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Les salutations protocolaires ayant déjà été prononcées, je me permets de vous saluer, Mesdames et Messieurs, de manière succincte en vos titres et fonctions,
Cette rentrée, plus que toute autre, est marquée, pour vous comme pour moi, par le défi de la transition. Transition pour sortir de la crise, transition pour soutenir et concrétiser la durabilité.
Sur le terrain, quand nous nous rencontrons, Mesdames et Messieurs, j’entends bien que vos motifs d’inquiétude sont nombreux, et différents selon votre activité.
J’entends aussi, et ça renforce mon énergie, la volonté de sortir ensemble de cette crise encore plus entreprenants et plus résilients. Nous voulons nous projeter dans l’avenir, un avenir sain et durable, et évoluer ensemble dans un environnement de confiance.
Vous qui avez les mains au quotidien dans la mécanique économique, en tant que responsables d’entreprises, vous savez combien avoir confiance en l’avenir est important. La confiance vous permet
- de mettre en œuvre votre stratégie sur le moyen-long terme,
- de planifier votre politique d’investissement, indispensable au développement de vos activités.
- la confiance vous incite à embaucher,
- et elle vous encourage à former davantage vos collaboratrices et vos collaborateurs.
La crise que nous traversons nous oblige à la transition. Cette crise nous a, toutes et tous, affectés mais de manière très différente. Qu’avez-vous vécu ces derniers mois ? Un arrêt partiel ou total de vos activités ? Une année de chiffres d'affaire et de revenus perdus ? Une année d'opportunités ?
Etes-vous l'une des 5000 entreprises qui a bénéficié, au cours des derniers mois, de la solidarité des Genevoises et des Genevois? Pour la survie des entreprises et des emplois, l'aide publique à fonds perdu est de près de 420 millions de francs à ce jour.
Les entrepreneur.e.s de l’hôtellerie-restauration, de l’événementiel, du tourisme, ceux pour qui la reprise n’a pas encore eu lieu le savent bien, puisque je les rencontre régulièrement : je m’engage, à Berne comme à Genève, pour la prolongation et l’assouplissement des mesures d’aide.
Quoi qu’il en soit, vous êtes ici, parce que, comme moi, vous avez fait vôtre cette maxime de Nelson Mandela, infatigable combattant de la liberté qui a nourri ma jeunesse : « La plus grande gloire n’est pas de ne jamais tomber, mais de se relever après chaque chute ».
La ministre de l’économie et de l’emploi que je suis a à cœur de vous défendre et de vous accompagner dans le changement.
La mission du Conseil d’Etat, et la mienne tout particulièrement, est de vous offrir les meilleures conditions cadres et de construire avec vous un environnement de confiance, pour que nous puissions affronter ensemble, sereinement, les inévitables incertitudes.
Je sais que la concurrence internationale est rude pour les entreprises genevoises, qui doivent composer tant bien que mal avec des distorsions de concurrence comme avec les GAFAM, par exemple, qui échappent encore à la fiscalité, ou avec le tourisme d’achat. La dépendance de notre économie face à des
Grandes puissances, en matière d’approvisionnement notamment, est une préoccupation pour vous comme pour moi.
Dans ce contexte, pour vous offrir les meilleures conditions cadres possibles, une vision reposant sur des valeurs et une stratégie ancrée dans la réalité de l’action sont essentielles.
Dans ma vision, la société est démocratique :
- elle respecte les libertés individuelles et la diversité.
- Elle sait accueillir la créativité et l’innovation.
- Elle permet l’action et valorise l’intérêt général.
- Elle fait reculer les inégalités et les discriminations. Elle est inclusive.
Il n’y a qu’une seule planète Terre. Nous n’avons qu’un seul territoire genevois. Il est de notre devoir à toutes et tous, entreprises, institutions privées et publiques, de le préserver et de garantir son avenir. Pour nos enfants.
Dans ma vision, l’économie est circulaire.
- Elle repose sur le renouvelable.
- Elle vise la réduction du CO2, tend au minimum de déchets et sait les valoriser.
