Troubles psychiques : quels enjeux pour le MIPP ?

Type de publication
Date de publication
24 avril 2025
Troubles psychiques : quels enjeux pour le MIPP ?
Troubles psychiques : quels enjeux pour le MIPP ?
Le profil des personnes qui s'adressent au MIPP et leurs personnalités sont variées. Les médiatrices et les médiateurs sont formés pour pouvoir s'adapter aux modes de communication, aux logiques et aux besoins propres à chaque individu.

Cependant, le MIPP constate de manière récurrente depuis plusieurs années, qu'une partie de son public formule des doléances qui semblent incohérentes ou irréalistes. Par exemple, sur les 113 dossiers traités en 2024, 8 demandes concernaient l'implication de la police dans un complot orchestré par un ou des individus dans le but de nuire à la personne qui sollicitait le MIPP. Par ailleurs, 5 de ces personnes avaient déjà eu recours au MIPP par le passé. Souvent leur problème occupe de nombreux services de l'administration. Beaucoup sont dans une grande précarité psycho-sociale, marginalisés et en conflit chronique avec leur environnement. Quasiment aucun n'a pu maintenir une activité professionnelle. Nous avons même été les témoins impuissants de la dégradation de la situation psychique et matérielle de plusieurs d'entre eux.

Il y a aussi celles et ceux hospitalisés de force par la police suite à une décompensation. Il y a celles et ceux dont la communication est très conflictuelle, déterminés à obtenir que la réalité se conforme à leur attente.

Les situations en lien avec des troubles mentaux représente environ 15 à 20% des situations traitées.
 

Garantir l'accès aux droits, soulager et canaliser

Les difficultés de cette population à formuler ses attentes et à être dans la réalité questionne l'utilité du MIPP et la pertinence de mettre en place une médiation. 
Les collaboratrices et collaborateur du MIPP fournissent néanmoins une écoute neutre et empathique à toute personne qui les sollicite. Outre l'écoute et l'accompagnement pour clarifier chaque attente, le rôle du MIPP est aussi de s'assurer que malgré un discours qui semble délirant, les droits et la dignité de la personne soient préservés. 

Il est tout à fait envisageable de faire des rencontres de médiation dans certains cas. Le but sera davantage de rassurer, soulager ou canaliser plutôt que l'explication et le changement de perception. Le MIPP collabore souvent avec les ilotières et ilotiers de la police de proximité sur ces situations.
Par contre, l'enjeu est de mettre un terme au suivi lorsque la demande devient répétitive et que le besoin se limite à l'écoute.
 

Préserver la sécurité et santé mentale des collaboratrices et collaborateur du MIPP

Il est important de relever que l'accompagnement de personnes en détresse qui peuvent parfois aussi être agressives, manipulatrices, confuses, harcelantes ou délirantes comporte des risques pour la santé du personnel du MIPP.

Tout d'abord pour sa santé physique, recevant des personnes qui peuvent être imprévisibles et instables, il est déjà arrivé aux collaboratrices et collaborateurs de ne pas se sentir en sécurité ou de faire l'objet de menaces de mort. 

Au niveau psychologique, l'exposition à la détresse, la difficulté à comprendre et satisfaire les demandes, mais aussi le fait de devoir cadrer constamment peut entraîner frustration et fatigue compassionnelle.

Si l'augmentation des personnes en souffrance psychologique est avant tout un enjeu sociétal, au niveau du MIPP, il implique d'adapter son dispositif pour soulager ces personnes, les canaliser mais aussi pour préserver son personnel.

Soucieux et démuni face à la hausse de ce type de situation, le MIPP a pris contact en 2023 avec le service de psychiatrie adulte des HUG. Ce dernier a mis à disposition un psychiatre de référence qui peut être sollicité par les médiatrices et médiateur lorsqu'ils ont besoin de parler d'une situation.
 

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Date de publication
24 avril 2025