vous, les enjeux et défis communs entre le Pouvoir judiciaire et l'OEJ ?
Continuer à favoriser des synergies pour mieux se connaître ; faire face ensemble à la masse croissante des situations et à leur complexification ; s'unir pour solliciter davantage de moyens, à tout le moins empêcher les baisses de prestations ; collaborer à la mise en œuvre des prestations nouvelles à venir, notamment l'"AEMO judiciaire" et les équipes mobiles.

Sophia PROCOFIEFF
Cheffe du service d'autorisation et surveillance des lieux de placement (SASLP)
Cheffe du sous-groupe "Exercice du droit de visite pour enfants placés" (axe 3) et membre du sous-groupe "Place du SPMi dans le dispositif" (axe 4)

Comment voyez-vous votre rôle dans le projet Harpej ?
Le SASLP en sa qualité d'autorité de surveillance a une vision d'ensemble et unique des placements et de la qualité de la prise en charge. Cela concerne aussi bien les familles d'accueil avec hébergement (FAH) que les foyers d'éducation spécialisée. Cette connaissance et cette vue d'ensemble sont une richesse que l'on partage au sein des sous-groupes auxquels des chargées d'évaluation du SASLP participent.
Personnellement je suis responsable du sous-groupe sur les droits de visite pour enfants placés, membre du groupe projet de l'axe 3 et membre du sous-groupe place du SPMi dans le dispositif. Je pense que l'expertise du SASLP a le potentiel d’être encore plus utilisée au sein du projet Harpej, pour une prise en charge optimale des enfants qui doivent être placés dans des familles ou des foyers.

Quels sont les messages que vous souhaiteriez transmettre ?
Le projet HARPEJ est une opportunité pour mettre en valeur des mesures de protection de l'enfant qui ne sont pas du ressort du SPMi. Par exemple l'adoption internationale ou nationale ainsi que l’adoption par conjoint qui représente une activité importante pour mon service.

Que verriez-vous émerger comme innovations suite à un tel projet ?
Pour l’instant, nous travaillons à Genève avec des familles d’accueil formidables mais peu d’entre elles peuvent accueillir des jeunes en urgence ou des adolescents ayant des difficultés spécifiques. J’espère donc un élargissement de l'offre pour répondre à ces besoins. On pourrait envisager un petit nombre de familles d’accueil comprenant des éducateur.trice.s spécialisé.e.s.
Je pense aussi qu’il serait précieux de développer l’accompagnement des parents d'enfants placés en familles d'accueil ou en foyers, que le placement se soit fait à leur demande ou sur décision du tribunal. Dans le même ordre d’idée, la mise en place d'une formation obligatoire pour les familles d’accueil serait un vrai plus. Elle est prévue dans le règlement d'application de la loi sur l'enfance et la jeunesse (LEJ) mais le règlement n’est pas encore adopté. Cette formation aura l'avantage de permettre aux FAH de long terme d'asseoir leur rôle et leur reconnaissance et de les poser comme des acteurs à part entière du placement.
Enfin, une innovation encore que j’espère serait de réfléchir avec les associations partenaires du DIP à une prise en charge des enfants non binaires, que ce soit par un lieu d’accueil dédié, ce qui serait une première en Suisse, ou une formation des professionnel.le.s dans les foyers actuels et les services de l’Etat.

Madeleine MIRABAUD
Médecin adjointe et responsable de la consultation groupe protection de l'enfance (GPE) aux hôpitaux universitaire de Genève (HUG)
Membre de plusieurs groupes du projet

Comment voyez-vous votre rôle dans le projet Harpej ?
Mon rôle dans Harpej est double: d'une part, partager mon expérience professionnelle de presque 20 ans dans le domaine de la protection de l'enfance; d'autre part, participer à la réflexion interdisciplinaire concernant les besoins de l'enfant et les différentes mesures de protection envisageables.

Quels sont les messages que vous souhaiteriez transmettre ?
Le projet HARPEJ est une opportunité pour mettre en valeur des mesures de protection de l'enfant qui ne sont pas du ressort du SPMi. Par exemple l'adoption internationale ou nationale ainsi que l’adoption par conjoint qui représente une activité importante pour mon service.

