Le Conseil d’Etat vaudois vient de demander au Grand Conseil d’accorder un crédit d’investissements de 7,6 millions pour pouvoir lancer l’année prochaine les travaux sur le Rhône. Ce montant complète ainsi les 4,2 millions déjà accordés par le législatif genevois et le million annoncé par le gouvernement valaisan. A ces montants s’ajoutent les 3 millions de dons récoltés par l’ABVL. Les gouvernements des trois cantons saluent à cette occasion l’engagement sans faille des amoureux des bateaux historiques pour préserver la plus grande flotte Belle Epoque au monde, qui a reçu ces dernières années de nombreux prix.
Le Rhône est le dernier bateau-salon à vapeur à roues à aubes entièrement construit en Suisse. Ce joyau de la CGN, mis en service à l’occasion de la Fête des vignerons de 1927, est l’ultime représentant d’une architecture navale typique du Léman. S’il conserve de ses prédécesseurs des lignes élégantes et une proue rappelant celle des goélettes, ce bateau se distingue par une machine à vapeur unique en son genre équipée d’un système de graissage automatique. Il représente ainsi l’aboutissement du savoir-faire de l’entreprise Sulzer Frères et de son architecte naval Gunnar Hammershaimb, qui a dessiné tous les vapeurs lancés par la CGN depuis la fin du XIXe siècle.
Comprenant huit bateaux à roues à aubes, tous classés monuments historiques par le canton de Vaud en 2011, la flotte Belle-Epoque de la CGN constitue un ensemble patrimonial unique au monde. Permettre à ces navires de continuer à naviguer est un enjeu de premier ordre pour l’économie locale et touristique de la région lémanique. Il faut notamment permettre à la CGN de disposer d’une flotte suffisante et ainsi assurer et maintenir des prestations à l’horaire. Ces dix dernières années, deux autres bateaux historiques ont été rénovés avec l’aide des pouvoirs publics : le Vevey et l’Italie. Aujourd’hui, c’est au tour du Rhône de bénéficier de travaux similaires: remise à neuf de la structure, installation de nouvelles chaudières, amélioration du confort et de la sécurité, le tout en préservant l’aspect originel du bateau. Le développement durable sera également favorisé dans le cadre de la déconstruction, de l’élimination des déchets et du choix des matériaux lors de la rénovation.
Désarmé depuis 2017 pour des raisons de sécurité, le retour en service du Rhône fin 2020 permettra de pallier le retrait programmé du service touristique du bateau à hélice Général-Guisan, en fin de vie. A l’horizon 2023-2025, l’ABVL et la CGN souhaitent également entreprendre des travaux de restauration sur le grand vapeur Simplon, pour lui permettre de continuer à naviguer à long terme.