Histoires d’archéo: L'aqueduc de Genève

Au début de l’année 2024, le Service d’archéologie a découvert un aqueduc d’époque romaine en ville de Genève, à Malagnou (fig. 1-2). L’ouvrage est remarquablement bien conservé : il s’agit d’un canal construit avec des blocs de tuf et muni d’un toit en voute rendu étanche par une épaisse chappe de mortier. Le radier de fondation et le revêtement des parois internes semblent avoir été altérés par le passage de l’eau, jusqu’à disparaître.

Les vestiges mis au jour correspondent probablement à un rameau secondaire de l’aqueduc qui assurait l’approvisionnement en eau de Genève à l’époque romaine (fig. 3). Selon l’hypothèse de Louis Blondel, la branche principale, longue de 11 kilomètres environ, trouvait son point de départ à Cranves, du côté français de la frontière. La chronologie de l’ouvrage demeure très incertaine. Deux inscriptions attribuables au troisième quart du Ier siècle apr. J.‑C. font référence à des réservoirs d’eau offerts aux Genevois par un notable de la colonie de Nyon (fig. 4). Il est légitime de supposer qu’une partie au moins de l’aqueduc existait déjà cette époque.

En exploitant une source de montagne, les Romains évitaient l’étendue stagnante du Léman tout en bénéficiant d’une différence d’altitude qui facilitait la distribution d’eau dans la ville. Cela les obligeait néanmoins à franchir plusieurs obstacles naturels : ravins du Foron et de la Seymaz avec des ponts, plateau de Chêne-Bougeries avec un tunnel. À Genève comme ailleurs, les aqueducs constituent l’un des plus beaux exemples du génie civil des Romains.