Que verriez-vous émerger comme innovations suite à un tel projet ?
Pour l’instant, nous travaillons à Genève avec des familles d’accueil formidables mais peu d’entre elles peuvent accueillir des jeunes en urgence ou des adolescents ayant des difficultés spécifiques. J’espère donc un élargissement de l'offre pour répondre à ces besoins. On pourrait envisager un petit nombre de familles d’accueil comprenant des éducateur.trice.s spécialisé.e.s.
Je pense aussi qu’il serait précieux de développer l’accompagnement des parents d'enfants placés en familles d'accueil ou en foyers, que le placement se soit fait à leur demande ou sur décision du tribunal. Dans le même ordre d’idée, la mise en place d'une formation obligatoire pour les familles d’accueil serait un vrai plus. Elle est prévue dans le règlement d'application de la loi sur l'enfance et la jeunesse (LEJ) mais le règlement n’est pas encore adopté. Cette formation aura l'avantage de permettre aux FAH de long terme d'asseoir leur rôle et leur reconnaissance et de les poser comme des acteurs à part entière du placement.
Enfin, une innovation encore que j’espère serait de réfléchir avec les associations partenaires du DIP à une prise en charge des enfants non binaires, que ce soit par un lieu d’accueil dédié, ce qui serait une première en Suisse, ou une formation des professionnel.le.s dans les foyers actuels et les services de l’Etat.

Catalina CURE
Intervenante en protection de l'enfant au service d’évaluation et d’accompagnement de la séparation parentale (SEASP)
Membre du sous-groupe "Surveillance des relations personnelles" (axe 1)

Comment voyez-vous votre rôle dans le projet Harpej ?
Je suis une personne de terrain avec de l'expérience en ce qui concerne les situations de séparation familiales, je dispose également d'une formation de sociologue. Je considère que mon rôle dans le projet Harpej est donc de contribuer à la recherche et à l'analyse du traitement qui est actuellement proposé dans notre Canton des mesures de curatelles d'organisation et de surveillance des relations personnelles, les fameuses 308.2 CC, dites "curatelles de surveillance des relations personnelles (SRP)" ou généralement nommées "curatelles de droit de visite (CDV)". Une fois l'analyse des pratiques existantes menée à bien, nous pourrons envisager des changements dans le but d'améliorer les prestations offertes à la population. Mon rôle sera alors de contribuer aux propositions. Concrètement, dans le projet Harpej, je suis une professionnelle qui s'implique dans le but de faire avancer les réflexions. Actuellement, je m'attelle avec d'autres personnes de mon sous-groupe à élaborer des questionnaires dans le but de disposer des données qui nous sont nécessaires à la réflexion. Personnellement, je trouve très enrichissant de pouvoir partager avec un groupe pluridisciplinaire, composé de personnes très intéressantes et intéressées par cette mesure de protection, les enjeux, problématiques et perspectives d'avenir.

Quels sont les messages que vous souhaiteriez transmettre ?
Même si chacun d'entre nous à une vision et des idées sur le thème, qui découlent généralement de son domaine d'activité, il faut rester ouvert d'esprit afin de permettre à quelque chose de nouveau d'émerger et de se construire.

Que verriez-vous émerger comme innovations suite à un tel projet ?
C'est encore un peu tôt pour le dire… mais il faudra faire preuve d'ingéniosité… et il faut également que cela soit adapté aux moyens financiers et organisationnels réalistes. Je crois que ce type de projet d'envergure, comme Harpej, est essentiel pour pouvoir réfléchir et ajuster au mieux les prestations de l'Etat aux besoins actuels de la population. La séparation parentale est une réalité sociale massive qui amène des conséquences importantes pour les enfants et la société, surtout quand cela se passe mal. Nous devons réfléchir et nous pencher sur ces questions. Le projet permet cette synergie entre les divers acteurs ce qui est déjà en soi un espace de création bienvenu.