Coup de bambou sur la vaisselle végétale !

Vaisselle végétale prélevée par le SCAV  en attente d’analyse
Vaisselle végétale prélevée par le SCAV en attente d’analyse
Le service de la consommation et des affaires vétérinaires (SCAV) du canton de Genève a mené une campagne de contrôle vaisselle jetable ou réutilisable dite "végétale" (bambou, palmier, cellulose, canne à sucre, cire d'abeille, écorce de maïs, etc.). 18% des échantillons analysés ne respectaient pas les exigences légales et ont été retirés du marché. De plus, la nature des substances retrouvées dans certains échantillons démontre que ces derniers étaient en réalité fabriqués de polymères plastiques additionnés de fibres végétales.

Ce sont 88 échantillons de contenants alimentaires vendus comme "végétaux" qui ont été prélevés dans différents commerces de Suisse romande en 2020 et contrôlés par le SCAV. 

La préoccupation des autorités de différents pays à bannir le plastique de la vaisselle jetable a vu apparaître sur le marché beaucoup de matériaux dits "biosourcés" à base de bambou, d'écorce de maïs, de palmier ou encore de cire d'abeille. Pour leur conférer rigidité et imperméabilité aux denrées alimentaires, ces matériaux dont la dénomination suggère une nature entièrement végétale sont souvent composés en grande partie de polymères plastiques sans que le consommateur n'en soupçonne la présence. Ils peuvent donc contenir des additifs ou des composés de synthèse nocifs pour la santé pouvant migrer dans les aliments et susceptibles d'engendrer des perturbations du système hormonal.

Le SCAV a recherché ainsi la présence d'une quarantaine de substances parmi lesquelles le formaldéhyde, la mélamine, des composés CMR (Cancérogène Mutagène ou Réprotoxique) ou suspectés de l'être, ou des substances extrêmement préoccupantes dont les propriétés peuvent engendrer une perturbation du système endocrinien. Ces dernières sont capables d'imiter ou d'inhiber les hormones naturelles et d'induire des effets néfastes sur l’organisme. Les dysfonctionnements hormonaux qu'elles engendrent ont des effets plus marqués chez les enfants. 

Les analyses n'ont pas révélé de non-conformité pour les perturbateurs endocriniens règlementés. En revanche, des dépassements importants de formaldéhyde et/ou de mélamine, deux composés CMR, ont été constatés sur une grande partie des objets réutilisables estampillés «bambou» donnant lieu à un pourcentage élevé de contestation au sein de cette seule catégorie (38%).  Ce type de vaisselle en «bambou», dont la dénomination suggère une nature entièrement végétale, est en réalité généralement obtenue à partir d'un mélange de fibres végétales avec une résine plastique à base de mélamine-formaldéhyde. Or, lorsqu'il est chauffé ou mis en contact avec certaines denrées acides, ce type de polymère peut libérer du formaldéhyde, classé par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) comme «substance cancérogène avérée pour l’homme» et/ou de la mélamine, susceptible d'entraîner des lésions rénales. 

Les objets testés non conformes ont tous fait l’objet d’une décision de retrait du marché. Par précaution et de manière générale, il convient toutefois de rappeler qu'il faut respecter scrupuleusement les conditions d'utilisation prévues par les fabricants pour l'utilisation de ces objets. En effet, avec certains types de matériaux, le chauffage, l’utilisation du micro-ondes ou des temps de contact prolongé avec les denrées alimentaires est déconseillé car cela favorise la migration de contaminants dans les aliments. Pour les mêmes raisons, l’emploi de vaisselle plastique trop usée ou endommagée est à proscrire.

Ces résultats sont en adéquation avec les analyses réalisées dans d'autres pays et relayées par le système européen d’alerte rapide pour les produits non alimentaires dangereux (RASFF - Rapid Alert System for Food and Feed). Par conséquent, le SCAV poursuivra ses contrôles dans ce domaine.