- Elle crée de l’emploi – de l’emploi de qualité.
- Et elle forme la relève, parce que c’est aussi une condition de la durabilité.
Dans ma vision, ce sont les entreprises qui sont le moteur de l'économie. Je sais que vous les entreprises, vos dirigeants et vos employés, vos fournisseurs et vos clients, vous êtes au cœur de notre prospérité. Et c'est bien à vous que j'entends apporter mon soutien.
Comme vous, je suis accablée par le nouveau rapport du GIEC, par les incendies monstrueux, les inondations ravageuses, par les ouragans dévastateurs. Comme moi, vous êtes préoccupés, et je sais qu’avec vos associations professionnelles vous identifiez les risques entrepreneuriaux que provoque le changement climatique.
Au cours des 18 derniers mois, Genève a su démontrer sa capacité d’adaptation en situation de crise. Nous pouvons nous en féliciter.
Genève doit maintenant démontrer sa capacité de transformation structurelle.
Mesdames et Messieurs,
Le défi est de taille! Nous devons ensemble actualiser les conditions cadres. Les questions de fiscalité, de mobilité, d’aménagement, de cohésion sociale et de sécurité, doivent être repensées à l’aune des enjeux cruciaux que sont devenus
- d'une part: le réchauffement climatique et l’environnement,
- et d’autre part: la révolution numérique.
Comment s’y prendre ?
Ma stratégie est orientée vers l’action.
Le premier axe de mon action, c’est la construction de consensus, qui repose sur l’écoute et la concertation.
Que vous soyez responsables de multinationales ou de PME, ou chef.fe de très petites entreprises, je suis ici ce soir pour vous dire que je suis non seulement à votre écoute, mais surtout toujours prête au dialogue, pour agir ensemble.
L’écoute et la concertation, je me suis appliquée à les mettre en œuvre, dans mon département bien sûr, mais surtout dès le premier conflit social auquel j’ai été confrontée comme Conseillère d’Etat dans le secteur aéroportuaire.
La reprise des discussions entre les partenaires sociaux aussi fragile soit-elle encore – est un signal encourageant pour l’ensemble de l’économie. Elle met en évidence l’importance et l’intérêt – pour tous – de négocier des conventions collectives qui permettent d’éviter que les inévitables tensions ne se transforment en conflits sociaux longs et douloureux.
Mon deuxième axe d'action, c'est le développement d’outils communs.
Je n’attends pas le Grand soir ! Mais je crois aux petits matins, quand on se réveille rempli d’énergie pour atteindre les objectifs que l’on s’est donnés. Ou quand on se couche au petit matin, rempli de la satisfaction de les avoir atteints !
Nous devons avancer côte à côte, en fonction de nos moyens, en nous fixant des objectifs, spécifiques, mesurables, atteignables, réalistes et qui puissent être évalués périodiquement.
Je vais mettre à disposition des entreprises des outils vous permettant de poser des diagnostics et définir vos propres objectifs pour rendre votre activité durable.
Car ce sont vos propres projets de transformation et d'évolution que je veux soutenir, à l'échelle de vos entreprises, mais aussi de branches ou de filières. Ces projets sont des investissements, je veux vous apporter le soutien logistique, voire financier, nécessaire pour atteindre vos objectifs et pour valoriser vos résultats.
Je mobiliserai, et j'ai déjà commencé, les compétences et expertises présentes à Genève (et ce n'est pas ce qui manque !!), aussi bien dans le secteur privé que dans les Hautes écoles, pour mettre en place ces outils.
J’aimerais insister sur le fait qu’une économie durable ne peut être qu’une économie circulaire. C’est un véritable changement de perspective qu’il nous faut adopter. Oublions l’économie linéaire du siècle dernier qui produisait, utilisait et jetait, et passons à une économie circulaire qui minimise la dépendance aux ressources, qui pense les produits industriels ou les services en cycles de vie – conception, réparation, réutilisation, recyclage !
