Découvrez un témoignage authentique et son engagement en faveur de l'égalité.
Engagé à l'Etat de Genève en 2003, j'ai tout d'abord travaillé dans un centre d'interventions techniques avant d'aborder pas à pas le domaine de l'accessibilité au web pour les personnes déficientes visuelles. J'emploie volontiers l'expression "pas à pas", car selon moi, cette problématique se traite par tâtonnement, bien que des normes internationales strictes aient été édictées. Au sein de l'Etat de Genève, l'ensemble des sites et applications sont tenus par la loi d'être rendus accessibles au plus grand nombre.
À ce jour, en tant qu'expert en accessibilité des services numériques de l'Etat, mon rôle consiste notamment à faciliter l'accès à l'information en ligne pour les personnes non-voyantes : remplir sa déclaration d'impôts, renouveler un document d'identité ou encore effectuer une demande de manifestation. L'objectif étant que les personnes déficientes visuelles puissent accéder sans barrières à toutes les prestations en ligne proposées par l'administration cantonale genevoise.
Lorsque je travaille sur un projet, la première étape consiste à définir un public cible à sensibiliser. Pour ce faire, je m'adresse en priorité à des développeurs et des chefs de projet pour les rendre attentifs aux problèmes d'accessibilité que va rencontrer un non-voyant, qui travaille avec une ligne braille et une synthèse vocale, donc dans l'impossibilité de se servir de la souris.
Concrètement, "sensibilisation" signifie pour moi "mise en situation". Prenons le cas d'un formulaire auquel il manquerait un champ "X" ou "Y". Une personne voyante pourrait facilement déduire l'information qu'elle doit remplir en se servant de la vue d'ensemble du formulaire. Au contraire, un non-voyant n'aura qu'une vision séquentielle du formulaire. Ainsi, il va se trouver face à un problème bloquant.
C'est principalement pour cette raison que la sensibilisation des métiers concernés doit s'opérer dès la phase de conception d'un projet. Il est possible de rendre des sites web ou des applications accessibles sans engager de grandes sommes d'argent. Il suffit de maîtriser les éléments techniques de conception et de développement. En parallèle, j'accompagne les chefs de projet et les développeurs en leur apportant les bons outils.
En plus de la sensibilisation, je veille à ce que les recommandations d'accessibilité soient mises en pratique. J'effectue des tests réguliers de sites et applications en me basant sur une grille d'évaluation spécifique qui contient 13 thématiques et 113 questions. Ainsi, je peux évaluer la qualité d'accessibilité d'un site ou d'une application à un instant "T" de la manière la plus objective possible.
A titre d'exemple, j'ai récemment testé un certain nombre de documents en format PDF. Ils décrivaient la progression de la pandémie de COVID-19 à Genève, des informations essentielles qui doivent être accessibles. En l'état, je ne pouvais que les ouvrir sans pouvoir en lire le contenu. J'ai donc adressé une liste de recommandations pour que ce document soit exploitable par un utilisateur de moyens auxiliaires. Mon rôle prend ici tout son sens : favoriser l'inclusion numérique !
À l'avenir, je compte bien continuer à promouvoir l'accessibilité au sein de l'Etat de Genève pour que toutes et tous soient égaux face à la transformation numérique opérée par notre administration.
Cet article a été rédigé par Monsieur Julien Conti, expert en accessibilité à l'OCSIN.