Le troisième axe de mon action sera un « pilotage souple » (ou « soft power »). Si l’Etat peut et doit, selon moi, être le pilote de la transition vers la durabilité, il ne peut en aucun cas la décréter ! Dans un esprit davantage incitatif que dirigiste, l’Etat doit agir en subsidiarité.
Pour piloter de manière cohérente la transition économique, j’avais besoin de réunir dans le même département la promotion économique et l’emploi. Merci à mes collègues du Conseil d’Etat de l’avoir bien compris.
La promotion économique doit en effet valoriser la création d’emplois pérennes, dans les secteurs d’avenir ; les relations de travail doivent se développer dans un cadre de négociation, essentiellement bilatéral, subsidiairement tripartite, reposant sur la reconnaissance des divergences et sur la bonne foi pour les régler.
La promotion économique doit aussi stimuler l’innovation, une innovation qui dépasse la seule innovation technologique. L’innovation sociale, l’innovation collaborative, culturelle, organisationnelle … ce sont autant d’innovations qui peuvent et doivent contribuer à la création d’emplois et au bien-être social.
Les termes économie et écologie proviennent de la même racine, « oikos », qui signifie « la maison » en grec.
Si nous pensons à Genève, et son bassin de vie, comme à notre maison commune, que nous voulons faire prospérer ensemble, cela nous amène à réfléchir à notre souveraineté sur les ressources et les activités qui y sont produites.
Prenons l’exemple de la sécurité numérique.
Avec les progrès de l’intelligence artificielle, l’immense richesse que nous possédons aujourd’hui, ce sont nos données personnelles, d’entreprises, collectives que s’arrachent les GAFAM.
Reprendre le pouvoir sur nos données numériques, c’est recouvrer notre sécurité et notre souveraineté numériques, dans le respect de la personnalité des individus et des sociétés, valeur qui est au cœur de notre système politique et économique.
Mesdames, Messieurs,
Pour conclure,
Je me réjouis de vous soutenir concrètement, vous toutes et vous tous qui avez à cœur de relever, pour votre entreprise et pour Genève, ce défi d’excellence et d’exemplarité.
Quand je dis vous toutes et vous tous, je pense
- aux entreprises offrant des biens et services de proximité, aussi bien qu’aux entreprises fortement exportatrices.
- Aux multinationales comme aux PME.
- Aux entreprises lucratives aussi bien qu’aux entreprises de l’économie sociale et solidaire.
- Je pense au négoce de matières premières, dont la responsabilité sociale et environnementale ne se limite pas au territoire genevois.
- Je pense au secteur bancaire et financier qui joue un rôle d’avant-garde dans le domaine de la finance durable, comme en témoigne son engagement pour l’événement « Building Bridges » qui aura lieu à Genève en novembre.
Notre force et notre prospérité reposent sur notre réseau dense d'entreprises de toutes tailles, fortement ancrées dans le territoire genevois. Et c’est bien le cœur de ma mission en tant que ministre genevoise de l’économie et de l’emploi que d’accompagner la reprise pour, à la fois, éviter les faillites, et orienter la production de biens et de services vers une économie durable.
Enfin,
Avec l’appui du parlement je l’espère – je vais mobiliser des ressources
- pour vous soutenir dans la reprise
- pour promouvoir l’économie circulaire et
- pour investir dans vos projets d'innovation technologique et sociale.
Au nom du Conseil d'Etat, je me réjouis de vous accompagner au cours des années à venir. Cette Rentrée des entreprises est une formidable occasion de renouer les liens et de dessiner les contours de nouveaux projets que je me réjouis de voir émerger dans notre canton.
Je tiens à remercier chaleureusement la FER Genève de m’avoir invitée à partager avec vous, Mesdames et Messieurs les entrepreneur.e.s, ma vision et ma stratégie pour l’économie genevoise.
Et j’espère que l’an prochain, nous nous retrouverons pour une première évaluation des résultats que nous aurons obtenus ensemble.
Je vous remercie de votre attention et vous souhaite une très bonne soirée.